Rebelote pour plus de la 50ème en moins de 20 mois ! Ça y est, notre président y est encore fourré, en France bien sure. Pour combien de temps ? Personne ne sait ! Pour quoi faire ? Tout le monde semble savoir : tapiner, quémander de l’aide nécessaire à nous ‘’développer’’. A sa suite, comme à son habitude, une ribambelle de ministres- les voleurs.
Pour cette énième et inutile pérégrination, l’argument est tout trouvé : le financement du Programme nationale de développement. Le coût dudit programme est estimé à 15 000 milliards de franc CFA. Vous avez bien entendus 15 000 milliards, de dettes. Des dettes, encore et toujours des dettes, Ado n’amoure que les dettes. Cette nouvelle dette abyssale à elle seule devrait suffire à solutionner les difficultés auxquelles nous faisons face. Hélas ! Nous déchanterons encore.
Ado et ses ministres-docteurs (en droit, économie, science…) sont malades, ils doivent être soignés . Ils sont atteints de dogmatisme capitaliste. Ils refusent de voir que nonobstant la transformation de la cote d’ivoire en tonneau de Danaïdes à dettes, rien ne va pour le mieux ! « C’est dur mon président » dirais-je « ivoiriennement ». Le chômage, la prévarication, la précarisation des travailleurs … vont crescendo, les millions d’emploi promis aux jeunes demeurent introuvables. Le constat est sans appel : Ado-solutions est devenu Ado-illusions.
Le président en bon « Chicago boy friedmanien » continue de nous endetter, tout en nous ressassant via un storystelling savamment appris que tout ira pour le mieux. Les sommes les plus folles nous sont prêtées. Nos enfants, petits enfants et arrières petits enfants sont ainsi compromis et surendettés avant même d’avoir vu le jour. A la bouche de nos dirigeants, toujours le même vocabulaire, celui du maitre (Fmi, Banque Mondiale…) : pays émergents taux de croissance, dettes, bailleurs de fonds… Ils n’ont semblent-ils pas encore compris ou refusent-ils de comprendre que ces vieux concepts poussiéreux sont désuets et étrangers à nos réalités.
Les dettes abyssales et les bailleurs de fonds n’ont jamais aidés à développés l’Afrique, ni la cote D’ivoire ; plus d’un demi siècle de politique économique Africaine le prouve . Nos gouvernements doivent s’en affranchir parce qu’ils sont dangereux, voire même meurtriers pour l’Afrique. Dangereux, parce qu’il s’agit de « moyens savamment orchestrés pour reconquérir et recoloniser l’Afrique » (Thomas Sankara) . Bailleurs de fonds qu’on nous rabâche « comme s’ils y avaient des hommes dont le bâillement suffiraient à développer un pays » (Thomas Sankara). Sur la dette des pays dits du « tiers monde » et les taux d’intérêt qu’on y greffe, Susan Georges qui a travaillée des dizaines d’années sur cette question et John Perkins qui fut « assassin financier » des institutions financières auprès desquelles le gouvernement ivoiriens demeure « applaventré » sont assez éloquents.
La première parlant de l’aspect coloniale de la dette dira que : « La dette c’est beaucoup mieux que le colonialisme parce qu’on n’a pas besoin d’armée, ni d’administration /coloniale/… on peut obtenir tout ce que l’on veut avoir : des matières premières en obligeant les pays /’’du tiers mondes’’/ à exporter à des prix qui chutent /avec notre complicité/. C’est idéal pour prendre le contrôle des pays ». « L’assassins financier » quant à lui dira que « la dette est une arme pour conquérir et asservir les sociétés, les intérêts en sont les munitions ».
A ces quelques sentences sans ambigüités peuvent être ajoutés, les excellents et minutieux travaux de Damiens Millet et Éric Toussaint du CADTM (Comité pour l’Annulation des Dettes du Tiers Monde).
