CHRONIQUE DES VEILLES VIII : Hommage à Tavio, Atidépé, Djobo, Agbobli aux morts et aux vivants qui se sont dévoués, sacrifiés à la mère Patrie*. Roro a l’bonheur.
Abobo ! Abobo ho o o !
Mi kpa abobo, po gakokoe tingo! tingo !
(En attendant le Beau, Sénouvo Agbota ZINSOU)
« La multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre »
(Lettre à Ménécée, Épicure)
Roro a l’bonheur
Roro aime la vie ; c’est connu.
L’autre soir à la terrasse d’un café ; dans les brumes sèches qui nous chatouillent les sens ; Au milieu des visages rigolards et d’autres froncés ; sous les regards éméchés, tous semblables ; il m’a encore dit : « Putain de merde, j’ai eu ma part de peur mais surtout de… bonheur » ; Il était heureux mon Roro !
Encore un autre soir. Juste sept soirs après l’autre soir ; la femme à lui ; celle dont on disait qu’elle avait au milieu de la frimousse un gros grain de café qui se fend en luminescents sourires ; la femme de Roro, belle aube d’été, m’annonça toute tremblante, les dents serrées :
« Roro a brisé ma pipe ; pardon, a cassé la pipe. N’est ce pas malheureux ça ? Tant d’choses à corriger dans ce foutu monde où lui, vlan ! m’abandonne. Il s’en est allé, mon ilot de résilience, dans ce monde de bête routine où « tout l’monde est là, dessus les va et vient »**.
De petites vies que nous agrandissons selon nos angles de vue, que nous distribuons, écourtons et assassinons, que nous corrigeons et reformons*** ad aeternam ;
Puis vient la mort et caetera desunt.
Gomalex Anani Logo, Paris, 10 juillet 2016,
* Je reviendrai dans une réflexion pour montrer que la confusion autour de ce concept est une des raisons de nos errements politiques.
** traduction littérale de nos langues qui rend mieux le sens qu’on peut résumer néanmoins ainsi : « ça stagne partout et de partout»
*** Les réformes politiques ne doivent plus servir de prétextes à des empoignades puériles ou à des postures alimentaires. On peut être du parti Unir et être un Intellectuel réformateur. On peut être de l’opposition et être un goujat de la plus basse espèce. Le combat d’idée se passe de toute coloration politique. C’est ce que nous nommons « modernité ». Travailler dans la fonction publique n’est pas trahir et ne saurait être rédhibitoire.
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