« Mais le « leader charismatique » est devenu un dealer corrompu bradant les intérêts supérieurs du peuple au pouvoir mafieux pour quelque lentille. Aujourd’hui, son parti a bouché sa cavité buccale et il ne parlera plus en son nom, même si le RPT continuera à entretenir l’ambiguïté. » Interview réalisée par Camus Ali
Lynx.info : Finalement Olympio a pris sur lui d’aller au gouvernement. Pourquoi le pouvoir le préfère à Jean-Pierre Fabre qui a participé aux élection du 4 mars 2010 ?Il faut se demander si le RPT calcule ses coups tordus avant de les poser. Si tel est le cas, ce parti est génialement machiavélique. Le RPT a compris que Gilchrist Olympio est affaibli au sein de son propre parti depuis son auto-élimination de la présidentielle du 4 mars 2010 par les artifices de sa maladie imaginaire alors qu’il était le candidat officiel désigné au titre de président national en exercice. Bien avant sa maladie diplomatique, le RPT a repéré les faiblesses lourdes de Gilchrist Olympio lors de leurs différentes rencontres officieuses à Paris, à Accra, à Lomé, à Rome à Abuja, etc. Pour le RPT, il est apparu clairement que Gilchrist Olympio est un homme qui est attiré plus par le pouvoir que par un quelconque changement politique. Il ne faut pas perdre de vue les gardes qui veillent sur l’ex-leader de l’UFC sont des agents de renseignements qui informent en haut lieu de ses faits et propos.
Il n’y a que Gilchrist Olympio, drapé dans ses boubous froufroutants à feindre de ne rien savoir. Aussi les interstices sont devenus des trous béants dans lesquels le RPT s’est engouffré sans aucune difficulté. Le RPT, dans ses approches, a compris que Gilchrist Olympio est un erpétiste convaincu dans l’âme qui s’est fourvoyé en allant créer l’UFC. L’entrée des partisans du Gilchrist Olympio dans le GLOC (Gouvernement de large ouverture et de compétences) est à cet égard un non-événement qui a le mérite de clarifier une situation qui tournait à la confusion totale. En fait, le RPT aurait préféré mille fois Jean-Pierre Fabre qui contrôle le parti, mais il s’est rendu qu’il est une forteresse pour le moment inexpugnable. Alors le pouvoir a beau jeu d’instrumentaliser l’écervelé président national pour détruire son propre parti afin qu’il n’y ait plus d’opposition du tout au Togo. Le but affiché par le RPT c’est bien cela : faire disparaître l’UFC, le noyer dans l’eau GLOC.
Glichrist Olympio qu’on pourrait surnommer Gilchrist Pinocchio (tant son nez s’allongeait démesurément au fur et à mesure qu’il mentait aux Togolais) y est allé avec ses talibans affamés, en fait des bras cassés en situation de précarité pécuniaire dans la diaspora, regroupés au sein du club AGO (Amis de Gilchrist Olympio). Donnons-nous rendez-vous dans quelques jours ou semaines pour évaluer leur capacité de résistance respiratoire aux tonnes de CO² qu’émettra le GLOC, cette véritable chambre à gaz pour l’immense majorité de Togolais. On saura alors si ces AGO ont l’ago (foi) solide face au RPT comme ils le font accroire.
Lynx.info : Mais Olympio parle au nom de l’UFC…
C’est le genre même de confusion que Gilchrist Pinocchio ou Olympio et le RPT veulent semer dans les esprits. Il est possible que malgré son exclusion temporaire de l’UFC prononcée par son Bureau national en date du 28 mai dernier, cette confusion continue à être opératoire. Il faut préciser un fait d’importance : il y a longtemps que Gilchrist Pinocchio n’est plus en phase avec son propre parti. Sa rencontre avec Faure à Abjua le 25 avril 2005 a constitué une descente inexorable aux enfers de la rupture entre lui et son parti et les Togolais. Tout autiste qu’il est, il n’a jamais pris la peine d’évaluer les dégâts de ses rencontres, et le désamour entre lui et le peuple togolais s’est encore dilaté. Il n’a pas non plus tiré leçon de son caillassage le 17 avril dernier. Ses neurones sont si mal connectés qu’il est dans l’incapacité totale de voir où se trouve sa survie, et quand on n’a même pas l’instinct élémentaire de sa propre survie, comment vouloir gouverner et diriger un peuple? Gilchrist Pinocchio est largué depuis. C’est son parti, l’UFC, qui n’a pas eu le courage politique d’entériner cette rupture, car jusqu’à la veille de la présidentielle de mars 2010, le leader était adulé, une icône intouchable.
Mais le « leader charismatique » est devenu un dealer corrompu bradant les intérêts supérieurs du peuple au pouvoir mafieux pour quelque lentille. Aujourd’hui, son parti a bouché sa cavité buccale et il ne parlera plus en son nom, même si le RPT continuera à entretenir l’ambiguïté.
Lynx.info : Le RPT respectera t-il le pacte signé entre Gilchrist Olympio et le secretaire du RPT Solitoki Esso ce que Blaise compaoré n’a pas pu réussir avec l’APG ?
Douze accords ont jalonné depuis 1990 le parcours de la démocratisation chaotique au Togo, le RPT n’en a jamais respecté aucun. Rappelons-nous de Ouaga I, Ouaga II, Ouaga III, des 22 engagements, des accords-cadre de Lomé, de l’APG (ou Ouaga IV), etc. C’est avec la complicité de Blaise Compaoré, médiateur plus intéressé par le port de Lomé que par le règlement de la crise politique (dans son propre pays, la situation politique n’est pas du tout rose!) que ces accords sont signés et vite violés. La question très prosaïque mais pertinente qu’il faut se poser est de savoir si Gilchrist Olympio a bien lu les accords qu’il a signés et s’il sait de quoi il est question avec leurs implications. Connaissant personnellement sa fainéantise hymaléenne dissimulée sous une épaisse couche de mythes et de légendes, il est à parier que Gilchrist Olympio ne sait pas la teneur réelle du document qu’il a paraphé avec Tiburce S. Esso. Quand on a fini de lire ledit document, on pousse le même cri de rage et d’étonnement avec Kofi Yamgnane : « Tout ça pour ça !». La démocratisation au Togo a essoré et étripé une longue liste de noms allant des saints insoupçonnables à des « podocrates » voyous. La démocratisation a taillé à tous ces braves messieurs un nez : le nez de Pinocchio reconnaissable à mille lieues à la ronde.
Merci Mr Toulabor
Merci à vous, la lutte doit continuer de plus belle!
Bordeaux, le 1er juin 2010