Charlie Hebdo: les larmes de crocodile de Yayi Boni (zèle et hypocrisie)

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La question à se poser en fin de compte, est de savoir pourquoi tant de zèles du président Boni Yayi envers le président de l’ancienne colonie ?

Trop de voix se lèvent pour condamner le barbare d’attentat terroriste qui a décimé mercredi dernier l’hebdomadaire satyrique français Charlie Hebdo et dont le prolongement a encore fait des victimes vendredi.

Un acte de grande lâcheté qui a plongé par delà la France le monde entier, la presse et les défenseurs des libertés de pensée et d’expression, dans l’affliction. Mais autant que cet attentat, les voix hypocrites, manquant de sincérité doivent être également dénoncées et condamnées. Et c’est le cas pour le chef de l’Etat béninois, Boni Yayi, qui affiche un excès de zèle, une hypocrisie dans des actes visiblement souffrant d’une carence en sincérité.

L’excès de Zèle de Yayi

Tous les signaux sont verts pour conclure à un excès de zèle chez le président Boni Yayi qui apparemment voulait paraître plus sensible à l’ancienne métropole, que tous ses pairs africains et ouest africains. Après avoir présenté directement ses condoléances aux Français et au président français, François Hollande par une correspondance lue et abondamment rediffusée sur la chaîne publique par le secrétaire général de son gouvernement, le chef de l’Etat Boni Yayi a envoyé une délégation nombreuse dirigée par le ministre des Affaires étrangères pour présenter de nouveau, des compassions du gouvernement béninois au peuple français, ou du moins aux Français vivant au Bénin.

Et comme si cela ne suffisait pas, il a décrété une journée de deuil national au Bénin. Difficile de ne pas y voir un excès de zèle d’un président en difficulté chez lui avec l’atmosphère sociopolitique surchauffée dans son pays. C’est l’exemple typique des micro-présidents qui jonchent le continent noir. Il n’y a qu’à revenir sur la situation au Nigéria, grand voisin de l’est, première puissance économique africaine, qui tient le Bénin à plusieurs à niveaux pour constater que Yayi en fait de trop pour des raisons inavouées. Des dizaines de filles enlevées, des attentats tragiques et plus meurtriers que ce lui de Charlie Hebdo, à Abudja, Kano… durant 2014 où presque chaque mois des 12, charriait son lot d’afflictions pour le président nigérian Goodluck Jonathan et le peuple nigérian. Mais jamais Yayi n’a décrété de journée nationale de deuil. A peine en a-t-il parlé dans ses ennuyeux discours fourre-tout. La mémoire pourrait nous faillir. Mais pas d’actes aussi forts que ceux envers l’ancienne puissance coloniale.

Des larmes de crocodile

Pour comprendre en quoi le chef de l’Etat béninois verse des larmes de crocodile, il faut passer en revue les évènements d’obstruction à la liberté de pensée et d’expression sous son règne. Yayi, ne nous y trompons pas, ne peut jamais admettre avec lui, la liberté de ton caractéristique de l’hebdomadaire satyrique, Charlie Hebdo. Qu’il vous souvienne, la suppression du journal béninois « Le Béninois libéré », un organe, certes pas très catholique en matière de déontologie, mais moins virulent que Charlie Hebdo. On reprochait entre autre, à cet organe d’avoir titré que Yayi et certains présidents africains mal élus se sont retrouvés à Cotonou. L’Ortb, la chaîne de télévision publique est dite, pas à tort, « chaîne privée de Yayi » par des citoyens irrités de constater qu’il l’occupe sans partage. D’autres citoyens définissent l’Ortb comme l’«Office de radio et télévision de Boni ».

Dans le milieu des média béninois, le président est accusé d’instrumentaliser à son profit, la Haac, l’organe de régulation des média au Bénin. Le dernier acte qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est la décision qu’a prise unilatéralement le nouveau président de la Haac qu’il a nommé. Celui-ci a convoqué les responsables de certains organes ayant commenté des propos du chef de l’Etat pour s’expliquer sous peine de sanction sans oublier que de nombreuses sanctions liberticides ont été prises contre des canards du pays qui gêne le pouvoir Yayi. La question à se poser en fin de compte, est de savoir pourquoi tant de zèles du président Boni Yayi envers le président de l’ancienne colonie ?

Olivier Ribouis

http://www.lanouvelletribune.

 

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