Les USA et l’ONU craignent-ils qu’Assad gagne démocratiquement les futures élections?

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A chaque instant, nous avons l’opportunité d’observer, à travers une petite lucarne, comment la “Diplomatie” se fait à huis clos. La semaine dernière, la conversation entre des diplomates étatsuniens complotant pour renverser le gouvernement ukrainien a été un de ces moments tragiques.

Hier, un évènement similaire s’est produit, lors d’une interview avec l’ambassadeur d’Iran au Liban, Ghazanfar Roknabadi, paru dans le très sérieux journal libanais Daily Star. Dans une interview passant en revue l’actualité, l’ambassadeur a discuté du récent bombardement de l’ambassade d’Iran à Beyrouth et de la menace régionale représentée par le nombre croissant de groupes djihadistes en Syrie.

Puis il a lâché une bombe. Roknabadi a déclaré au Daily Star que le gouvernement iranien avait été mis sous pression pour convaincre le président syrien Bachar al- Assad de ne pas se présenter aux futures élections. En tant que seul allié régional de la Syrie, l’Iran a une grande part d’influence auprès du gouvernement d’Assad.

Ambassadeur Roknabadi : Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques Jeffrey Feltman, lors d’une visite en Iran l’été dernier, a demandé aux fonctionnaires de convaincre Assad de ne pas se présenter aux élections. Les responsables iraniens lui ont demandé : “Quel est le problème s’il se présente» ce à quoi Feltman a répondu : “Si il se présente, il va gagner les élections“.

Feltman n’est pas n’importe quel bureaucrate de l’ONU. Dans la valse entre l’ONU et le gouvernement des États-Unis, il a précédemment servi comme sous-secrétaire d’État pour les Affaires du Proche-Orient d’août 2009 à juin 2012 mais aussi en tant qu’ambassadeur étatsunien au Liban de juillet 2004 à janvier 2008. Auparavant, il a servi dans l’administration US après la «libération» de l’Irak.

Plus récemment, M. Feltman a été un acteur important dans “l’Ukraine-gate” concernant l’appel susmentionné entre le sous-secrétaire d’Etat US Victoria Nuland et l’ambassadeur étatsunien en Ukraine Geoffrey Pyatt. Dans le drame ukrainien, ses anciens collègues du Département d’Etat ont convenu que Feltman pouvait mettre en place un responsable de l’ONU pour parvenir à faire passer l’accord qu’ils ont mijoté (au sujet d’un changement de régime en Ukraine, NDT).

Si les propos de l’ambassadeur Roknabadi étaient confirmés, cela montrerait bien le cynisme du gouvernement des Etats-Unis pour favoriser un changement de régime en Syrie. Cela n’est pas une surprise pour ceux habitués à la diplomatie secrète des Etats-Unis. C’est même conforme à l’ambivalence des États-Unis envers une réelle démocratie électorale dans ces lieux qu’elle prétend démocratiser. De Gaza à l’Egypte, de l’Afghanistan à la Libye et à l’Irak, il semble que ce que les États-Unis craignent le plus dans leur effort de démocratiser ces pays, soit bel et bien la démocratie.

Ce n’est donc guère étonnant que le Secrétaire Kerry s’accroche désespérément à la lecture erronéequ’ont fait les États-Unis du communiqué de “Genève I”, en affirmant à tort que cet accord devait déboucher sur un changement de régime voulu par les signataires. Assad doit être éiminé du champ politique, parce que les États-Unis sont terrifiés de sa popularité en Syrie.

Article original en anglais: US/UN Fears Assad Win in Free Syrian Election ? Ron Paul Institute, publié le 12 février 2014

Traduction Sam La Touch

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