Ensuite au côté du Haut Conseil des associations et mouvements étudiants (HACAME), la plus connue des milices paramilitaires, qui a joué un rôle capitale dans toutes les violences électorales, d’autres structures similaires sont en train de sortir de leur hibernation ou en voie de se créer. Ainsi dans un communiqué du 11 septembre 2009, la Jeunesse de l’UFC accuse le major Bilizim Kouloum, gendarme à la retraite, pointé du doigt par différentes organisations de défense de droits de l’homme lors de l’élection d’avril 2005, d’installer dans les préfectures et les sous-préfectures des milices dénommées « Groupe de réflexion et d’appui au parti [RPT] »).
Il convient de rappeler que l’un des hommes forts du régime de Faure Gnassingbé se trouve être précisément Pascal Bodjona, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, qui a été fondateur et responsable du HACAME au début des années 1990. Enfin, la chute en 2005 de Robert Montoya, ancien gendarme du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) pour trafics d’armes, et de son entreprise de gardiennage, la Société africaine de sécurité-Togo, qui équipait les forces sécuritaires (menottes, matraques, bombes lacrymogènes, gilets pare-balles, cagoules, etc.) a laissé le champ libre à l’Optimal Protection Services. Cette société appartient à Germain Meba, un quadragénaire mais déjà multimillionnaire, et ami personnel de Faure Gnassingbé à qui il doit en partie sa fortune rapide en rapport avec le trafic de drogue et d’or et dont il soutient avec force la candidature en créant l’Association des bénévoles pour la victoire du candidat Faure.
Le clan Gnassingbé mobilisé pour sa survie
Militaires, miliciens et vigiles travaillent en symbiose lors des présidentielles ressenties comme des moments douloureux de remise en cause du pouvoir du clan Gnassingbé. C’est pour conjurer la perte du pouvoir et les conséquences désastreuses qu’elle induit que tous les membres du clan se mobilisent pour sa défense. Pendant qu’en face, le Mouvement citoyen pour l’alternance, association proche de l’UFC regroupant des jeunes, constamment harcelé et intimidé par la soldatesque du pouvoir, se dit déterminé à aller jusqu’au « sacrifice suprême » si la victoire du 28 février venait à être volée. Faut-il pour autant partager les inquiétudes et les craintes ambiantes exprimées par le journaliste Tino Kossi qui suggère « l’intervention d’une force militaire étrangère » afin d’anticiper l’explosion de la violence annoncée par tous les oracles ? Il est peut-être plus raisonnable, comme le réclament certains partis et organisations de la société civile, de reporter cette présidentielle pour la mieux préparer dans le calme et la sérénité avec une implication plus grande de l’UE conformément au PAPE.
Car la CENI, à l’image de toute l’administration publique, n’est pas techniquement armée pour mener à bien une telle opération électorale d’envergure qui la dépasse. Prétendre le contraire c’est pratiquer la politique de l’autruche en se voilant la face.
Comi M. Toulabor
Centre d’études de l’Afrique noire –
Sciences Po Bordeaux