N’en déplaise à ses détracteurs, le leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre est un potentiel prétendant au pouvoir suprême au Togo. Certes, il est baroudeur, a des défauts et commet des erreurs comme tout homme mais cela n’est en rien un facteur pouvant lui barrer la route de la présidence. On ne va d’ailleurs pas demander à tous les candidats à une présidentielle de se ressembler, de savoir sourire chaque matin au lever du soleil ou de se brosser les dents avec les mêmes pâtes.
Jean-Pierre Fabre sait que le rendez-vous quinquennal de l’an 2015 n’en sera pas un à l’allure de promenade de santé pour lui et son entourage. Lui qui caresse le rêve légitime de succéder à l’occupant actuel du palais présidentiel sait aussi que, pour arriver à bout d’un système vieux et huilé que celui en place à Lomé, il faut à chaque fois se remettre en cause, changer de stratégie, de méthode, de rythme et surtout et surtout rassurer le camp d’en face qui, quoiqu’on dise, a peur de lâcher le morceau pour finir au gnouf ou être guillotiné. Entre le locataire actuel du palais présidentiel et celui appelé à lui succéder, l’opinion attend plus du dernier qu’elle n’a pas encore vu à l’œuvre. Dans le contexte politique togolais, tout dépendra de l’homme qui va remplacer Faure aujourd’hui ou demain au pouvoir. Ceci étant, Jean-Pierre Fabre a l’obligation de se retrousser sérieusement les manches, rassurer l’opinion, les indécis, surtout ceux qui au Togo se reprochent beaucoup de choses et ont une peur bleue des lendemains. Une partie loin d’en être une de plaisir surtout qu’en Afrique, la plus grande des marches de la République s’obtient souvent dans la douleur et ce, après des séjours répétés en prison, des brimades et des humiliations de toutes sortes. Fabre devrait savoir plus que quiconque au Togo qu’aucun cadeau ne lui sera fait quant à sa lutte pour le fauteuil présidentiel. Les nombreux profiteurs du pouvoir actuel feront feu de tout bois pour émousser au maxi ses ardeurs. Ils n’ont pas fini de bouffer avec la bouche, le ventre, les pieds et les orteils. Ceci dit, ils ne cesseront de manœuvrer pour que ça dure aussi longtemps possible. Jean-Pierre Fabre est déjà averti. Il ne doit pas aussi perdre de vue que, toute bataille se gagne avant tout sur le terrain et avec des lieutenants sûrs, dévoués et prêts pour le sacrifice suprême. Des lieutenants qui ne manquent pas à l’appel autour de l’officier général Jean-Pierre Fabre.
Le plus expérimenté d’entre eux est le doyen d’âge de la législature togolaise actuelle, Me Georges Lawson. Un homme de lois qui a de la matière grise et de la carrure. Ses conseils et son expérience sont d’un atout considérable pour le parti orange et son leader. Formé à l’ancienne école où les fautes d’orthographe et de grammaire étaient punies sévèrement, Me Georges Lawson en a gardé la rigueur. Ceux qui le connaissent et l’approchent régulièrement disent de lui qu’il est un homme de qualité dont le Togo a besoin pour se tracer la voie du futur et du développement. Mais Me Georges Lawson n’est pas le seul avocat de qualité autour de Fabre, un autre aussi un plus discret mais efficace a ses entrées chez le leader de l’ANC. Lui s’appelle Adama Doe Bruce. Peu bavard, Adama Doe Bruce est de ceux qui sont réfléchis et qui œuvrent pour l’apaisement dans le pays. Il n’est ni va-t-en guerre ni un démagogue. Une valeur sûre qui peut apporter davantage au pays si l’occasion lui est offerte. Du barreau de Lomé où est inscrit Me Adama Doe Bruce au domicile toujours à Lomé de monsieur communication de l’ANC, le pas n’est pas lourd à franchir. Eric Dupuy, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est l’un des fidèles dans le bastion orange. Hier, il était avec ses compagnons feu Eric Amerding, Georges Lawson, Adama Doe et Fabre à tenir la maison jaune (UFC) en l’absence du mentor Gilchrist Olympio du territoire. La communication de la machine orange, c’est son affaire. Même si d’aucuns pensent qu’il pourrait mieux vendre la marque ANC auprès de l’opinion, Eric Dupuy reste sur sa lancée convaincu que le moment viendra où l’aiguille de la grande horloge de l’Histoire tournera en faveur de son camp. Une conviction partagée par son frère et compagnon de lutte Patrick Lawson, 1er vice-président du parti. Patrick Lawson est aussi de la vieille garde de l’ANC au même titre que Mes Georges Lawson et Adama Doe Bruce, Eric Dupuy. A l’époque à l’UFC, il a été de toutes les négociations avec le pouvoir sur les questions d’intérêt national et pour la fin de la confrontation permanente entre les deux principaux protagonistes de la crise au Togo, le RPT incarné par la famille Gnassingbé et l’UFC dominée par le fils du père de l’indépendance Gilchrist Olympio. Ce n’est un secret pour personne à Lomé, Patrick comme l’appellent ses proches a des amis et des relations dans les rangs des tenants du pouvoir. Idem pour Me Isabelle Manavi Améganvi qui file un parfait coton avec le couple Pascal et Zaïna Bodjona, l’ex ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales aujourd’hui en indélicatesse avec ses coéquipiers du parti au pouvoir. A la fois avocat au barreau de Lomé et politique comme Mes Yawovi Agboyibo, Joseph Kokou Koffigoh, Georges Lawson, Ahlonko Dovi, Zeus Ajavon, Adama Doe Bruce pour ne citer que ceux-ci, Me Isabelle Améganvi est une battante à la forte personnalité. Seule femme de son parti à être très engagée au front au milieu de mâles, Isabelle Améganvi sait ce qu’elle veut même si sa mayonnaise n’a pas encore pris. Aux côtés de son leader Jean-Pierre Fabre, elle apprend au jour le jour à être utile sur le flanc de la mobilisation. Son savoir-faire, le candidat de l’ANC en 2015 en aura besoin comme de celui du leader de la jeunesse du parti Jean Eklu. Celui-ci a en charge d’injecter du sang jeune et recyclé dans le moteur de la machine ANC très active à Lomé la capitale et grippée à l’intérieur du pays où UNIR continue à ratisser en attendant le début des hostilités. Pour 2015, Jean Eklu devrait redoubler d’ardeur au travail et exiger de sa hiérarchie des moyens sans lesquels aucun résultat probant ne peut être atteint.
Jean-Pierre Fabre a ainsi autour de lui des ressources humaines de qualité mais pas assez de moyens financiers pour bien huiler et lubrifier son moteur à la conquête du long et sinueux chemin conduisant à la présidence. A environ un an de la présidentielle de 2015, il revient au leader de l’ANC de mobiliser et remobiliser les siens, de cesser de les faire marcher quasiment tous les week-ends pour une peccadille, d’oublier son adversaire Faure qu’il appelle à ne plus se représenter « au nom de l’éthique et de la réconciliation » pour aller rassembler plus de fonds. Une élection présidentielle est une lourde machine qui fait craquer le portefeuille de tout prétendant à la magistrature suprême. Jean-Pierre Fabre le sait bien sauf que les meilleures stratégies de mobilisation de sous n’ont pas encore répondu à son rendez-vous. Va-t-il en rester-là pour voir le pouvoir lui échapper?
Taffa Biassi Lynx.info