
Togolaises, Togolais
Une année prend fin, une autre commence ! Plus qu’une simple tradition, l’occasion de cette fin d’année m’offre l’agréable devoir de m’adresser à vous avec la gravité qu’exige la situation sociopolitique que traverse notre pays. Sans votre courage, sans votre patience, l’année qui s’achève aurait été celle de tous les dangers pour la nation togolaise.
Mes pensées profondes et précieuses vont particulièrement à nos sœurs et frères qui doivent composer avec les pires difficultés pour apporter du baume au cœur de leurs enfants en raison de la désespérante situation liée au pouvoir d’achat réduit à portion congrue au Togo, sous le pouvoir RPT/UNIR/UFC.
Mes pensées vont également à toutes celles ainsi qu’à tous ceux qui sont injustement détenus, victimes de torture et privés de leur liberté en cette particulière occasion festive et de recueillement.
Que toutes celles et tous ceux qui traversent des difficultés en tout genre en ce moment particulier, trouvent ici le témoignage de mon soutien affectif, ainsi que le réconfort immaculé auquel seul Dieu peut pourvoir.
À la classe politique togolaise dans son ensemble, aux forces armées, aux forces vives de la Nation, à la société civile, aux monde rural, aux ouvriers, aux commerçantes et aux commerçants, à la diaspora, aux élèves, aux étudiants, à toutes les filles et à tous les fils du Togo à quelque endroit du territoire national qu’ils se trouvent , je forme les vœux que l’année nouvelle soit une année de profonds et radicaux changements dans l’accomplissement de la promesse de Dieu sur notre pays.
Après cinquante années de désolation infligée à notre pays le Togo, consécutivement à la tragédie politique originelle qui souilla l’envol de notre Nation et sapa tous les espoirs, il est venu le temps pour qu’ensemble, nous soyons témoins d’une mutation significative de notre commune destinée !
Plusieurs événements ont profondément marqué les douze derniers mois de notre pays le Togo, lesquels évènements portés par une pratique usuelle et disproportionnée de la violence à l’encontre de la société togolaise ont favorisé l’émergence de plusieurs regroupements des acteurs politiques et ceux de la société civile notamment le Collectif Sauvons le Togo et la Coalition Arc En Ciel, qui œuvrent en synergie pour que le Togo cesse d’être une jungle où seuls les plus forts, ont toujours raison, où la loi est un alibi pour écraser des innocents dont le seul tort est de refuser d’être une caution à un régime politique qui prétend incarner tout, sans aucune dévolution républicaine et/ou démocratique.
L’affaire Kpatcha Gnassingbé aura révélé le caractère singulier du régime qui régente notre pays. Des actes de torture infligés aux prétendus conspirateurs contre la sûreté de l’Etat à la falsification du rapport de la CNDH ; de la condamnation d’un député dont l’immunité parlementaire ne fit jamais l’objet d’une demande de levée ; du sort qui fut fait à ses camarades d’infortune, à la célébration des tortionnaires, le régime incarné par monsieur Faure Gnassingbé aura apporté la démonstration à la face du monde entier de son caractère foncièrement pervers, brutal et cynique.
Le reniement public par le nouveau Président de la CNDH de la falsification dont fit l’objet le rapport de l’institution qu’il a la charge de diriger dorénavant, en est l’illustration et constitue un indécent mépris, au regard de la souffrance des victimes d’actes de barbarie et de torture au Togo.
L’indifférence du pouvoir s’agissant de la disparition du Général Tidjani condamné à 20 ans de réclusion criminelle, qui rendît l’âme en France alors qu’il y recevait des soins, doit nous interpeller tous, et plus particulièrement celles et ceux qui investissent leur énergie pour soutenir et défendre un système répressif qui écrase sur son parcours, adversaires réels ou supposés.
Ce régime ne peut se prévaloir d’aucune humanité à l’égard de ses grands serviteurs. L’infortune de feu le Général Tidjani qui servit père et fils Gnassingbé en mourant prisonnier de Faure Gnassingbé en est la plus détestable démonstration.
