Présent hier, 23 mars 2017 en Côte d’Ivoire pour assister à la cérémonie Africa Emergence, le président Alpha Condé de la Guinée a prononcé un discours de rupture avec la France, l’ancienne puissance coloniale. Il a dénoncé le fonctionnement de l’Union Africaine, financée par l’UE, ce qui met à mal son indépendance, selon lui.
Il faut croire que l’idée selon laquelle les relations entre la France et l’Afrique doivent évoluer est partagée à tous les niveaux sur le continent. Si des intellectuels africains et activistes multiplient les occasions de dénoncer cette relation contraignante pour le continent africain, plusieurs chefs d’État cachent de moins en moins leur volonté de passer à autre chose. Le président Idriss Deby du Tchad est connu pour être opposé à la monnaie (le FCFA) utilisée par plusieurs pays africains.
On sait de puis hier, de façon très claire que son homologue guinéen Alpha Condé n’est pas non plus pour la poursuite des relations entre la France et l’Afrique sous l’actuelle forme. Il a déclaré « Coupons le cordon ombilical (avec l’ancienne puissance coloniale qui est la France, ndlr) et soyons africains ».
Le président de la Guinée s’est surtout montré très critique envers le fonctionnement de l’UA, une instance sous la domination de l’Union Européenne. « L’Union Africaine est financée par l’Union Européenne. C’est quelle indépendance ça… mais c’est en train de changer », a-t-il lancé avant d’être repris un peu plus tard par le président Alassane Ouattara.
Le président de la Côte d’Ivoire a lancé à son homologue : « Merci à tous les trois d’honorer de votre présence cette rencontre. Mais j’ai oublié de dire à Alpha (Condé) que nous étions en direct. » Après la grosse rigolade qui suivra le propos de l’Ivoirien, le président guinéen lui répondra : « Alassane (Ouattara) moi j’assume ce que je dis ».
Ce petit dialogue montre tout au moins que les dirigeants africains ont conscience du fait que les relations entre la France, l’Union Européenne et l’Afrique ne peuvent se poursuivre sous leurs formes actuelles.
Le président français semble lui aussi d’accord avec les Africains qui réclament plus d’autonomie. Dans le cadre du Franc CFA, il a récemment affiché son ouverture à la modification du fonctionnement de cette monnaie. Un communiqué de l’Élysée disait après sa dernière rencontre avec le président Ouattara : « son ouverture à toutes les propositions que les États membres de la zone pourraient formuler à cette occasion » sur le FCFA. Cette communication de la présidence française disait aussi « que cette monnaie et cette zone appartenaient aux pays qui la composent », et que seuls ces pays devaient décider de l’avenir de la monnaie.
Guinee360.com
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