Brésil : l’ex-président Lula placé en garde à vue

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L’enquête sur un scandale de corruption autour de l’entreprise Petrobras, qui agite le pays depuis deux ans, a mené les enquêteurs chez l’ancien président vendredi.

L’enquête policière qui agite le monde politique et économique brésilien depuis mars 2014 semble bien porter son surnom de «Lava Jato» (lavage automatique, NDLR). Après les soupçons à l’encontre de l’ancien président du Sénat et de l’ancien président du Parlement, c’est l’ex-chef de l’État qui est dans la ligne de mire des enquêteurs brésiliens. Lula a été interpellé et mis en garde à vue ce vendredi par la police fédérale qui avait confirmé dans la matinée que 33 mandats de perquisitions et 11 mandats de détentions avaient été autorisés dans trois États dans le cadre de l’enquête «Lavage de voiture anti-corruption», dont deux mandats à Sao Bernardo do Campo, la ville de résidence de l’ex-président travailliste aux environs de São Paulo. «Il y a des preuves selon lesquelles l’ex-président Lula a reçu de l’argent du réseau Petrobras par le biais de la restauration d’un appartement triplex et d’une maison de campagne à Atibaia», affirme le parquet.

Cette garde à vue intervient au lendemain d’une avalanche d’accusations de corruption dans le scandale Petrobras avec la déclaration d’un sénateur, selon la presse, impliquant la présidente Dilma Rousseff, successeur de Lula.

«La police fédérale mène des fouilles et perquisitions chez lui, à l’Institut Lula et chez plusieurs de ses collabrateurs et membres de sa famille», a déclare José Chrispiniano, attaché de presse de l’ancien président Lula et de la fondation qui porte son nom. Pour ce proche de l’ex-président, cette détention est «une agression contre l’état de droit et la société brésilienne». Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil de 2003 à 2010, est soupçonné d’avoir profité de «cadeaux» de la part d’entreprises du BTP au cours de son mandat, il aurait aussi participé à du blanchiment d’argent et bénéficié de ces manoeuvres de corruption, notamment grâce à une réforme sur les maisons de vacances, selon une source policière. Le procureur, Carlos Fernando dos Santos Lima, déclare que Lula a reçu «beaucoup de faveur d’entreprises corrompues», ajoutant qu’ environ «30 millions de reals (huit millions de dollars, NDLR) sous forme de dons et pour des conférences ont été versés par les grandes entreprises de BTP» .«Les faveurs sont nombreuses et difficiles à quantifier», a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.

Fondateur du Parti des travailleurs (PT), l’ex-président n’est pas en odeur de sainteté dans sa propre région où l’on taggue sur les routes qui environnent sa demeure «Résidence de Lula le bandit» ou «Lula en prison». Au moment de l’interpellation de Lula, des manifestants, en chemises rouges, sont venus aux alentours de sa maison de São Paulo scander des chants et des insultes contre l’ex-leader travailliste. Ils ont rapidement été écartés par les officiers de police.
L’enquête, débutée il y a deux ans, avait démontré qu’un nombre important d’investissements de l’entreprise Petrobras étaient surfacturés. Les fournisseurs s’organisaient pour se partager les marchés, faisant ainsi augmenter les montants des ouvrages pour verser des pots-de-vin à leurs interlocuteurs au sein même de l’entreprise. Selon les enquêteurs, les commissions clandestines seraient évaluées entre 1 % à 3 % du montant originel des contrats, totalisant près de 10 milliards de reals. Les hommes politiques d’au moins sept partis sont mis en cause ainsi que des membres du gouvernement de l’époque et de l’opposition.

Il y a un an, Paulo Roberto Costa, un ex-directeur de Petrobras, désigné comme la cheville ouvrière de ces financements secrets avait avoué que «ce qui s’était passé au sein de Petrobras se passait dans tout le Brésil. Pour les routes, les chemins de fer, les ports, les aéroports, les barrages, il suffit de se renseigner».

Amaury Peyrach
Lefigaro.fr

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