Nos dirigeants, malgré ces réalités indubitables continuent à économiquement nous embourber. Totalement acquis aux dogmes ultralibéraux, ils nous rassurent, nous demandent de patienter. Le développement c’est pour bientôt qu’ils semblent nous dire. Évidemment seuls les illuminés y croient mots, rien ira pour le mieux il faut s’en convaincre.
A la demande de patience de nos ministres si sûrs des recettes ultralibérales qu’ils nous assènent, il nous faut lancer un défi simple. Une question, une seule. S’ils y répondent, il nous reviendra à nous peuple de Cote d’ivoire d’épouser l’attentisme salvateur et bienheureux qu’ils nous proposent. Par contre s’ils échouent –ce que je pense qu’ils feront- alors il nous appartiendra de sortir de cet attentisme pour agir –radicalement s’il le faut-. Combien de pays au monde-encore moins en Afrique- ont été développés par simple altruisme et humanisme par un autre pays, ses banques, ses bailleurs de fonds, ses dettes et les institutions économiques (Banque mondiale, Fmi, Sfi…) ? La réponse à cette question est assez simple : aucun ! Aucun pays sauf situation ‘’exceptionnelle’’ et tragique n’a jamais été développé par un autre.
L’histoire récente nous offre à mon entendement que quatre cas qui ne se reproduiront assurément pas.
Il s’agit du développement des nations esclavagistes par les millions d’Africains déportés dans les razzias occidentales en Afrique. A cette pratique à succéder une autre tout aussi infâme que la première à savoir la colonisation –qui continue via la françafrique-, la main d’œuvre qui était auparavant déporté pour le développement était cette fois maintenu sur place en Afrique -la révolution industrielle rendant désormais inutile les esclaves sur place- pour le travail forcé et la culture de matière première nécessaire au développement et la consommation occidentale. Par la suite il peut être fait état de l’aide de plus d’une dizaine de milliards apportée par les Américains aux européens au lendemain de la seconde guerre mondiale sous la célèbre appellation de Plan Marshall (1947). Le but de cette aide n’était point humaniste mais tactique et géopolitique, il s’agissait pour les États-Unis sous couvert de (re)développer l’Europe d’endiguer la menace rouge rampante (le communisme). Le dernier exemple que nous offre l’histoire est celui de l’état d’Israël porté à bout de bras dès sa naissance officielle (1948) à nos jours par les États-Unis, l’Europe et la diaspora juive. Ce post à lui seul ne pourrait épuiser la question des raisons d’une telle aide. Il est néanmoins évident que les pays Africains -la cote d’ivoire en particulier- et Israël ont des histoires, des forces et des destins différents.
La Cote d’ivoire n’étant ni Israël, l’esclavage étant aboli et la colonisation finie –officiellement- l’Afrique n’étant en proie d’aucune menace idéologique contrecarrant les visées des puissances occidentales ; pourquoi Diantre Ado et ses ministres croient dogmatiquement que les bailleurs de fonds, les occidentaux, les dettes et les banques occidentales aideront la cote d’ivoire à se développer ? D’ailleurs, « depuis quand a-t-on vu une banque se développer pour quelqu’un ? » (Théophile Obenga). Quel(s) pacte(s) Ado et ses ministres ont-ils signés avec Dieu leur garantit que les recettes n’ayant à aucuns moments de l’histoire développées l’Afrique et les Africains marcheront chez nous ? Pourquoi ces recettes qui ont échoués , échouent et échoueront partout nous sont-elles obstinément appliquées ? L’exemple de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal… ne sont-ils pas assez éloquents ?
Si pour nous les solutions que nous propose Ado pour développer la Cote d’ivoire sont surannées, donc mal à propos ; il va de soi qu’elles ne produiront que des effets tout aussi illusoires. Pour nous donc Ado-solutions est plutôt Ado-illusions. Il n’a point des solutions comme il le fait croire aux « Ado-latres/philes/maniacs », il n’a que des illusions de solutions. Des illusions de solutions à nos problèmes auxquelles nous proposons des solutions. Que pouvons-nous faire ? Que devons-nous faire ?
SSK