Sur le même registre la privation de liberté imposée à l’ancien ministre monsieur Pascal BODJONA, un autre séide et partisan emblématique des manœuvres de dévoiement de la démocratie et de l’Etat de droit, icône de la défense du système contre vents et marrées, aujourd’hui impliqué dans une affaire d’escroquerie internationale avec le monsieur Bertin AGBA et la complicité de l’ancien PDG de ELF, est la preuve tangible des faiblesses de notre système judiciaire et du cynisme du pouvoir en place.
Paraphrasant en opportunité Montesquieu, je souscris à son affirmation aux termes de laquelle « Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois avec les couleurs de la justice ».
Dans cette affaire de vaste escroquerie internationale, nous dénonçons avec force et vigueur l’escamotage des règles de procédure en matière pénale qui furent mise en œuvre ainsi que les conditions d’interpellation et de détention des prévenus et exigeons pour la crédibilité internationale de notre pays, que toute la lumière soit faite sur cette affaire notamment par l’organisation le cas échéant sous contrainte légale, d’une confrontation entre messieurs Abass YOUSSEF et Loïc LE FLOCH-PRIGENT, pour la manifestation de la vérité.
Togolaises, Togolais
Mes Chers Compatriotes
Le paysage politique togolais s’est enrichi durant l’année qui s’achève de la naissance d’une nouvelle formation politique acquise à monsieur Faure Gnassingbé. De façon républicaine, nous en prenons acte. Toutefois si la volonté qui anime monsieur Faure Gnassingbé réside dans le fait de se débarrasser du lourd passif du parti qui a régenta la vie de la nation pendant plus d’une quarantaine d’année, pour autant monsieur Faure GNASSINGBE paraît rester profondément attaché au caractère totalitaire et hégémonique du RPT, en ce que l’enrôlement forcé des femmes et des jeunes dans sa nouvelle formation politique, l’utilisation des kits destinés au processus électoral pour la délivrance des cartes de membres à ses adhérents ; le recours aux moyens de l’Etat à des fins partisanes ; les interrogations sur les sources de financement des activités de la nouvelle formation politique ; et l’achat massif des consciences, constituent un ensemble qui contredit l’affichage en trompe-l’œil d’assainissement des mœurs politiques.
En outre, les signes identitaires de la formation politique nouvelle dénommée UNIR se heurtent à deux écueils majeurs. D’une part, il existe déjà sur le registre des partis politiques légalement constitués au Togo, une formation politique dont la dénomination est Union pour la République créée lors de l’ouverture de notre pays au multipartisme au début ses années 1990 par feu Jean Kokou SAPA, et dont les membres n’ont de cesse d’interpeller les dirigeants de la formation politique nouvelle UNIR afin que soit procédé à une modification de dénomination. D’autre part, la couleur que la nouvelle formation politique UNIR a retenue est le Bleu, qui se trouve être celle retenue par OBUTS depuis sa création le 2 août 2008
Cette double méprise ne peut conduire qu’à des confusions préjudiciables aux suffrages des électeurs et à la transparence du scrutin. C’est pourquoi, il devient urgent que Faure Gnassingbé prenne ses responsabilités, en se conformant à la législation en vigueur qu’il est censée protéger et respecter.
S’agissant de la liberté de la presse dans notre pays, elle est menacée avec le passage à tabac à intervalle régulier des journalistes. La répression des manifestations publiques est coutumière. L’instrumentalisation des milices équipées d’armes blanches tant à Lomé qu’à Kara est avérée. Cependant, en dépit des voies de fait que ces miliciens exercent sur des militants de l’opposition, ils ne sont nullement inquiétés par les forces de l’ordre. Tout ceci constitue des preuves qui scellent le déshonneur de ce régime.
Togolaises Togolais
Mes Chers Compatriotes
La gouvernance de notre pays est établie sur des principes singuliers qui ont conduit un grand nombre d’observateurs à s’interroger sur les objectifs réels qui sous-tendent l’action incarnée par Faure Gnassingbé au sommet de l’Etat, et sur sa capacité à gouverner dans le sens de l’intérêt général. Aussi, ce n’est pas sans raison que les femmes togolaises, cette année, ont par deux fois manifesté en tenue rouge dans les rues de la capitale pour exprimer leur ras le bol face à un régime qui détruit la vie familiale et l’avenir de leurs enfants.
