Incursion dans deux réseaux 2.0 de proxénètes. «Tu seras prête dans 30 min ? Il faut te dépêcher, le client-là n’aime pas attendre » dit l’interlocuteur au bout du fil. Son téléphone dernier cri à la main, Arlette, 25 ans, se met à paniquer. En 30 min, il lui faut trouver le moyen de terminer la coiffure que l’esthéticienne vient à peine de débuter, de prendre une douche, changer de tenue et rafraichir son maquillage.
A chaque fois qu’elle reçoit ce genre d’appel, l’étudiante doit être rapide car elle sait qu’à la clé il y a une centaine de billets de banque qui l’attendent. Heureusement, dans son sac fourre-tout, elle traine toujours une tenue de rechange. En quelques minutes, le salon de coiffure devient une salle de bain. A la poubelle le jeans délavé qu’elle portait en entrant dans l’institut de beauté, c’est vêtue d’une robe milongue bleue qui lui moule le corps qu’elle en ressort. A l’aide d’une perruque noire et assez imposante, elle réussit à cacher sa tête à moitié coiffée.
Un pschitt de parfum par ci, un autre par-là, elle est prête. Juste à temps pour le deuxième coup de fil de son « patron ». Et voilà que son téléphone sonne. « Oui, je suis prête. Tu dis que je te retrouve où ? » Questionne-t-elle. Le rendezvous est pris pour 20h pile dans un restaurant huppé de Yaoundé. Un endroit qu’Arlette connait bien ; la plupart de ses entretiens s’y passent. Le personnel y est sympathique la traite de façon particulière, vu tous les pour boire qu’elle leur laisse gracieusement à chacun de ses passages. Au pas de course, elle rejoint son interlocuteur d’il y a trente minutes, lui fait la bise, et s’empresse de faire la bise aussi au monsieur assis à côté de lui.
Les présentations sont vite faites. Sous le regard bienveillant de son mentor, Arlette fait tout pour que « le client » n’en ai que pour elle. Regards langoureux, mèches sur le côté, petites caresses savamment placées, elle réussit à captiver l’attention la personne d’en face. La conversation va dans tous les sens : politique, football, société, les femmes et leur amour pour l’argent. En moins d’une heure, on dirait que les deux se connaissent depuis bien longtemps. Discrètement, le boss d’Arlette se retire, prétextant un appel urgent. Du clin de l’oeil, il lui fait signe pour qu’elle se rapproche du client.
D’une manière naturelle, elle change de chaise, prend celle à côté du monsieur. Cette fois, c’est lancé ! Sous la table, elle joue de ses mains et lui caresse de temps à autre la jambe tout en lui parlant. Tout sourire, le client parait décontenancé. Timidement, il essaye d’introduire « le sujet ». « Alors tu es d’accord pour qu’on passe la nuit ensemble ? », demande t’il. « Ca va te couter cher », rétorque t’elle, étouffant un rire presqu’aussi naturel que ses faux ongles rouges. Après un repas payé plus de 30.000 F.Cfa, et des civilités auprès du mentor, Arlette et son client du jour s’en vont dans le même véhicule, un Prado plus qu’imposant.
Casting sur les réseaux sociaux
Alors que son opération de la soirée est réglée, le mentor, Raoul, 29 ans lui continue sa soiré en boite de nuit. Des filles comme Arlette, il en a près de cinquante sous le coude. Un véritable harem. Quand on lui demande comment il les recrute, cela l’amuse. « Déjà ce ne sont pas mes employées, nous sommes des partenaires. Je leur trouve des clients et elles me reversent un pourcentage selon ce qu’elles ont eu après leur prestation », explique-t-il. 237online.com Ses partenaires sont installées principalement à Yaoundé et Douala. Le réseau s’étend tout de même en Europe avec des filles installées en France, en Belgique et Suisse, et depuis peu en Chine. « Avec ce travail, les filles ont des opportunités. A elles de savoir les saisir. La plupart des filles qui sont maintenant à l’extérieur, c’est grâce à la générosité d’un client qu’elles ont pu partir », ajoute-t-il. Comment s’est-il retrouvé à la tête d’un empire pareil ? Telle est la question. Le jeune homme aux airs faussement nonchalant s’amuse.
« Je me retrouve làdedans à tout hasard. Jusqu’à mes 26 ans je jouais au football à l’étranger. Ma dernière expérience était au Qatar. Je me suis blessé gravement au genou et, on ne trouvait pas de solution. Malgré les opérations, les massages, rien n’y fait. Mon genou n’a pas guérit. J’ai toujours été entouré de jolies femmes, elles aiment ma compagnie. Et les autres joueurs de foot me demandaient d’établir une connexion avec elles, parce qu’ils étaient trop timides. J’ai commencé à leur demander de payer mes services, en blaguant. Quand je me suis rendu compte qu’ils étaient vraiment prêts à le faire, j’ai pris cela au sérieux. Le bouche à oreilles a beaucoup aidé dans cette affaire. A mon retour au Cameroun, des amies des filles que j’avais au Qatar étaient déjà au courant de mes activités et voulaient travailler avec moi. Pour les clients, j’ai fait jouer les connexions que j’avais. Les directeurs de société, les hommes d’affaires, les joueurs de football, etc… ont toujours été ma cible », raconte Raoul.
