Togo. CDPA-BT : Le temps de la réflexion

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Les élections sont à présent terminées. Elles laissent enfin à tous ceux qui sont préoccupés par le changement démocratique le temps de la réflexion. Les résultats proclamés montrent que la situation est encore plus calamiteuse qu’en 2007. Elle impose la présence d’une opposition extra-parlementaire forte et efficace…

On connaît donc les résultats proclamés à l’issue du scrutin du 25 juillet 2013 : 62 sièges pour l’UNIR, le parti du régime ; 19 sièges pour le CST (Collectif Sauvons le Togo) ; 6 députés pour la Coalition ARC-EN-CIEL, 3 députés pour l’UFC et un député pour Sursaut national. Le régime s’est ainsi assuré une majorité absolue dans la nouvelle Assemblée.

Il est nécessaire d’analyser ces chiffres en rapport avec les conditions d’organisation du scrutin et la tenace volonté du régime de continuer de détenir un contrôle totalitaire du pouvoir d’État pour mieux comprendre la situation politique, telle qu’elle a évolué depuis des années, et la fonction réelle des élections dans cette évolution.

Les résultats proclamés ne surprennent personne, y compris les chefs des partis des deux regroupements qui ont décidé d’y participer « malgré tout », comme ils l’ont dit eux-mêmes, c’est-à-dire bien que les conditions de transparence et surtout d’équité, dont ils ont fait leur cheval de bataille, ne sont pas réunies.

On pourrait déduire de cette position que pour eux, l’objectif de la participation n’est pas de l’emporter sur le parti du régime pour réaliser le changement politique, mais juste se mesurer entre eux, comme d’habitude, pour voir lequel d’entre eux est plus important, et doit donc prétendre être le candidat de « l’opposition » aux élections présidentielles de 2015.

On voit bien que ce que les chefs des partis du CST et de la Coalition ARC-EN-CIEL disent à la population n’est pas toujours ce qu’ils pensent. Par ailleurs, les stratégies politiques des deux regroupements reposent sur les vieilles rivalités qui ont toujours miné le courant dominant de l’opposition, et empêché toutes formes possibles d’union de l’opposition.

Les conditions d’organisation du scrutin et les résultats ainsi proclamés montrent bien que les élections du 25 juillet sont, pour l’opposition démocratique, les plus calamiteuses organisées dans le pays depuis 1993. La petite opposition parlementaire sortie des urnes n’est pas seulement petite ; elle est plus fragile que toutes celles produites par les scrutins passés (2007, 1994-1996).

En conséquence, il ne faut pas se faire des illusions : l’opposition parlementaire ainsi produite par les élections du 25 juillet sera impuissante à faire quoi que ce soit pour imposer au régime les réformes constitutionnelles et institutionnelles exigées par le changement démocratique, à supposer même que ce changement soit le motif réel de la participation du CST et la Coalition ARC-EN-CIEL à ces élections bidon. Ce qui, de toute évidence, n’est pas le cas.

Comme la CDPA-BT l’avait dit pour les législatives de 2007, la fragilité de la présente opposition parlementaire, et l’ambigüité des stratégies politiques du CST et de la Coalition ARC-EN-CIEL imposent plus que jamais aux partis et organisations de l’opposition démocratique, de reconstruire une opposition extra-parlementaire forte et résolue à poursuivre le combat pour le changement démocratique.

Bien entendu, la vocation de l’opposition extra-parlementaire n’est pas de combattre l’opposition parlementaire par principe, mais de suppléer à la fragilité et à la faiblesse de cette opposition extra-parlementaire par sa présence et sa combativité, pour qu’il continue d’exister dans le pays une opposition sérieuse au régime en place et à ses alliés.

A cette nouvelle croisée des chemins, la CDPA-BT demande à tous les partis et à toutes les organisations associatives, qui estiment que la proposition n’est pas idiote, d’accepter de nous mettre ensemble pour définir ensemble comment restructurer cette opposition extra-parlementaire pour lui conférer une réelle présence et plus d’efficacité.

Fait à Lomé, le 2 Aout 2013.

Pour la CDPA-BT

Le Premier Secrétaire

E. GU-KONU.

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