26 Fevrier 1885: Et l’Afrique entra dans un profond coma

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  A peine sortie des fers négriers, l’Afrique va rapidement se retrouver au coeur des rivalités coloniales qui vont succéder aux rivalités esclavagistes connues les quatre siècles précédents. La Belgique, plus précisément le Roi des Belges représenté par Henry Stanley ( Gallois, de son vrai nom John Rowlands, devenu l’Américain Henry Stanley, enfant bâtard, car sa mère ne lui a jamais dit le nom de son père) et la France représentée par Savorgnan de Brazza vont vite s’affronter sur le bassin du Kongo que chacune des parties veut disposer exclusivement. En 1876 déjà, le rusé roi des Belges pour s’emparer du Kongo sans se faire remarquer par des géants tels que l’Angleterre, la France, le Portugal, l’Empire Ottoman…va réunir une conférence à Bruxelles pour soi-disant lutter contre les « esclavagistes arabes » et apporter le bonheur chrétien dans le territoire. Pour cela, Léopold 2 va créer l’Association Internationale Africaine (AIA) qui sera transformée 2 ans plus tard en Association Internationale du Congo (AIC) toujours avec des objectifs humanitaires qui cachent ses vrais intentions qui sont purement économiques. Le Portugal, vieil occupant de la région n’entendait pas laisser faire. Il va conclure un accord avec l’Angleterre pour bloquer l’accès à l’océan à l’AIC. De Brazza arriva au nom de la France. Le Portugal voyant la situation se compliquer, va émettre l’idée d’une conférence pour un partage équitable de la région. L’Allemagne qui, jusque-là, observait la scène à distance non sans intérêt, va s’emparer de cette idée pour convoquer une réunion à Berlin. Du 14 novembre 1884 au 26 février 1885, Bismarck rassemble les acteurs coloniaux pour donner à l’ordre colonial africain sa légitimité et sa légalité. Il s’agit pour le Chancelier Bismarck de mettre fin aux occupations « sauvages » en instituant des règles visant à déterminer entre pays européens concurrents en Afrique le droit de la première occupation, à ouvrir à la navigation libre les voies hydrographiques, et à statuer sur le traitement de la main-d’oeuvre locale. La déclaration de la conférence est clair:

 

« Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’Océan Atlantique; désireux, d’autre part, de prévenir les MALENTENDUS et les CONTESTATIONS que pourraient soulever à l’avenir les prises de possessions nouvelles sur les côtes d’Afrique, et préoccupés en même temps des moyens d’accroitre le bien-être moral et matériel des populations indigènes, ont résolu, sur l’invitation qui leur a été adressée par le gouvernement impérial d’Allemagne, d’accord avec le gouvernement de la République française, de réunir à cette fin une conférence à Berlin et ont nommé pour leur plénipotentiaires, savoir:

(Les pays ayant pris part aux travaux):

1. S.M L’empereur d’ALLEMAGNE

2. roi de PRUSSE

3.S.M L’Empereur d’AUTRICHE, roi de bohème et roi apostolique de HONGRIE

4. SM Roi des BELGES

5. S.M Roi du DANEMARK

6. S.M le Roi d’ESPAGNE

7. Le président des ETATS-UNIS D’AMERIQUE

8. Le président de la REPUBLIQUE FRANCAISE

9. S.M La Reine du ROYAUME UNI, de la GRANDE-BRETAGNE ET d’IRLANDE, impératrice des INDES

10. S.M Le Roi d’ITALIE

11. S.M Le Roi des PAYS BAS, grand duc de LUXEMBOURG

12. S.M Le Roi de PORTUGAL et des Algaves

13. S.M L’Empereur de toutes les RUSSIES

14. S.M Le Roi de SUEDE et NORVEGE

15. S.M l’Empereur des OTTOMAN (TURQUIE) »

De cette conférence va sortir l’Acte de Berlin qui attribua à la Belgique, le Congo sur 2 millions de km2, l’autre côté du fleuve Congo (Congo Brazza 500.000 km2) et le Niger furent attribués à la France . L’Angleterre aura le contrôle du Delta du Niger (Nigeria). Au Portugal reviendra le Cabinda. Elle marqua aussi la puissance de l’Allemagne qui, à partir de cette conférence, rentrera dans la compétition pour l’accaparement de l’Afrique. L’Acte de Berlin décréta aussi que Toute puissance européenne installée sur la côte peut étendre sa domination vers l’intérieur jusqu’à rencontrer une « sphère d’influence » voisine. Mais, elle précise qu’il n’y aura réelle annexion territoriale que s’il y a une preuve: « Traité conclu avec les indigènes ». Ceci va susciter une course sanglante de la part des Européens pour ravir des signatures aux africains contraints par des guerres incessantes et des coups d’états remplaçant ici ou là des rois résistants qui seront, entre autres, déportés ou tués tout simplement.

Avec cette conférence de Berlin, l’Afrique est entrée encore plus profondément dans le coma dans lequel des siècles de razzias négrières arabo-musulmanes et industrialo-européennes l’avaient déjà plongé. L’Afrique est devenue à partir de ce moment, un espace morcelé où chacune des puissances européennes ancre profondément son influence. Les indépendances fictives ne feront qu’accentuer le phénomène avec une OUA (Organisation de l’Unité Africaine) confirmant ce morcellement colonial qui ne subira de modifications qu’à l’issue des deux guerres intra-européennes rebaptisées Guerres Mondiales. Plus tard, d’autres conflits coloniaux interviendront pour lui apporter ici ou là des retouches et d’autres sous-fragmentations, toujours dans le même objectif: maîtriser l’Afrique et ses ressources.

15 février 2013

KPOGLI Komla

MOLTRA

 

 

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