Contre leur rouge, il faut trouver notre couleur [Par Sénouvo Agbota ZINSOU]

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Ces gens se nourrissent du rouge, n’existent que par le rouge, provoquent le rouge, fabriquent le rouge, font couler le rouge, rouge rouge rouge…

Et vous savez de quel rouge je parle

Pas le rouge du vin dont certains se soulent

Mais le rouge du sang. Seul ce rouge les enivre, les enfièvre. Diablement !

Rouge le sang de vos vieux parents, nos vieux parents, de  vos frères,  nos frères, de vos sœurs, nos sœurs, de vos voisins, nos voisins, de vos prochains, nos prochains, de vos concitoyens, nos concitoyens, de vos enfants, nos enfants, de vos nourrissons, nos nourrissons

Ils s’en nourrissent, en nourrissent leur pouvoir, leur palais, s’en abreuvent, en étanchent  leur soif de puissance, de privilèges, de biens matériels

Rouge liquide  tout frais et tout chaud pour pétrir le mortier en vue de construire leurs châteaux au pays et hors du pays

Rouge pour tinter

 Imbiber de sang frais le tapis rouge que foule, l’air stupide,  d’un pas   cynique  et triomphal leur Champion

Rouge tachant lourdement  les chemises, les robes, les pagnes déchirés  des suppliciés

Rouges les mares, les lagunes, la mer dans lesquelles ils plongent, étouffent, noient leurs victimes

Rouges les tronches tranchées, les cous coupés, les bras et les pieds  charcutés sans pitié

Rouges les corps torturés,  blessés, endoloris, ensanglantés de la tête aux pieds mais qui bougent, remuent et même tentent de fuir devant soldats et miliciens spécialistes  bondissant d’un pays nommé Barbarie pour envahir hommes, femmes et enfants qui n’aspirent qu’à vivre comme des humains

Rouge des corps poignardés, tailladés, fusillés, bombardés, incendiés, brûlés, plongés dans l’obscurité des prisons

Rouge le calvaire sur tous les chemins des villes, des villages, des hameaux assiégés où  gisent et gémissent des lambeaux d’hommes et de femmes

Rouges les marchés, les places, les églises et les mosquées dévorés par les incendies, enveloppés de nuages de fumée

Rouge la chair écrasée sous les chars,  rouges boyaux jaillis des entrailles et broyés, comme les yeux hors des orbites, crevés rebondissant ballons de ping-pong

Rouges les viandes humaines étalées sur le sol  martelées, cloutées, électrocutées

Bouillie rouge

Faussement ils se revêtent de bleu et de blanc, de bleu nous faisant miroiter un ciel  de prospérité et de bien-être qui n’existe que pour eux, ciel étroit donc, aussi étroit que leur sens des valeurs humaines, le ventre ayant pris toute la place destinée à l’humanité

Blanc comme leur faux sourire, dents  d’enfer alignées  pour happer tout ce qui passe sous leurs yeux et nous attirer dans la gueule, le piège du diable. Alors, ils nous parlent de dialogue, de paix…

Le piège que depuis plus de cinquante ans ils tentent à chaque occasion de refermer violemment ou avec une fausse douceur sur un peuple orphelin de père Rouge bouillant à l’intérieur de leur ventre insatiable 

Rouge leur cœur de vraie haine du bien et rouges  leurs mains tendues de fausse réconciliation

Rouge quelles que soient les couleurs dont ils peignent les façades extérieures de leurs murs, la réalité intérieure profonde étant la même : la volonté farouche de recourir au rouge brûlant pour se maintenir au pouvoir

Rouge bouillant à l’intérieur de leur ventre insatiable

Rouge leur cœur de vraie haine du bien et de mains tendues de fausse réconciliation

La question dépasse celle du blanc ou du jaune d’œuf lancé contre un conférencier en mission de provocation déguisée et de constipation réelle par un discours qui  a sa source dans le sang versé, rouge ! Elle dépasse celle des oranges rongées de vers et des tomates rouges pourries et autres déchets éventuels qu’on leur jettera, les peintures de toutes les couleurs qu’on déversera sur eux, aujourd’hui ou demain comme armes à leur opposer pour arrêter le cours de leur rouge. Peut-on comparer peinturlurer et tuer ?

La question dépasse  même celle des  couleurs orange, pourpre, violette…de nos partis

Quelle couleur donnerez-vous pour racheter celle du sang d’un seul homme sacrifié au démon  tout rouge du pouvoir assassin qui nous opprime ?

Et vous, vous qui parlez si bien, direz-vous que ce rouge-là est bleu ou blanc, ou par un  de ces discours bien calculés  d’équilibriste,  dans lesquels vous excellez, nous ferez-vous croire qu’il est rouge mais que vous possédez la formule alchimique pour le transformer en blanc,

 Vous rendant  ainsi hypocritement corrects ou politiquement complices ?

Et  finalement finement médiocres !

Nous n’avons peut-être pas encore trouvé la couleur qui mettra fin à leur rouge, qui arrêtera leur rouge qui coule toujours.

 Le reconnaître est un pas important dans la lutte.

Sénouvo Agbota  ZINSOU

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