Afrique : A quoi sert l’Union Africaine ?

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Après une longue période d’enlisement, la crise libyenne vient de connaitre un dénouement avec la mort de Mouammar El Kadhafi le 20 octobre 2011. Les chiffres exhaustifs du bilan macabre de cette crise ne sont pas encore disponibles, mais c’est un truisme que de dire que les pertes en vies humaines sont lourdes aussi bien chez les pro Kadhafi que chez les ex-rebelles du Conseil national de transition (CNT). Rarement une crise aura fait autant de victimes sur le continent africain durant ces dix dernières années.

Le conflit libyen à l’image de la crise post électorale de la Côte d’Ivoire a fini de convaincre que les pays africains – la Commission de l’Union africaine en tête – préfèrent s’ériger en spectateurs de leur propre histoire au lieu d’en être les protagonistes. En effet, en Côte d’Ivoire tout comme en Libye, les gouvernements africains se sont contentés de la télévision pour suivre les différentes opérations de sécurisation ou de protection des populations conduites par les puissances occidentales. Il n’ya pas eu déploiement officiel de troupes d’une instance africaine pour effectuer une mission dans un quelconque sens.

Le constat est que plus de cinquante ans après les indépendances, l’Afrique ne s’est pas encore forgé une diplomatie à même de gérer prioritairement les affaires internes du continent et des Africains, à fortiori pour aller vers les autres continents. Conséquence, l’impérialisme -pourtant combattu par un flot de discours et de mots- hante toujours « le berceau de l’humanité ». Et aucun chef d’Etat africain n’est sorti relayer les voix des peuples indignés du sort réservé à Kadhafi. Pourtant, son lynchage suivi de l’exposition de son corps comme au temps colonial constitue une atteinte gravissime à l’honneur et à la dignité des Africains, sinon de l’homme tout court. Loin de nous l’idée de défendre des despotes de l’acabit de Kadhafi en condamnant l’intervention de l’Occident et de l’OTAN en Libye.

Mais nous avons la faiblesse de penser et de croire que l’Union africaine devait jouer un rôle de premier plan dans la « libération » du peuple libyen au lieu de laisser des diplomaties de pays qui ne sont pas des exemples de vertu venir faire le ménage et la morale sur une terre africaine. A quoi sert donc l’Union africaine et ses instances sous régionales si elles doivent seulement se contenter de prendre acte du « bordel » semé par les autres sur le continent ? L’Union Africaine veut-elle être perpétuellement considérée comme un machin à élaborer des « mécanismes » d’une hypothétique portée ? Entend-t-elle se complaire dans l’organisation des sommets à forte dose de folklore ou de maintenir en veille un syndicat de chefs d’Etat pourtant passé de mode ?

La situation en Somalie révèle par exemple l’impuissance, voire la démission de l’Union africaine face aux problèmes qui minent le continent. Les occidentaux et leurs institutions se penchent mieux sur la crise alimentaire qui décime les populations dans la Corne de l’Afrique contrairement aux Africains qui cachent mal leur indifférence face à ce drame.

Visiblement, cette indifférence face aux maux et aux drames du continent doit commencer à inquiéter au regard de la nouvelle donne qui sera bientôt en vigueur. Il s’agit de la prolifération des armes de guerre issues des différents conflits et des différentes révolutions qui va générer inéluctablement la montée et la création de nombreux foyers de terrorisme dans certaines parties du continent africain. Faire face à ces menaces imminentes est un défi qu’il faudra relever. L’Union africaine saura-t-elle être à la hauteur de ce défi ? Mutations

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