Ils sont venus, ils sont tous là… Lieu du rendez-vous, l’Afrique.

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  Tels les Rois Mages suivant l’Etoile du berger, ils convergent tous vers le Sud. Elle est née la divine Afrique ? Ce serait plutôt une renaissance. Renaissance d’un continent qui semble avoir été oublié, laissé de côté, en attendant de régler d’autres problèmes plus urgents dans le monde. L’URSS à dégommer, l’Iran à soumettre, l’Europe à pacifier (Yougoslavie) ou à organiser (l’UE), le Moyen-Orient à remodeler, la Chine à contenir, tant de choses ne permettant pas de s’occuper pleinement de l’Afrique. Tout juste une gestion à minima, confiée à l’un de ceux qui la connaissent le mieux, pour lui permettre d’attendre son tour.

Malheureusement, les problèmes du monde qu’on croyait régler en quelques années, se complexifient et se multiplient. La Russie se réveille et tisse des liens solides avec ses voisins, en une sorte d’Union Soviétique bis. L’Iran est devenu plus impudent que jamais. L’Europe unie est malade et peut éclater d’un jour à l’autre. Le Moyen Orient ? A force de le remodeler, le décomposer, le recomposer, le redécomposer… On ne sait plus où on en est. Quant à la Chine, c’est un véritable casse-tête. Insidieusement, sournoisement (ce sont des asiatiques), ils ont pris les places vides pendant que tout le monde était occupé ailleurs.

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L’Afrique, que l’on réservait pour plus tard, est déjà envahie. Les chinois se sont introduits dans tous les secteurs de l’économie. Avec leur boulimie en énergie, ils raflent tous les contrats. Et ils ont la manière, les bougres. Il n’y a pas d’autres choix que d’y aller pour stopper tout ça. Mais comment faire avec tous ces fronts ouverts un peu partout ? Il faut y aller par étapes. D’abord pousser le gardien des lieux – la France- à prendre ses responsabilités, en lui fournissant toute l’aide logistique, si nécessaire. Et ce sera nécessaire, car il n’a plus vraiment d’armée, comme tous les pays européens, d’ailleurs.

Ensuite, créer des foyers d’incendie maitrisés que l’on pourra éteindre facilement, remplacer les indociles, corrompre un peu plus les indécis, menacer au besoin, bref les bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves. Parallèlement, temporiser les problèmes moyen-orientaux, en faisant des offres de dialogue ou, au besoin, utiliser à bon escient les «combattants de la liberté», de manière à avoir les mains libres de ce côté-là. Tout faire pour pouvoir se concentrer sur les nouveaux enjeux plus que vitaux.

Pendant tout ce temps, pendant que certains faisaient des plans sur la comète, la Chine elle, travaille. Elle arrive, examine, propose des contrats mirifiques là où le FMI peinait à trouver le début du commencement d’une solution, ensuite elle débarque avec son matériel, son personnel, construit en quelques jours ce que d’autres sociétés mettent des mois à édifier, et s’en va, sans oublier de garnir beaucoup de poches en dollars et de laisser quelques structures pour marquer son passage. Le tout accompagné d’un message hyper important : « Nous partons, mais si vous avez à nouveau besoin de nous, n’hésitez pas ». Aucune contrainte, aucune obligation, aucune dépendance. Ça c’est nouveau.

Ainsi, l’Afrique a pu vivre un développement parallèle, presque clandestin, les deux partis ayant intérêt à la discrétion. Mais la Chine était là, et bien là, laissant les africains vivre leur vie comme bon leur semble, ne se mêlant pas de leurs affaires internes, les laissant même se faire parfois malmener par leurs anciens maîtres (c’est leur choix, n’est-ce pas ?), mais profitant de toutes les opportunités non susceptibles de provoquer des clashs internationaux. Ils ont même réussi l’impensable. Faire manger aux africains d’Europe ou des Etats-Unis des produits issus du fin fond de la brousse. Dans les magasins chinois d’occident, on trouve plus de produits du terroir que dans les Capitales africaines.

Déloger tout cela ? Impossible. Les occidentaux n’ont que leurs armes sophistiquées qui ne sont d’aucune utilité ici. Ils ne le savent pas encore, mais c’est une guerre perdue d’avance. Ce que les européens n’ont pas pu faire en deux siècles, les chinois l’ont réalisé en deux décennies.

Et voilà qu’arrive le troisième larron : la Russie. Depuis la «Chute du Mur», la Russie est pratiquement absente de l’Afrique. Et pour cause. On l’a même chassée des terres de ses voisins immédiats, alors l’Afrique… Mais elle veut revenir, car elle a doublement besoin de ce continent où, tous les signaux le montrent, l’avenir du monde peut se jouer. Comme tout le monde, la Russie voit ce continent comme une terre aux ressources immenses. Il est vrai qu’en ce domaine, le sol russe n’a rien à envier à l’Afrique. Elle n’a donc pas un besoin vital de ses ressources, comme ses homologues chinois ou occidentaux. Ce qui la place dans une position particulière où priment la complémentarité, le partenariat et les alliances stratégiques.

Son second intérêt pour l’Afrique réside dans le besoin qu’elle a d’élargir et de renforcer le front de résistance contre l’hégémonie occidentale. Nous avons vu, dans un précédent article, toutes les inquiétudes de Vladimir Poutine concernant les dangers que court son pays et sa stratégie pour s’en préserver. L’un des éléments de cette stratégie consiste à remettre le Droit International au centre des débats et des rapports entre états. Pour cela, il a besoin de tous les pays qui, d’une manière ou d’une autre, ont subi ou subissent encore l’impérialisme et la loi du plus fort. Dès lors l’Afrique, avec sa multitude d’états, devient d’une importance capitale.

Pendant que les chinois travaillent et que l’Occident peaufine les interventions, la Russie s’engage délibérément dans la voie du dialogue. D’abord avec les pays dont les dirigeants sont encore libres de leurs décisions. Ainsi, lundi dernier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a entamé une tournée africaine de quatre jours au cours desquels il a visité quatre pays : l’Algérie, l’Afrique du Sud (qui fait partie du BRICS), le Mozambique et la Guinée.

Outre les communiqués de presse classiques, on devine la nature des discussions qui ont eu lieu entre Serguei Lavrov et ses homologues des pays visités. La Libye, la Syrie et le Mali ont dû être au cœur de toutes les discussions. Ce premier voyage n’est qu’un début. Son retour en Afrique est déjà prévu en Mars pour assister au sommet du BRICS à Durban. Gageons qu’il profitera de cette opportunité pour faire quelques crochets.

Voici donc les trois grands protagonistes en lice en Afrique. Trois concurrents, trois méthodes différentes pour conquérir la belle. Qui l’emportera ? Succombera-t-elle à la force brutale de l’Occident ? Cèdera-t-elle au pragmatisme et à l’efficacité de la Chine ? Ou se laissera-t-elle convaincre par le dialogue avec la Russie ? Seul l’avenir le dira.

Avic/Réseau International

 

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