Agbéyomé Kodjo : Je pense quand même que c’est une surprise pour moi-même et pour mes collaborateurs, je considère que dès le départ que l’action en justice intentée par les deux anciens membres du parti devrait être déclarée irrecevable. C’est le même Sogoyou qui avait présidé les travaux. Aujourd’hui on le ramène et contre le court du débat contradictoire il prend une décision qui n’est pas une décision de justice. Il a prit une décision politique.
Vous voulez dire que le procès a été téléguidé par l’exécutif ?
Tous les togolais savent que c’est un procès politique et qu’on veut supprimer OBUTS, mais l’histoire retiendra que pour la première fois et c’est un grand honneur qu’on fait à OBUTS. Cette formation politique qui a à peine deux ans a fait un travail remarquable sur le terrain qui a inquiété le pouvoir et qui a décidé de sa dissolution, le pouvoir a pris une grave décision, il lui appartient de tirer les conséquences de cette décision.
Qu’allez-vous faire ?
Dans le rituel classique on fera appel de la décision, enfin de toutes les façons, au niveau de ma formation politique nous sommes sereins. Ils veulent fabriquer un martyr politique, ils ont très bien commencé.
Allez-vous constituer un autre parti politique ?
La décision vient de tomber, nous sommes entrain de réfléchir et nous verrons d’ici la fin de la semaine prochaine ce que nous allons dire aux togolais et surtout aux militants de OBUTS qui se sont sacrifiés, qui se sont donnés sans compter pour rendre une visibilité forte à cette formation politique.
Quelles peuvent être les conséquences d’une telle décision sur la vie politique et sociale du pays en ce moment où on prône l’apaisement ?
Je pense que Faure Gnassingbé a pris un grave risque en laissant cette décision de justice aller à l’encontre des incantations que nous entendons tous les jours, sur la modernisation de la justice, une justice efficiente. La communauté internationale est là, les togolais sont là, on verra en tout s’il y a une compatibilité entre les incantations et les actions qu’on pose. Dans tous les cas, j’affirme et de la manière la plus solennelle qu’il s’agit d’un déni de justice, car dans tous les cas le procès était réglé dans d’autres officines avant de venir au palais de justice.
Est-ce qu’on va retrouver un Agbéyomé plus virulent maintenant que le parti est dissout ou vous allez baisser de ton ?
Je suis toujours resté égal à moi-même. Je n’aime pas l’injustice, le pays traverse une grande crise, les Togolais dans leur grande majorité contestent la réélection de Faure Gnassingbé, les Togolais contestent la gouvernance actuelle qui est opaque, qui n’est pas transparente. Nous ne baisserons pas les bras, nous continuerons à travailler aux côtés du peuple pour que demain nous puissions avoir un état de droit.
Interview réalisée le 25/062010 par Fabbi Kouassi