C’est en 1950 qu’Ernest Gräfenberg1 décrivit cette zone érogène. Il note que quelques femmes présentent une zone très sensible sur la face antérieure de leur vagin. Sa stimulation provoque non seulement excitation sexuelle et plaisir, mais également cet endroit réagit par un gonflement. Dans le même temps, Gräfenberg découvre que le liquide évacué par l’urètre lors de l’orgasme n’est pas de l’urine. Malgré tout pendant longtemps des femmes furent opérées aux USA pour incontinence urinaire du fait de ces fuites lors de l’orgasme !…
Une découverte passée inaperçue
A cette époque et jusque dans les années quatre-vingts, l’insensibilité érotique du vagin reste la croyance la plus répandue, le clitoris seul serait responsable du plaisir. Les premières grandes études sur la sexualité humaine (le rapport Kinsey et les travaux de Masters et Johnson) étaient arrivés à cette conclusion. Et la publication des travaux de Gräfenberg tombe dans l’oubli… Il faudra attendre que plusieurs chercheurs s’intéressent à la sensibilité érotique vaginale pour que ses recherches soient ressorties des tiroirs. Perry, Whipple et leurs collaborateurs retrouvent chez de nombreuses femmes le phénomène décrit par le Docteur Gräfenberg. Ils donneront alors ce nom plein de mystère à cette fameuse zone. Selon d’autres chercheurs (Hoch, Alzate), c’est la paroi antérieur du vagin dans son ensemble qui peut être source de sensations2.
Pourquoi cette vérité est souvent remise en cause ?
Peu de publications apportent leur contribution à ce domaine. Pour valider cette question des enquêtes sérieuses et des protocoles expérimentaux seraient nécessaires. Mais la sexualité humaine est encore peu étudiée. Alors chacun choisit son camp à partir d’options qui n’ont rien de scientifiques : pour ou contre le point G !
Il faut dire qu’avant d’avoir un statut scientifique, ce point semble avoir obtenu une place mythique : celui de zone gâchette aux effets fantastiques qui produirait des nymphomanes. « Trouvez lui son point G et votre femme qui jusqu’ici ne partageait pas votre enthousiasme au lit, deviendra insatiable !… ». Ce point G-là n’existe pas ! Il reste à découvrir !
Par ailleurs, un certain courant de pensée féministe a vu d’un mauvais oeil ce retour sur la scène du plaisir vaginal. Etait-ce une manoeuvre des hommes désirant voir leur partenaire jouir des mêmes pratiques qu’eux (le coït) ? Le retour d’une hiérarchie entre un plaisir clitoridien jugé mineur et un plaisir vaginal majeur réservé aux « vraies femmes » ?
Et puis, il y a ceux ou celles qui ne le découvrent pas… Est-ce la preuve pour autant de son inexistence ?
Des études malgré tout
Une enquête publiée en 1990 explorait la relation entre l’éjaculation féminine, la perception du point G et l’excitation sexuelle3. Les auteurs avaient choisi d’interroger des femmes professionnelles de la santé, leurs connaissances anatomiques étant du fait de leur études, meilleures. Sur les 1289 questionnaires exploités (2350 Canadiennes et Américaines l’avaient reçu) 66 % répondaient sentir une zone sensitive particulière dans leur vagin qui si elle était stimulée, leur procurait des sensations de plaisir. Dans cette études les femmes déclarant sentir leur point G admettaient plus souvent que les autres avoir une éjaculation et également étaient plus souvent satisfaites de leur sexualité.
Une autre étude sur le point G a montré que sa stimulation entraîne une augmentation du seuil de perception de la douleur. Les auteurs de cette étude pensent que le point G de part son effet analgésique est important lors de l’accouchement4.
Des Français ont également publié leurs recherches5. Pour eux, le point G est à rattacher au sphincter urétral. L’examen clinique et échographique de femmes ainsi que des examens anatomiques les amènent à conclure que la sensibilité vaginale s’intègre dans un même ensemble anatomique : l’ensemble uréthro-clitorido-vulvaire.
Voilà qui pourra peut être réconcilier tout le monde !
Dr Agnès Mocquar