Et tout le pays, y compris toi-même, observe une omerta lourde et gênée sur leurs conditions de détention atroces, dénoncées tous les jours par le ONG qui vont les visiter.
Mr le Président et Cher Ainé,
Tout d’abord, j’espère, comme une grande majorité des Ivoiriens qui entretiendront toujours respect et considération pour celui que Félix Houphouët Boigny, la référence en terre ivoirienne, avait choisi pour poursuivre son œuvre de construction de ce pays et de sa nation, que votre santé est excellente, et que, pour le moral ou le mental, le granit du sphinx auquel l’on vous assimile est resté inaltérable.
Je viens ce jour vers vous non pas en tant que responsable politique, mais tout juste comme un citoyen ivoirien très ordinaire, que beaucoup de nos compatriotes n’hésitent pas à aborder dans la rue, lorsque certains sujets leur donnent beaucoup de préoccupations.
Je vais donc ce jour me faire la voix de ces nombreux Ivoiriennes et Ivoiriens, qui se demandent ce qu’il adviendra en ce pays, dans quelques semaines, lorsque le processus électoral présidentiel s’ouvrira et que la Commission Electorale Indépendante demandera aux postulants de déclarer leur candidature.
Cela risque de marquer l’entrée de notre pays dans une zone de grande turbulence eu égard à certains problèmes, déjà répertoriés et signalés de longue date, et face auxquels, hélas, il semble que le silence du mépris arrogant ait été la décision prise par ceux qui nous gouvernent.
Tout d’abord, il se pose le problème de la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI), où la prépondérance à tous les niveaux du Président de la République et de l’Exécutif est choquante jusqu’à la caricature.
Aller à des élections avec cette institution en son actuelle composition reviendrait à confier tout simplement les élections au Ministère de l’Intérieur et de l’Administration du Territoire, ce qui est contraire à l’esprit et à la lettre de notre constitution.
A ce niveau, force est d’interpeller le PDCI-RDA, le plus ancien parti politique de ce pays, et son Président que vous êtes, Cher Ainé Konan Bédié, car lorsque l’Assemblée Nationale a été saisie pour l’adoption de la loi fixant la composition de la CEI, le groupe parlementaire PDCI a eu une réaction de saine démocratie en refusant de l’accepter dans les termes proposés.
Tous les partis politiques vraiment démocratiques ont dénoncé ce texte, appuyés par l’ensemble de la société civile; Mais devant toute la nation ivoirienne, ébahie et indignée, c’est vous, Cher Ainé, Président du PDCI, qui avez ordonné à vos députés de se « coucher » et de voter ce texte hautement liberticide.
Les Ivoiriens me supplient de vous dire qu’il n’est pas tard, et, selon leur expression, « ce que l’homme fait, l’homme peut défaire ».
C’est la coalition politique RHDP qui est au pouvoir en Côte d’Ivoire, et vous en êtes le Président. Votre voix compte donc, et il ne fait aucun doute que votre “Cher Cadet“ vous gratifiera de toute sa bienveillante attention.
Toujours au compte de la CEI, personne, en Côte d’Ivoire, ni à l’extérieur, n’a pu comprendre la reconduction de son Président, Youssouf Bakayoko.
Tout le monde attendait, d’ailleurs – et continue d’espérer – qu’avant les élections, hanté lui – même par les élections de 2010 et la crise apocalyptique qui a suivi, le vrai « gentleman » et homme de grande culture et raffinement qu’il est renoncerait de lui-même à cette charge.
Nous ne voyons rien venir en ce sens, et, là encore, force est aux Ivoiriens d’interpeller l’ainé Konan Bédié, car en date du………………. , son Cher Cadet, Alassane Ouattara, a révélé publiquement, qu’en proposant Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI, il n’avait fait que suivre une proposition de son ainé.
Il se trouve que la CEI, d’abord par sa composition, et ensuite par la personne de son Président, constitue le premier et grand obstacle à la tenue d’élections normales, car de nombreux partis politiques et de nombreux citoyens risquent de ne pas se sentir concernés par cette élection, si ce nœud coulant leur restait imposé. Attention donc, danger, danger, danger !!!
Voici donc, cher Ainé, exposée, la première nouvelle que tous les Ivoiriens me chargent de venir te délivrer ici, au pays des blancs, ou ils espèrent bien sûr que ton séjour se passe dans les meilleurs conditions possibles.
La seconde nouvelle des Ivoiriens à leur illustre concitoyen séjournant en ce moment si loin d’eux concerne tout ce que, pèle mêle, l’on peut mettre dans le grand panier de la RECONCILIATION.
Ici, un simple constat est fait de tous et par tous, à savoir, cher Ainé, que ton valeureux Cadet ne donne pas du tout l’impression d’en faire une de ses préoccupations, et l’on se demande même, quelques fois, s’il n’y a pas chez lui une volonté cachée de régner ou de dominer par une terreur diffuse et permanente.
En effet, plus de quatre (04) ans après son installation au pouvoir, que lui apportent les centaines de détenus politiques ou militaires, souvent détenus de longue date sans jugement, pour avoir été assimilés au camp de l’ancien président ? Aucun citoyen de ce pays ne peut être à l’aise de lire dans les journaux que des personnalités comme Danon Djedje, Hubert Oulaye, Assoa Adou,………………… sont en détention, et que les jeunes Koua Justin et Dahi Nestor y sont également.
