Le passage d’une République à l’autre représente toujours une étape clé pour une nation. Il doit être motivé et expliqué. Puis soumis à l’analyse des différentes ailes politiques et au peuple—premier concerné. Ce que Ouattara—ce “hold-uppeur” électoral refuse d’entendre.
Pourtant, la responsabilité des autorités “responsables” est de souhaiter qu’un débat à la fois plus large et plus approfondi s’engage sur l’avenir de la nation associant toutes les parties intéressées. Les parlements “démocratiques” ont alors un rôle fondamental dans l’architecture d’un tel projet de Constitution. En retenant cette démarche, les autorités reconnaissent la nécessité d’améliorer et d’assurer en permanence la légitimité démocratique et la transparence de la nation et de ses institutions, afin de les rapprocher des citoyens.
Le hold-up constitutionnel de Ouattara opéré le Mercredi 5 Octobre 2016, ne devrait ni étonner ni surprendre les psycho-politologues avisés. Aussi, ceux qui ont une connaissance des origines politiques de Ouattara et de ses ramifications avec l’extérieur ne devraient pas non plus s’interroger sur ce banditisme constitutionnel. Ouattara n’est pas un homme à débattre. On comprend aisément pourquoi il veut imposer aux Ivoiriens, une Constitution qui s’est faite par “le haut.” Mieux, dans l’intimité de ses relations avec ses maîtres. “Adeptes” de la démocratie qui n’ont toujours rien trouvé d’anormal ni dans le processus d’imposition de cette Constitution au peuple, ni dans son contenu “confligène.”
L’absence de consultation populaire par voie d’expression-débat, avant proposition de l’avant-projet de constitution à l’Assemblée rattrapée, d’une part, et la non-prise en compte des exigences des partis de l’opposition dans cette première mouture, d’autre part, constituent un véritable obstacle à un processus d’“Ivoiriennisation” de la Constitution qui répondrait aux attentes nationales.
L’existence d’un clivage politique fort qui traverse les partis traditionnellement acquis à Ouattara, les expressions comme “Ouattara viole la séparation des pouvoirs” selon son premier allié du PDCI, ou “c’est un recul de la démocratie” pour l’UDPCI l’un de ses seconds couteaux, expliquent aussi en partie la non-adhésion du sommet au projet pirate de Ouattara. Mais surtout la porte close par ce dernier à l’expression d’opinions contraires. Pourtant, même si les débats pouvaient parfois être vifs au sein des opinions publiques et des représentations politiques ou des organisations locales, ils pouvaient aider à élaguer cette constitution et lui donner un fond consensuel.
Malheureusement, Ouattara ne s’est pas interrogé sur le rapport qu’entretiennent les Ivoiriens avec “son” projet de Constitution. En d’autres termes, il ne se pose aucune question sur l’existence de l’opinion publique Ivoirienne. Ce chiffon qui déchire son camp, peut brûler le pays. Ce qui compte, ce sont ses ambitions personnelles. “Sa” constitution apparaît donc comme la plus conflictuelle des textes fondamentaux que les Ivoiriens aient jamais eus.
Déjà, outre les articles à conflit comme le 177, la carence d’information des citoyens sur le contenu du projet met en doute l’article 50 de cet avant-projet qui stipule entre autre que “la souveraineté appartient au peuple.” Avec quelqu’un d’autre, oui. Mais pas avec ce rebelle-aux-lois.
En fait, dans un contexte où le déficit démocratique du régime du Rattrapage ethnique est souvent pointé du doigt localement. Puis, depuis quelques années par ses soutiens extérieurs, le recours à une harmonisation des opinions avant la proposition de son projet à l’Assemblée, ensuite, sa ratification par voie référendaire, aurait constitué une première dans l’histoire personnelle de Ouattara toujours en porte-à-faux avec les lois.
Heureusement pour ceux qui n’ont jamais vendu cher l’honnêteté de cet homme, ni sa qualité d’homme politique rassembleur, et encore sa capacité intellectuelle d’analyses. Ils peuvent encore affirmer haut leur sentiment sur le déficit démocratique de Ouattara. Car, Jamais un projet ou l’adoption d’une constitution en Côte d’Ivoire n’avait donné lieu à un tel exercice anti-démocratique.
Dr Feumba Samen
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