Entre l’écrivaine française d’origine camerounaise, Calixthe Beyala, et Alassane Ouattara, c’est la guerre ouverte. Il y a quelques semaines, le parquet d’Abidjan-Plateau, qui s’est spécialisé dans le harcèlement des partisans de Laurent Gbagbo, a délivré un mandat d’arrêt contre Calixthe Beyala accusée de blanchiment d’argent. La réponse de l’écrivaine franco-camerounaise ne s’était pas fait attendre. Elle indiqua sur les ondes des médias français que M. Ouattara ne l’aime pas parce qu’elle dénonce quotidiennement ses pratiques anti-démocratiques.
Mais, M. Ouattara et ses soutiens ne s’arrêtent pas à traquer l’écrivaine au plan judiciaire. Ils sont également très actifs surs les réseaux sociaux notamment sur facebook où elle est quotidiennement l’objet d’agressions de toutes sortes. Et comme Calixthe Beyala n’est pas du genre à se laisser faire, elle réplique régulièrement avec l’arme qu’elle sait le plus manier : la langue de Molière. Voici l’une de ses cinglantes répliques postée sur son mur, mercredi dernier: «Les pro-Ouattara viennent sur cette page m’insulter de tous les noms d’oiseaux inconnus ; c’est extraordinaire combien ce qu’ils nomment une pute, une plagiaire peut autant les déranger ! Ils disent que je suis nulle, j’accepte ; ils disent que je suis une plagiaire, j’accepte ! Ils disent que je suis une voleuse, j’accepte ! Ils disent, ils disent, j’accepte! Mais voilà, malgré tout, je suis connue universellement. Mes livres sont étudiés dans les plus grandes universités, traduits dans plus de trente langues! J’ai été lauréate des plus grands prix du monde … Quelle est donc la différence essentielle entre Ouattara et moi ? Elle est dans une seule phrase : j’entre dans l’histoire avec mes livres et leurs scories ou qualités, lui rentre dans les poubelles de l’histoire avec ses crimes et tortures inhumaines.»
La veille, Calixthe Beyala expliquait clairement que si les médias français ne parlent pas beaucoup des cas libyen et ivoirien, c’est parce que la France est gênée de constater la dérive qui a cours en Côte d’Ivoire notamment après avoir soutenu l’installation du nouveau régime en croyant naïvement que M. Ouattara était un démocrate. Une façon de dire à M. Ouattara qu’il se trompe lourdement en se vantant d’avoir toute la presse française dans sa poche. Car, à ses yeux, Ouattara ne pèse pas grand-chose en France. «Vous allez demeurer éternellement pour la République, un gentil collabo, celui qui laisse piller son pays en échange d’un lit à baldaquin », tranche-t-elle. Calixthe Beyala reçoit aujourd’hui-même à Yaoundé,capitale du Cameroun, le «Njawe panafrican prize» qui récompense une personnalité s’étant illustrée de façon singulière dans la lutte pour les droits de l’Afrique et des Africains dans son pays ou à travers le monde.
Augustin Kouyo