Cassez, Gbagbo… et les autres : citoyens français et doubles standards

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Florence Cassez est libre. Cette citoyenne française accusée d’être membre d’un gang criminel au Mexique, et condamnée à purger une peine de prison de 60 ans pour « enlèvement, séquestration, délinquance organisée et détention d’armes à feu et de munitions à usage exclusif des forces armées ». Sans rentrer dans les détails, le fait est qu’après être restée 7 années en prison et après la décision récente de la Cour Suprême du Mexique, elle est dorénavant libre (probablement grâce à un « arrangement » entre les dirigeants français et mexicains), au grand dam des plaignants mexicains.

Les médias français ont beaucoup insisté sur le calvaire enduré par Florence Cassez durant cette période. Il faut dire qu’à son arrivée à Paris, elle ne semblait pas porter sur son visage les stigmates de son calvaire. Mais peu importe, ceci est une autre histoire. De plus, à son retour en France, elle a été accueillie personnellement sur le tarmac par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius…  La diplomatie française défend ses citoyens partout dans le monde, même ceux qui ont très probablement commis des crimes, y compris les plus graves… Sauf que tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

Au même moment, Michel Gbagbo, qui possède également la citoyenneté française, est emprisonné, depuis avril 2011, dans un camp de concentration en Côte d’Ivoire par le régime fantoche d’Alassane Ouattara. Même les délégations des Nations Unies (ONUCI) qui ont visité le lieu de détention, ont « constaté que les prisonniers étaient victimes de mauvais traitements et vivaient dans « des conditions inhumaines et dégradantes ».

Pourtant la France ne fait pas grand’chose pour que son ressortissant soit libéré. Comme le confirme la mère de Michel Gbagbo, madame Jacqueline Chamois, jointe au téléphone par La Voix de la Russie : « Après son enlèvement et sa mise en détention, le ministère français des Affaires étrangères m’a reçue avec notre avocate, maître Habiba Touré, et a garanti que Michel bénéficierait de toute l’aide consulaire nécessaire. Certes, il a effectivement reçu la visite de représentants de l’ambassade, mais depuis peu de démarches concrètesont été réellement entreprises. Aux dernières nouvelles, mon fils se trouverait à Bouna [dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, ndlr], pourtant ces informations ne sont pas confirmées et plusieurs rumeurs circulent. Concernant la date éventuelle de son procès, nous n’avons aucune nouvelle ».

Évidemment, on peut s’interroger sur les motifs de cette attitude des autorités françaises. La raison est probablement simple: Michel Gbagbo (photo ci-contre) est le fils de Laurent Gbagbo, leader africain qui a osé défier la métropole coloniale française et son engagement politique n’est pas « conforme » aux projets néo-coloniaux de l’Etat français.

Deux poids, deux mesures ? Apparemment, c’est bien le cas. Si les dirigeants français continuent dans ce sens, à savoir défendre ceux ou celles qui les arrangent (même si ce sont les pirescriminels), et laisser croupir en détention sans aucun fondement ni jugement d’autres individus simplement pour leurs convictions ou leurs liens avec des personnes qui ne sont pas « conformes » aux intérêts de ces mêmes dirigeants, alors il ne faudra pas s’étonner si des symboles de la France comme Depardieu, mais aussi de simples citoyens français, quittent leur pays pour chercher le bonheur ailleurs…

Gérard Depardieu peut évidemment être considéré comme« un cas à part », mais là n’est pas la question. Chacun peut avoir ses propres raisons pour décider de partir.

Les cas sont bien différents. Quoiqu’il en soit, une chose est sûre : un pays qui fait le tri entre les compatriotes qu’il convient ou non de défendre à l’étranger ne doit pas s’étonner qu’un jour ou l’autre ses citoyens se retrouvent subitement dotés de passeports d’autres États.

Car opter pour la défense de membres de gangs et de réseaux criminels, et faire la sourde oreille face à la détention arbitraire de ceux dont la seule faute réside dans le fait que leurs convictions, ainsi que celles de leurs proches ou de leurs amis, n’ont pas l’heur de plaire aux gouvernants, est particulièrement malsain. Un pays qui met ses propres ressortissants en danger et ne s’intéresse même pas à l’opinion de ses concitoyens vivant dans les pays concernés (notamment dans de nombreux pays d’Afrique) montre qu’il est tombé bien bas.

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

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