2010 : le peuple ivoirien s’est enfin résolu à tourner la page de la guerre civile que lui ont imposée depuis 2001, Alassane Ouattara, Guillaume Soro et leurs alliés occidentaux et la très obséquieuse et si malléable Onu, toujours disposée à ramper devant les grandes puissances de ce monde, dont elle entérine les décisions les plus abjectes comme un bambin se résout à avaler une potion amère pour ne pas déchaîner le courroux d’un père fouettard.
Le peuple ivoirien disions-nous, a décidé de départager par la voix des urnes, les principaux protagonistes d’une crise politique qui n’a que trop duré. Or pour arriver aux urnes, il faut bien que les impétrants à la fonction présidentielle battent la campagne pour y battre campagne. Un jour de campagne électorale donc, Alassane Ouattara qui s’est mis dans la peau d’un grandiloquent donneur de leçons, à ces mots d’une irresponsable vilénie à l’intention de son adversaire, Laurent Gbagbo :
« Quand on est incapable de gérer le pays, on quitte le pouvoir…Quand on a échoué, on quitte le pouvoir… Quand on n’a pas ramené la paix dans son pays, on quitte le pouvoir …». – Dramane Alassane Ouattara
Evidemment, ces leçons de gouvernement des hommes et des choses des hommes ne trompent pas ceux qui connaissent ce pouvoiriste quasi atavique et presque pathologique. Mais ses partisans, un tantinet benêts sur les bords, applaudissent à se rompre poignets et phalanges. Puis l’élection a lieu et le PRESIDENT-ALASSANE-DRAMANE-OUATTARA (PRADO) est élu par … chaos comme on n’a plus besoins de vous faire le dessin. Ou plutôt le dessein ! En 2017, six années ont passé, depuis sa spectaculaire prise de pouvoir, et personne, ni en Côte d’Ivoire, n’a idée de ce qu’il a réussi à réaliser pour se maintenir si longtemps au pouvoir. Au point même de s’offrir un deuxième mandat qui court depuis deux ans déjà. Ou plutôt, si ! Tenez donc :
Les grèves et autres mutineries sont devenus un apanage éburnéen dont son régime peut se prévaloir aujourd’hui toute honte bue. La mévente du cacao, les affrontements ethniques, les pénuries d’eau et d’électricité sont aussi autant de sublimes réalisations à mettre à son actif que les arrestations des opposants accompagnées de procès en sorcellerie conclues par des verdicts-spectacle ! Il faut ajouter « le rattrapage ethnique » qui a permis au président de remplacer à presque tous les grands postes de responsabilités, ses compatriotes des autres ethnies par ses « frères » sénoufos, dioulas, malinkés et autres « gens du Nord » longtemps « victimes » de la « ségrégation » … « nationalitaire » ou « citoyennetaire ». C’est aux aurores mêmes du pouvoir Ouattara que la Côte d’Ivoire s’est piquée d’envie de foncer tête baissée vers l’instabilité socio-politico-économico-militaro-institutionnelle.
Là où Gbagbo invitait ses opposants fauteurs de guerre à rentrer au pays pour discuter avec lui de la meilleure façon de restaurer la paix, allant même jusqu’à leur rendre visite dans leurs domiciles respectifs, où il les gratifiait de son large sourire et de l’appellation de « grands frères » que ces suppôts du néocolonialisme pathologique ne méritaient pas. Sans oublier les dîners privés que le fils du sergent Koudou leur offrait en son palais au nom de la paix, Ouattara oppose la condescendance de l’arriviste et invoque les dieux de la vindicte judiciaire contre ceux qui l’ont ménagé hier, quand ils avaient toutes les raisons et tous les moyens du monde de lui rendre la vie misérable.
Pour avoir émietté et rendu plus instable et ingouvernable qu’à son tour une Côte d’Ivoire dont il était déjà le Plus Grand Diviseur Commun sous les régimes Bédié, Guei et Gbagbo, Ouattara aurait dû rendre son tablier depuis longtemps. Mais il n’est pas homme à prêcher par l’exemple. Il s’accroche. Tant pis si 8500 chasseurs de primes de rebelles qu’il avait recrutés pour chasser Gbagbo contre fortes récompenses en millions de CFA –une monnaie asservissante qu’il s’est du reste mis en tête de défendre bec et ongles-, peuvent se défouler en tirant à balles réelles sur les populations dont certaines sont décédés ces derniers jours … « des suites de colère des mutins » et d’autres grièvement blessées sans espoir de s’en remettre. Tant pis (again !) si les écoles peuvent rester fermées une semaine, voire plus, à la veille des examens officiels ; les banques et les commerces aussi, pour ne pas se faire vandaliser par des mutins mal éduqués contre lesquels on commet aujourd’hui une meute de scribouillards bienpensants, chargés de leur faire accroire que la Côte d’Ivoire a plus prioritaire à faire que de leur verser les 59 milliards du sang qu’ils revendiquent pour …sévices odieusement et effectivement rendus au pays.
La preuve en est que depuis hier, on parle du retour en casernes des mutins contre promesse de paiement à l’immédiat de 5 millions de primes à l’horreur que les survivants de l’autodafé historique de Duekoué, par exemple, n’oublieront jamais. Pas plus que ne l’oublieront les parents des récents morts de Bouaké.
Quand on a échoué comme Ouattara, on quitte le pouvoir !
Du coup, la leçon de conséquence hypocritement dispensée à Gbagbo par Ouattara lors de la campagne électorale en 2010 résonne comme une prémonition. Il s’adressait à lui-même : l’autocrate placé aux commandes des bords de la lagune Ebrié par Nicolas sarkozy en 2011 « est incapable de gérer le pays », il doit « quitter le pouvoir » ; il « a échoué » à ramener la paix et l’unité, facteur et vecteur essentiels du développement en Côte d’Ivoire, il doit « quitter le pouvoir » ; il n’a pas ramené la paix en Côte d’Ivoire où on ne sait pas combien de morts les mutins devront encore …tuer pour rentrer en possession de leurs deux millions restants –à supposer que leur soient effectivement versés les 5 millions mentionnés supra-. Pas plus qu’on ne sait à quelle sauce les Ivoiriens seront mangés quand les forces régulières décideront de rentrer dans la danse des revendications pour dire leur mot sur la précarité de leur traitement, rapporté au traitement princier des ex-rebelles, qui auront empoché, en plus de leurs soldes mensuels, des primes indues à hauteur de 12 millions de francs CFA.
Alors président Alassane Dramane Ouattara (PRADO), avec tous ces hauts faits scandaleux d’armes, on a toujours l’âme de ne pas se recommander à soi-même qu’on doit « quitter le pouvoir » ? Simple question de conscience.
Ndam Njoya Nzoméné
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