Dans ces conditions, comment ne pas comprendre le peu d’empressement de nombreux exilés au Ghana, au Liberia ou ailleurs, à rentrer au bercail ?
Et tout le pays, y compris toi-même, observe une omerta lourde et gênée sur leurs conditions de détention atroces, dénoncées tous les jours par le ONG qui vont les visiter.
Vraiment, pour ce problème de réconciliation, les Ivoiriens demandent au Grand ainé Bédié de s’impliquer beaucoup plus, de peser fort sur son cher Cadet, car envisager des élections saines impliquant et engageant tout le monde, ne peut se faire dans un tel climat de terreur.
La réalité aujourd’hui en Côte d’Ivoire, est que pour avoir été au départ habité du besoin « de faire payer » aux tenants de l’ancien pouvoir et à leurs partisans tout le chapelet de griefs accumulés depuis près d’une décennie , le nouveau pouvoir n’ait pas réalisé, à temps, qu’il laissait s’installer une division, une fracture, une sorte de juxtaposition, entre une Côte d’Ivoire “heureuse“ et en reconstruction, voyant poindre la fameuse « émergence 2020 », et qui est la seule que la télévision d’Etat projette et vend en exclusivité, et une autre Côte d’Ivoire, triste celle là qui n’y adhère pas du tout, se sent opprimée et rejetée, et est réduite à ruminer des sentiments qui ne peuvent être positifs pour la poursuite de l’édification d’une véritable nation ivoirienne.
Président Bédié et cher Ainé, les Ivoiriennes et Ivoiriens m’ont confié un dernier message pour toi, et ce dernier, ils l’ont fait avec beaucoup d’insistance.
Les Ivoiriens ont encore une fois interpellé le Président du RHDP, la coalition politique au pouvoir en Côte d’Ivoire, et m’ont dit comment ils ont vécu, le 25 juin 2015, la grandiose cérémonie d’investiture du candidat unique de ce bloc politique aux élections présidentielles de 2015. Ce candidat, le Président sortant Alassane Ouattara, que toi-même Konan Bédié a porté à ce jour là aux nues, apothéose de ton « Appel de Daoukro » de Septembre 2014, dans une liesse et des pas de danse qui resteront gravés dans les mémoires, se trouve hélas être le même individu, Alassane Ouattara, pour lequel en date du………………………..la Cour Suprême de la Côte d’Ivoire a rejeté l’éligibilité à l’élection présidentielle de 2000 pour un problème de nationalité. C’est même ce qui a valu que les accords de Pretoria – conclus essentiellement pour lui permettre d’être candidat à la présidentielle – aient demandé à Laurent Gbagbo de faire jouer l’article 48 de la Constitution Ivoirienne pour que tous les signataires des accords de Marcoussis et Kleber voient leur candidature acceptée, à titre exceptionnel, et pour la seule élection de sortie de crise, qui a eu lieu en 2010.
En d’autres termes, Cher ainé Konan Bédié, tu as toi-même investi candidat, le 25 juin 2015, un membre du RHDP dont la candidature ne peut être recevable, au regard de la constitution et de la loi électorale en Côte d’Ivoire.
La Côte d’ivoire, comme tout pays démocratique, a une constitution, et elle ne doit pas la violer. S’il y a un problème ou une situation politique ou sociale qui posent problème, on procède d’abord à une révision de la constitution. Or cela n’a pas été fait de 2011 à 2015, et les faits sont là, têtus : le RHDP se doit de proposer un autre candidat que Alassane Ouattara à la présidentielle 2015 !!!! Comment vas-tu faire, cher Ainé, alors que ton cadet est déjà en fin de campagne ?
Et pour ce sujet précis, les Ivoiriens te lancent un véritable cri de cœur, un S.O.S. même, car tous les problèmes que ce sujet pourra générer, depuis la date de dépôt des candidatures jusqu’à celle de publication des candidatures retenues, sans parler du déroulement normal des élections elles mêmes, de la proclamation de leur résultats et de leur acceptation de tous, tout cela pourrait constituer une période de grande incertitude, avec risque de troubles et violences.
Il faut donc que le Président du RHDP Konan Bédié, prenne lui-même ses responsabilités en regagnant la Côte d’Ivoire sans délai, pour étudier la situation ainsi crée avec tous les acteurs concernés de la chose publique.
Il avait été admis de retenir de Konan Bédié qu’il est ce Chef de l’Etat qui, en décembre 1999, a refusé de faire couler le sang Ivoirien en interdisant à la troupe de faire feu contre ceux qui menaçaient son pouvoir.
Le « Juste Juge » lui en a déjà certainement étudié la rétribution idoine.
Est-ce le même Konan Bédié qui va, indifférent, regarder le même pays et le même peuple, déraper en 2015 vers des horizons obscurs et pleins de menaces, peut être même pire qu’en 2010, alors que lui-même est totalement partie prenante et coresponsable de cette évolution des choses ?
Cela ne se peut pas. Le peuple de Cote d’Ivoire ne l’envisage même pas.
C’est pourquoi il se contente de te demander de revenir au pays toutes affaires cessantes. Pour anticiper, parler à tous, faire parler tout le monde, au pays du dialogue d’Houphouët.
Voici donc les dernières paroles des Ivoiriens, cher ainé Président Bédié, et merci de m’avoir honoré en m’écoutant.
Innocent Kobena Anaky
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