Plus le réseau prend de l’ampleur, plus il faut être sélectif. Pour se faire, Raoul choisit la crème de la crème. Bien qu’il veuille des filles de tous les genres, il ne lésine pas sur certains critères : la fille doit être propre, ne pas avoir de boutons, être éloquente, et s’épiler les parties génitales très souvent, mais surtout être ouverte d’esprit et coquine. Pour les choisir, il procède à un « casting » par téléphone puis physiquement.
Très souvent, ce sont les filles qui viennent à lui. Dans ce cas, elles lui envoient des photos d’elles via whatsapp. Une entière où elles sont toutes nues, une « normale », et une autre seulement de leur sexe. Passé cette étape, Raoul et elles doivent convenir d’un rendez- vous. Celui-ci se passe très souvent chez lui. Lors de cette entrevue, il essaye de connaitre rapidement sa nouvelle recrue.
Il lui pose des questions, essaye de savoir si elle est consciente de ce dans quoi elle se lance, les raisons pour lesquelles elle le fait. Ensuite, elle doit se déshabiller face à lui pour qu’il juge mieux de « la marchandise », et très souvent il finit par coucher avec elle, car il « ne peut pas présenter un produit qu’il ne connait pas complètement », dit-il en riant. 237online.com La suite de leur contrat est principalement établie sur la base des performances de la fille durant l’acte sexuel. « On a beau dire ce qu’on veut, leur premier rôle est de savoir faire l’amour », martèle l’ancien footballeur.
Mais, il avoue avoir à faire à des dilemmes des fois : « tu peux te retrouver face à une fille qui a l’air timide, ne t’attire pas physiquement mais qui se révèle être une tigresse au lit, et là tu mets tout en oeuvre pour qu’elle gagne plus confiance en elle. Ou alors, tu peux avoir une fille très jolie mais qui est ennuyeuse une fois que vous vous retrouvez dans la chambre. Ce genre de filles, je les place chez des clients qui veulent juste des filles quand ils se sentent seuls ».
Des prestations allant jusqu’au million
Son armée derrière lui, c’est une vie de château que Raoul vit. Appartement dans un quartier « de riches », équipé d’appareils derniers cris, voiture tape à l’oeil, voyages à l’étranger de façon fréquente, etc… Pareil pour Sammy, un autre « mentor ». A presque 40 ans, il passe pour un homme quelconque de son âge. Fonctionnaire en temps normal, ses journées sont ponctuées de tours au bureau et de buvettes avec ses collègues.
Seulement quelques-uns savent qu’en dehors de son emploi il possède d’autres revenus, plus importants. Ceci expliquerait mieux les montres extravagantes qu’il arbore chaque jour, ou encore les voitures qu’il change très souvent prétextant des pannes ou une envie de nouveauté. Sammy, à la différence de Raoul possède beaucoup moins de partenaires. La dizaine de filles qui constituent son harem est minutieusement choisie néanmoins. La quasi-totalité est d’origine métissée.
Raison : « les métisse et les filles claires de peau rapportent plus, surtout au Cameroun », nous dit-il. En effet, il révèle que si les clients sont prêts à dépenser entre 50 et 100.000 Fcfa pour une prestation normale, ils sont prêts à doubler le prix pour une fille métisse. Les filles claires de peau attirent plus facilement l’attention. « Ne me demandez pas pourquoi, mais c’est comme çà. Une fille noire peut être très jolie, mais mes clients dépenseront difficilement autant sur elles qu’ils le feront sur des filles claires », explique-t-il. De ce fait, beaucoup de ces filles ont recours à des produits éclaircissants « pour mieux passer sur le marché ».
Autre détail, plus la fille est vicieuse, plus est gagnera de l’argent. Sodomie, jeux sexuels, jeux de rôles, etc… rapportent toujours plus. Mais, le summum est sans aucun doute la partouze. « Avoir deux ou trois filles pour eux tout seul est le fantasme de beaucoup de mes clients », révèle Raoul. Pour réaliser leur fantasme, ces clients mettent le paquet. Pour deux filles à la peau foncée, il faut compter dans les 200.000 F.cfa pour une heure ou un peu plus, des filles claires iront jusqu’à 350.000, des métisses dans les 500.000 voire plus. Le prix comprend aussi des attouchements entre les deux filles.
De quoi faire monter la température. Il arrive que des clients devenus fidèles s’entichent d’une des recrues des « proxénètes ». Dans ces cas, ils leur font visiter le monde entier. « Récemment encore, un homme d’affaires a emmené une de mes filles à Dubaï pour une semaine. Elle m’a juste fait un transfert d’argent pour me remercier, je ne lui avais rien demandé », raconte Sammy. Raoul lui évoque des histoires d’amour qui sont nées dans ce cadre. Et si certains sont réticents face à ce genre de femmes, lui, préfère « épouser une prostituée qu’il connait plutôt qu’une Sainte nitouche qui lui montrera de toutes les couleurs plus tard ». Parole de mentor !
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