You never get a second chance to make a good first impression
« En ce qui nous concerne, pour la paix, la stabilité et la sérénité des prochaines élections soyez rassurés que les crises n’émaneront pas de nous » aurait dit Pascal Affi N’Guessan dans une information certainement distillée par l’AFP puisqu’elle contient immanquablement le crédo des 3000 morts de la crise post électorale, ces 3000 morts, vieille estimation française du printemps 2011, donnée à la louche, dont le chiffre n’a jamais été revu à la baisse ou à la hausse. Et pourtant, les chiffres citées par les ONG, et depuis peu les fuites échappées du rapport de la CDVR, jamais publié, ce chiffre (certainement encore en dessous de la vérité, car les familles ont peur et les exilés ne peuvent donner leurs chiffres) serait de quelques 16 000 morts recensés, mais la Commission aurait été interdite de sortir un chiffre supérieur aux 3000 morts, toujours évoqués, immuables, anonymes, figés, version moderne ivoirienne du Soldat Inconnu reposant à l’ombre de l’Arc de Triomphe.
Autrement dit, Affi donne des gages à la communauté internationale: il rappelle qu’il est prêt à jouer l’élève docile et malléable, qu’il reste redevable à Ouattara de sa gentillesse et de son humanité; c’est lui qui met en prison les uns, mais en fait sortir les autres. En l’occurrence, il est le sauveur de sa compagne Angéline Killy; alors que la justice indépendante sous Gbagbo l’avait condamnée à 20 de prison dans l’affaire du café cacao, Ouattara a ouvert la porte de sa cage, et l’oiseau a pu retrouver une liberté conditionnelle pour elle et son conjoint. Sa place, laissée vacante a été rapidement occupée par une foule d’opposants, juste incarcérés parce que soupçonnés d’avoir plus d’affinités avec Gbagbo qu’avec le favori de la communauté internationale. Alors, dans son discours, notre ancien premier ministre sous Gbagbo prend l’engagement de ne pas faire de vagues, « la crise ne passera pas par nous ». Il s’est bien gardé cette fois-ci d’évoquer son parti, le FPI pour lequel il roule officiellement, même si celui-ci l’a déposé entre temps sur le bas côté de la route!
Puisque les crises ne sauraient être causées par l’irénique Pascal Affi N’Guessan, mieux vaut pour lui ne pas s’engager pour « son » parti, le FPI qui aujourd’hui communiait avec la foule nombreuse venue place Ficgayo, et les six candidats à la Présidentielle (KKB absent s’est fait représenter), ainsi que tous les hommes et femmes de bonne volonté, en lien étroit avec les emprisonnés, -ceux qu’Ado croit libres et en exil !-, pour demander des élections transparentes avec une CEI revue et corrigée et des ajustements, « Si les choses claquent ici, ne dite pas que vous ne saviez pas » a prévenu Mamadou Koulibaly lors du meeting, parlant au nom de tous les orateurs et de tous les ivoiriens présents. A 18 jours du premier tour, on ne saurait encore perdre du temps!
Ne cherchez pas où étaient les quatre autres candidats, Ouattara, Affi, Henriette Lagou et Jacqueline Kouangoua: ils faisaient tout bonnement leur entrée au palais présidentiel pour signer le “code de bonne conduite”, -la mouture 2015 concoctée avec le concours bienveillant de l’Onuci-, et déja signé en 2010 par un certain Alassane Ouattara, l’ange du FMI, tombé tout droit d’un ciel voltaïque ou ivoirien selon la version, notre super héros allait sauver la Côte d’Ivoire grâce à son carnet d’adresses. Mais sa conduite sanguinaire lui a très vite raboté les ailes, et il n’en reste rien, si ce n’est un sur-vêtement ample blanc encore arboré quelque fois le vendredi, mais en dessous, la panoplie a viré rapidement au rouge sang, dès avant, pendant et après la signature. Rappelons-nous simplement l’embargo sur les médicaments qu’il avait obtenu, A travers ce geste dénué d’humanité et de compassion, il a perdu, sans espérance de retour, son auréole de sainteté et de bonne conduite, et ce ne sont pas les pauses piété de son épouse ou de saint Soro Guillaume, le nouveau mystique qui vont la ressusciter !
