A l’heure actuelle, l’insécurité est monnaie courante dans le septentrion sauf à Kidal où les loups ne se mangent pas encore entre eux. Les jihadistes et le MNLA dans leur entente cordiale ont réoccupé toutes les positions abandonnées pendant leur débandade devant les troupes alliées et même plus.
C’est à juste raison que des analystes, non des moindres, ont dit que l’Opération Serval des forces françaises au Mali lancée pour stopper l’avancée des terroristes jihadistes et libérer les trois quarts du territoire malien occupés par ces fous de Dieu, éradiquer définitivement le péril en détruisant leurs sanctuaires à travers le septentrion, a été globalement un succès.
Car la France et Serval ont en fait préservé le Mali d’un chaos imminent. Mais un autre se prépare, une autre invasion jihadiste, encore plus grave, à l’encontre du pays et de la nation malienne, sachant que nous serons totalement désarmés pour y faire face.
Ce chaos est préfiguré par une entité islamique dans le Sahara malien. De quoi déstabiliser indéfiniment tous les pays du champ et au-delà. L’assassinat de l’otage français, Hervé Gourdel, a conduit Hollande à promettre devant la tribune des Nations Unies le mardi 23 septembre, que la France ne cèdera pas au terrorisme et à l’inhumanité. Ce qui vaut pour la France est valable pour le Mali.
Lorsqu’en 2012 la France et l’Onu ont répondu favorablement à la requête du président de la Transition, Dioncounda Traoré, pour intervenir au Mali occupé par les terroristes islamistes, ce fut un soulagement et un grand réconfort pour le peuple malien, surtout les populations du nord traumatisées par les massacres, tortures, viols perpétrées contre elles, pourtant à majorité musulmanes, au nom de l’Islam.
La France de Hollande orchestrant la reconquête avec en pointe les forces françaises avec l’Opération Serval lancée le 11 janvier 2013, les forces de l’Onu ont déployé les grands moyens. Ce fut la plus grosse opération militaire à laquelle la France ait participé depuis 50 ans en terre africaine, avec le déploiement de 4500 militaires et une campagne aéroportée de 5230 sorties, plus de 2000 pour les avions de chasse et des hélicoptères de combat, qui a couvert 3 millions de kilomètres au Mali.
Le bilan a été la destruction de 160 bâtiments et dépôts logistiques, de 120 véhicules transportant les groupes terroristes, 20 tonnes de nitrate d’ammonium servant à fabriquer des bombes et explosifs ; la saisie de 220 tonnes de munitions et autant d’armements. Ce bilan des 12 premiers mois de campagne était prometteur, car ayant occasionnée la débandade des hordes jihadistes du Mujoa, d’Ancardine et d’Aqmi à travers le désert ou hors de frontières du Mali avec l’élimination physique de plus de 600 jihadistes et de chefs renommés des groupes islamistes.
En 18 mois d’opération, la France a perdu 9 hommes, alors que les pertes tchadiennes avoisinaient 40 soldats et officiers.
Au plan des dividendes politiques il y eu un rétablissement total de la légalité constitutionnelle, des institutions de la République, l’organisation d’élections présidentielles et législatives transparentes et équitables, les meilleurs depuis la révolution populaire et démocratique du 26 mars 1991. Ce fut un succès salué et reconnu.
Les jihadistes camouflés dans les pas du MNLA
Après la campagne victorieuse de Serval et des forces internationales alliées aux Fama à Konan et Diabali dans le centre du pays, le MNLA et les jihadistes avaient reflué au nord, dans les régions de Tombouctou et Gao. N’ayant jamais eu la suprématie sur le terrain il a été totalement défait par le Mujoa. Ses leaders en fuite ont été accueillis par le Burkina Faso avec la bénédiction de la France. Ils ont eu un répit salutaire après les accords de Ouaga. Revenus au bercail à Kidal, ils furent donc chouchoutés par la France qu’ils s’évertuèrent à mener en bateau.
Entre temps, les enchères avaient monté et le ton également entre Bamako et Paris, par rapport à la signature d’un accord de défense militaire auquel le contexte ne se prêtait pas. C’était au moment où les terroristes islamistes de toute nature pullulaient à Kidal, libres de toute surveillance, camouflés en combattants du MNLA. Depuis lors, le mouvement n’a pas faibli, au vu et au su de Serval, de la Minusma, qui payait de plus en plus le prix fort en pertes de vies humaines dans ses effectifs et des observateurs de la communauté internationale.
A l’heure actuelle, l’insécurité est monnaie courante dans le septentrion sauf à Kidal où les loups ne se mangent pas encore entre eux. Les jihadistes et le MNLA dans leur entente cordiale ont réoccupé toutes les positions abandonnées pendant leur débandade devant les troupes alliées et même plus. Armés jusqu’aux dents, avec des renforts d’anciens d’Afganistan, du Yemen, d’Irak, de Lybie et d’autres d’Algérie et de Mauritanie, ils ne sont actuellement qu’à une trentaine de kilomètres de Gao et Tombouctou alors que les forces onusiennes contemplent impavides cette invasion menaçante.
De Kidal à Gao, vers Bourem, Niafunké jusqu’aux frontières des pays limitrophes leur présence effective hante les esprits. Ils n’attendent qu’un signal pour grossir les rangs et annexer de nouveau sans coup férir les trois régions libérées en 2013. Ce sera pour accomplir leur ambition ultime, la création d’un Etat islamique couvrant ces territoires, revendication des apprentis sorciers du MNLA.
Le président français Hollande a joué avec le feu à Kidal en se prêtant au jeu sordide du Mnla qui, pour ses propres intérêts vise à balkaniser la patrie des descendants des conquérants Kankou Moussa, Soundiata, Sonni Ali Ber, Samory Touré, qu’importe des massacres ou même un pogrom dans le septentrion dans la population civile innocente. Voilà que l’incendie se lève, que le feu jihadiste s’attise, alors qu’il avoue son impuissance. Dans l’épilogue de ce chaos longtemps annoncé, après le tribut inévitable qui sera versé par le sang des ressortissants français, il faut craindre que les flammes de cet enfer ne brûlent Paris au cœur.
Oumar Coulibaly
Le Guido