Que dire du mépris affiché par Faure Gnassingbé face aux revendications légitimes des forces de l’alternance pour une démarche consensuelle dans la gestion du processus électoral, et la mise en œuvre des reformes actées depuis 2006, pour sécuriser les prochains scrutins, et poser les jalons d’une société juste, solidaire et respectueuse de l’Etat de droit.
La violation des droits de l’homme est une pratique d’habitude au Togo, les leaders de l’opposition subissent des brutalités sous des formes larvées à l’instar des voies de fait dont j’ai personnellement été l’objet, le 19 Juin dernier avec une armada d’agents de sécurité qui n’ont pas hésité à défoncer les portes de mon domicile puis à me conduire manu militari au camp de la gendarmerie de Lomé en vue de me soumettre à un interrogatoire musclé, par application d’une procédure ubuesque qui fait injure aux lois de la république.
La prévarication et le détournement des biens publics sont devenus un exercice qui attire une clientèle foisonnante, la seule adhésion à la personne du Chef et à sa politique étant constitutive d’une couverture tout risque et d’un irréversible gage d’impunité.
L’université et la fonction publique au Togo sont devenues des souffre-douleur pour des dirigeants décalés qui n’ont rien compris au bouleversement qui affecte la planète, et les exigences qu’il induit pour notre survie collective. La majorité des togolais vit mal, confrontée à la vie chère, exposée à une grave précarité attristante, et au surendettement, faisant ainsi le bonheur du pouvoir en place qui en pareille circonstance trouve une réserve de proies faciles pour l’achat des consciences, et à la manipulation.
Les institutions de la République sont instrumentalisées aux seules fins de conservation du pouvoir, alors que le front social est en ébullition permanente et que galope la précarité. L’Assemblée nationale dont la législature a expiré continue de légiférer allégrement sans que personne ne sache combien de temps cette prolongation « bananière » perdurera. Le processus électoral est mis en route avec une CENI bancale et déséquilibrée que dénoncent les meilleurs soutiens de Faure Gnassingbé au sein même de la coalition gouvernementale.
Au Togo sous la gouvernance de monsieur Faure Gnassingbé, même le football, sport roi, seul élément fédérateur, n’échappe pas à la litanie des cacophonies gouvernementales ! Il est à l’image du désastre moral et politique dans lequel se trouve encrassé le pays. Grace à une sélection nationale performante, les éperviers du Togo prendront part à la CAN Afrique du Sud 2013.
Nous interpellons le Gouvernement et la Fédération Togolaise de Football à afin qu’ils prennent leurs responsabilités en créant de façon appropriée les conditions les meilleures en terme d’encadrement, de moyens matériels et financiers à la mesure du défi sportif, pour permettre à nos Eperviers de voler plus haut, et plus loin dans cette joute sportive continentale.
Au Capitaine Emmanuel ADEBAYOR, et à ses coéquipiers, un seul mot, le peuple togolais vous fait confiance et attend beaucoup, je dis beaucoup de vous, car nous rêvons d’être les Champions d’Afrique.
Togolaises Togolais
Mes Chers Compatriotes
La nuit est longue mais les lueurs de l’espérance du jour sont perceptibles à l’horizon, et nous ne devons pas désespérer. Plusieurs signaux indiquent l’imminence des changements en profondeur pour la cohésion nationale et la justice sociale au Togo.
Oui nous devons avoir foi en des lendemains meilleurs, car le Togo dispose de beaucoup d’atouts et c’est également une promesse de notre Dieu de miséricorde, reprise par les pères fondateurs de la Terre de nos aïeux.
Aussi sûrement que le jour revient en force après la nuit, que le soleil resplendit de plus bel après la pluie la joie de vivre en ce monde reprendra tôt ou tard ses droits sur la douleur qui nous afflige Soyons dans l’espérance car 2013 sera une excellente année pour le peuple togolais.
C’est sur cette conviction d’une nouvelle alliance entre le peuple togolais et son Dieu créateur, que je voudrais souhaiter à chacune et à chacun une belle fête de la nativité et une bonne et heureuse année 2013.
Dieu vous bénisse tous et bénisse le TOGO.
Je vous remercie.
23 Décembre 2012
Agbéyomé KODJO