Il a été l’une des attractions, samedi dernier, à l’ex-QG de campagne du Président Gbagbo. Son talent d’humoriste et son esprit fécond en matière de sketchs mais également sa sagesse en tant qu’être humain abhorrant l’ingratitude ont été salués par les nombreux militants et sympathisants du Fpi qui ont fait le déplacement. « Adama Dahico est fier d’être l’ami de Laurent Gbagbo (…) C’est un devoir pour moi d’être là parce que le sage a dit que la reconnaissance est un devoir moral et spirituel ».
Ces propos de Dolo Adama dit Adama Dahico, célèbre humoriste et père du concept « le Dromikan », par ailleurs, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, sonnent comme un engagement inébranlable pour un combat. Celui de Laurent Gbagbo injustement détenu à La Haye depuis le 30 novembre 2011.
Alliant humour, images et franchise, Dahico a dénoncé la détention de Gbagbo et l’instrumentalisation de la Cour pénale internationale (Cpi). «Il était candidat à la présidentielle ivoirienne, ça fait Cpi. Mais il n’était pas candidat pour être prisonnier internationale, ça fait aussi Cpi. La Cpi, Cour pénale internationale. C’est devenu maintenant la Cour des preuves insuffisantes », dira-t-il dans un tonnerre d’applaudissements accompagné de rires fous du public. Les critiques de l’humoriste sont allées aussi à la Côte d’Ivoire sous Alassane Dramane Ouattara. Un pays de l’insécurité et de l’intolérance. « Les gars, attendez. Vous applaudissez comme ça là. Vous oubliez que je suis toujours à Abobo. La commune des commandos visibles », lance-t-il à ce propos. Fief d’Alassane Ouattara, la commune d’Abobo fonctionne comme un farwest où critiquer la gouvernance Ouattara est passible de mort. La Côte d’Ivoire est devenue un pays de censure. Adama Dahico n’a pas la langue de bois à ce sujet : « Je suis en studio et j’ai bouclé un album de 12 titres. Bientôt, on va m’entendre. On m’a rendu fort. En me privant de télévision, on m’a rendu un peu fort quoi (rires) ».
En effet, l’humoriste est interdit de passage à la télévision « nationale » tenue par le régime Ouattara. Sa proximité avec Gbagbo constitue une tare, dit-on là-bas. Mais Dahico n’abandonne pas pour autant son ami, Laurent Gbagbo, et son combat pour une Côte d’Ivoire démocratique. « (…) le costume que je dois porter pour aller accueillir mon ami personnel est déjà prêt », soutient-il avec humour mais détermination. Aux dirigeants du Fpi, Dahico a tenu ce discours teinté d’humour et de vérité : « M. le président Affi N’Guessan et tous les ex-combattants en liberté provisoire. Tout est provisoire maintenant dans pays-là (…) En tant qu’humoriste, j’ai fait une analyse.
On vous a envoyés (emprisonnés, ndlr) à Boundiali, Korhogo, Katiola, Bouna, d’autres étaient à Yopougon. Mais quand même, vous aussi ! Vous pensez que c’est méchant ça. Ça prouve que vous êtes un parti implanté partout (…) M. le ministre Dano Djédjé, j’ai reçu un message et je lis : rappelez-moi. Dano Djédjé. Je n’ai pas bipé, j’ai quand même des unités. On me dit que le samedi 31 août, nous devons recevoir et célébrez les héros. J’ai dit à mon protocole, Alain Kra (…), annule-moi tous mes rendez-vous même avec ma future première dame ». Des applaudissements et des rires du public ont accueilli ces propos de l’humoriste. Au-delà de tout, le message est passé et Dahico aura atteint son objectif. Celui de réaffirmer solennellement son amitié à Gbagbo.
Didier Depry