Le fait que le président nigérian ait demandé – et accepté – l’aide militaire occidentale dans la traque des Islamistes de Boko Haram a provoqué des railleries publiques de l’Ougandais Yoweri Museveni. Notre confrère Nigerian Watch rapporte des moqueries épiques du président ougandais exprimées lors d’une manifestation du Mouvement National de Résistance (NRM) dont il est le leader. M. Museveni affirme qu’il eût préféré se suicider plutôt que de demander l’aide occidentale pour lutter contre Boko Haram puisque son homologue nigérian se targue d’avoir une armée forte. «Je n’ai jamais fait appel à l’ONU pour nous protéger, a-t-il déclaré. Plutôt que d’avouer moi, Yoweri Museveni, que j’ai été incapable de protéger mon peuple et appeler l’ONU à l’aide, je préférerais me pendre». «Nous donnons la priorité à la sécurité en développant une armée forte. Autrement, l’Ouganda serait comme la République Démocratique du Congo, le Sud-Soudan, la Somalie ou le Nigéria où des miliciens se sont évaporés avec des élèves. Nous perdrions ainsi la face devant le pays et nos citoyens si nous ne pouvons pas garantir notre sécurité».
Le Nigerian Watch se rappelle que cette moquerie intervient après celle du président Zimbabwéen Robert Mugabe qui a récemment vilipendé la corruption galopante au Nigeria. Le président Goodluck Jonathan est sur la sellette à l’Union Africaine après que Abuja ait défendu, bec et ongle, les plans des Occidentaux en Afrique à travers les résolutions 1973 et 1975 de L’ONU. Elles permirent à la France et à l’OTAN de détruire le régime libyen avec l’aide de combattants Salafistes proches de Al Qaida, «tuant comme un chien» leur riche homologue Mouammar Kadhafi; l’armée française put ainsi bombarder la Côte d’Ivoire du président Laurent Gbagbo pour régler un contentieux électoral. Goodluck, «l’ami» des Occidentaux Les Africains moquent le fait que l’enthousiasme de Goodluck Jonathan Ebele Azikiwe aux côtés de la France notamment ne lui ait pas tant porté bonheur. Et même si les médias cachent les victimes massives des raids «alliés» à défaut de les imputent à des lampistes à la Cour Pénale Internationale (CPI), «l’aide occidentale» n’en inspire pas moins la peur du chaos aux Africains dorénavant. C’est peu dire.
La position africaine face au bilan humanitaire catastrophique de l’appui militaire occidental sur le Continent a sans doute influencé le Cameroun contre Boko Haram. Du moins lui donne-t-elle raison. M. Paul Biya a engagé son armée contre les Islamistes en restant muet sur la suggestion d’aide militaire et technique proposée à Paris, sans doute à travers les 9000 soldats annoncés par François Hollande en Centrafrique dans le cadre de la Résolution 2149 de l’ONU initiée par la France. Désormais, on sait de quoi cela retourne. Comme à Bamako, à Bangui ou à Tripoli, la suite de film militaire français se dénoue généralement en contrôle politique par la stratégie du chaos. Mais qui ne sait pas qu’esquiver la «générosité» militaire française en plein «pré carré» équivaut également à se mettre en danger?
Jean-Marc Soboth