Me Verges contre la FTF et la FIFA pour son client Obilale

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L’attentat du Cabinda a détruit la carrière de Kodjovi Obilalé, gardien du Togo, et une partie de sa vie. Blessé lors de l’attaque du bus de la sélection togolaise par le FLEC en janvier dernier, le portier des Éperviers songe aujourd’hui à poursuivre en justice la fédération de football du Togo.

 

Le 8 janvier 2010, le rêve de Kodjovi Obilalé s’est brisé sous les balles du mouvement armé de libération de Cabinda qui a intercepté le bus de la sélection nationale du Togo en route pour l’Angola et la Coupe d’Afrique des Nations. Ce qui devait être un rêve s’est transformé en cauchemar.

« J’étais au milieu du car. J’ai entendu des rafales, des cris. Une vitre a éclaté. J’ai ressenti une vive douleur dans le bas du dos. Je me suis affalé sur le siège, en sang. J’ai hurlé au secours. C’était le chaos. Les balles fusaient. L’escorte a riposté et tout s’est calme, raconte le gardien de but dans les colonnes de Ouest-France. Dans le bus, le soigneur de l’équipe m’a fait une piqûre de morphine. Ça m’a soulagé. J’ai demandé à voir mes enfants. Kapo, joueur d’Auxerre, m’a dit : « Doudou, tiens le coup ». Une heure plus tard, on m’a transporté à l’hôpital, en Angola. Dans le couloir, j’ai vu deux corps, sous un drap blanc. Ceux d’Abalo Amelete, l’entraîneur adjoint et Stanislas Ocloo l’attaché de presse, tués par les balles des insurgés… J’ai lutté pour ne pas fermer les yeux. Je ne voulais pas mourir. »
Le pire est passé mais après ? Trois heures de bloc, deux jours de coma et des rumeurs qui se propagent : Obilalé serait mort. Des éclats de balle ont touché sa moelle épinière. « Mes jambes ne répondaient plus. Je ne sentais plus mes pieds, poursuit-il. On m’a aussi raconté que Rama Yade, secrétaire d’État aux sports et Winnie Mandela, la femme de Nelson Mandela, étaient venus à mon chevet. Je ne m’en souviens pas. »
Sans club depuis le 30 juin

La suite ressemble à une mauvaise blague, digne d’un roman de Kafka où les administrations françaises et togolaises se renvoient la balle au milieu d’un imbroglio politico-financier. « Je suis resté deux mois en Afrique du Sud. Tous les jours, je demandais à rentrer. Et puis il y a eu cet incroyable imbroglio. La fédération togolaise ne pouvait plus payer mon rapatriement. La fédération française a annoncé qu’elle allait le faire. Honteuse, la fédération togolaise a finalement fait le chèque. Je suis rentré à Lorient par un avion de ligne puis une ambulance m’a conduit à Kerpape. C’était 18 mars. » Depuis, Obilalé marche avec des béquilles. Mais ses rêves de football sont bel et bien évaporés. « Début juin, après une nouvelle opération pour enlever des éclats de balles, j’ai retrouvé en partie l’usage de ma jambe gauche. Je peux enfin quitter mon lit pour récupérer mes béquilles. J’espère pouvoir remarcher. Mais le foot, je n’y pense plus. Je suis dégoûté par son milieu, pourri par le fric. Je ne regarde même pas la Coupe du monde à la télé. »

Car, depuis quelques jours, l’ancien international est au chômage. « Le 30 juin, j’ai perdu mon boulot de joueur de foot à Pontivy. Je n’ai plus de ressources, une famille à nourrir et un loyer à payer. Je ne vais quand même pas faire la manche… » Non, Obilalé va prendre les choses à bras le corps. Sans ressources, il n’a que très peu apprécié le traitement de la FTF pendant son hospitalisation. « J’ai décidé de demander réparation à la fédération togolaise qui m’a un peu vite oublié. C’est elle qui a décidé, faute de moyens, de nous transporter en bus en Angola. Tout le monde savait que c’était dangereux. Le bilan est là : deux morts et un blessé grave. Je considère que c’est un accident de travail. Avec mon avocat, Maître Verges, je vais saisir la fédération internationale de football. »

ALI MAKHAN

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