Je reprend l’extrait de ce code, mis en ligne par la présidence elle-même! – Extrait 1 du code de bonne conduite: “Nous nous engageons à soutenir la tenue déjà d’élections démocratiques, libres, ouvertes et transparentes organisées par la Commission Électorale Indépendante ( CEI)”. Extrait 2 du code en son Article 4: “Nous adhérons aux principes de la non violence et condamnons fermement le recours à celle-ci quelque soit sa forme, y compris l’intimidation, le vandalisme, les voies de fait et le désordre public. Nous nous engageons à faire preuve de retenue dans nos discours et nos écrits, dans nos attitudes et comportements. Nous nous engageons à respecter les opinions de chacun”. Nous n’évoquerons que les dernières intimidations faites aux journaux et journalistes par le CNP et les propos menaçants de Guillaume Soro pour affirmer que la nouvelle signature apposée par Ouattara à cet endroit est une forfaiture ! Que les trois autres candidats soient sincères, c’est possible, ils n’ont pas encore de sang sur les mains et n’ont pas encore exercé le pouvoir sous sa forme dictatoriale, mais ils ne sont là que pour tenir la traine du tyran-roi devenu brusquement démocrate pour raison de Com.
Nous ne savons pas de quoi seront faits les jours à venir, depuis des mois Ouattara s’arme et se réarme, des soldats sont appelés en renfort sur Abidjan, d’autres sont partis sur Bouaké, les Français aussi ont augmenté leurs troupes; il se raconte que Children of Africa est devenu pendant quelques heures « Machettes of Africa ». En effet, les enfants grandissant, les jouets-cadeaux sont remplacés par ces instruments coupants, instruments de travail de tous ces jeunes qui ont contribué à faire de Ouattara, l’homme qui transcende les promesses: 300 mille emplois de plus que le million promis ! La magie Ouattara a opéré, 30% d’emplois en plus, certainement en lien officiellement avec l’agriculture et les zones forestières, car beaucoup de ces nouveaux diplômés es violence pourront s’exercer à tailler, élaguer, couper, raccourcir! et comme le dit Didi, le fils de Wang dans Tintin et le Lotus Bleu, “Lao-Tzeu l’a dit : « Il faut trouver la voie ! » Moi je l’ai trouvée. Il faut donc que vous la trouviez aussi… Je vais d’abord vous couper la tête. Ensuite, vous trouverez la vérité!”
Ainsi, grâce à la nouvelle génération-machette, appelée « microbes » pour désigner les plus jeunes, avec Ado, les Ivoiriens connaitront la voie, encore mieux que par le passé !
Puissent les Abidjanais, qui se sont mobilisés en foule aujourd’hui, jour de semaine, et toute la Côte d’Ivoire en communion avec eux, refuser sans ambiguïté la nouvelle version Ado et trouver une nouvelle voie alternative, où le peuple et le bien du peuple auront la première place, où ses leaders seront sans crainte et refuseront d’avancer avec lui comme des moutons que l’on mène à l’abattoir, au lieu de le mener au vert pâturage. On ne peut plus permettre aux loups, à cette communauté internationale, d’assombrir encore et encore l’avenir des Ivoiriens en les maintenant dans la vallée de l’ombre et de la mort, grâce à la marionnette de leur choix.
Nous ne sommes plus qu’à 18 jours de la date retenue pour ces élections auxquelles personne n’est vraiment préparé. « Il est impératif que les élections se déroulent de façon pacifique, car violence et démocratie sont incompatibles » a fanfaronné le Pan Guillaume Soro aujourd’hui lors de la rentrée parlementaire. Mais comme la démocratie n’est pas au rendez-vous, ni hier, ni aujourd’hui et encore moins demain avec cette équipe, autant refuser ces élections; dans ce contexte encore plus trouble qu’en 2010, ce ne sont que violence assurée, surenchère ethno tribaliste téléguidée pour accuser le peuple en lieu et place des manipulateurs et des méchants, ceux qui voudraient tellement qu’on leur offre une nouvelle virginité, une nouvelle chance. Mais comme le dit le proverbe anglais, “You never get a second chance to make a good first impression” .
Si le Temps est l’autre nom de D.ieu, c’est justement que D.ieu est aux commandes, et l’horloge du Temps ne va pas s’arrêter, comme ne va pas s’arrêter la passion des Ivoiriens pour une terre d’Eburnie fraternelle à reconstruire, où il fera bon vivre, car les prédateurs et autre charognards auront été définitivement éloignés.
Shlomit Abel, 8 octobre 2015
{fcomment}