La nouvelle politique africaine de la France : business, business, business !

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                                                                                                              Au Cameroun, au Togo et partout en Afrique, il faut bien soutenir le soldat Bolloré !

Il ya quelques temps, nous vous faisions découvrir “Pompafric”, une chanson du groupe Tryo, et vous invitions à reprendre tous en choeur : “Bolopoly, bolo réseau, Bolloré voyage au Congo, Bolloré crée son arsenal…”

(voir notre article : ”Chantons ensemble : “Bolocratie, bolo la pieuvre, regarde les devises qui pleuvent” !“). Quelles que soient les intentions affichées sur le sujet, cette “Pompafric” n’est malheureusement pas prête de cesser son activité…

Après le coup de force togolais organisé pour le compte de Bolloré par Debbasch, condamné de droit commun ”oublié” par la justice française, la venue en France du président camerounais Paul Biya, dont la justice est priée de fermer les yeux sur les exactions de Bolloré, est pour nous l’occasion de faire un bien triste constat : loin de la Coopération du général de Gaulle, au-delà de la tant décriée et caricaturée Françafrique, voici venu le temps de l’Africafric, si bien incarnée par les Balkany, Bolloré et autres hauts dignitaires de la Sarkafrique. 

Le 18 mars 2008, Alain Joyandet est nommé Secrétaire d’État à la Coopération. Il succède ainsi à Jean-Marie Bockel, qui ne semblait pas avoir compris ce qu’on attendait de lui à ce poste. « Sarkozyste » pur jus, Joyandet est, lui, en phase avec « le château » : cibler les pays africains riches en ressources naturelles et priorité aux affaires.

 

Dans les semaines qui suivent sa nomination, le Secrétaire d’État expose la « nouvelle » politique africaine, celle du président de la République, de la façon la plus claire qui soit :

« L’implantation des entreprises françaises en Afrique est l’une de mes priorités… On doit absolument réorienter la politique de coopération française en direction du développement économique privé et faire venir les entreprises françaises sur le continent africain… Pourquoi, par rapport aux autres pays, la France se contenterait-elle de faire de l’aide humanitaire ou de défendre des valeurs ? Je veux rectifier le tir en ce qui concerne notre développement économique en Afrique… La France ne peut pas seulement être un pays qui se bat pour défendre des valeurs, quand ce sont les autres qui récupèrent les marchés… L’Afrique frémit. La seule vraie question est de savoir si la France sera présente à la hauteur de la place qu’elle mérite ou si elle sera doublée par l’ensemble des autres pays. Je ne veux pas constater dans vingt ans que nos entreprises sont passées à côté de cette opportunité planétaire. » (Le JDD.fr, 20.05.08).

 

« Il faut renforcer l’influence de la France, ses parts de marché, ses entreprises. Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte… Je n’ai pas envie que la France fasse tout ce qui coûte et rien de ce qui rapporte. » (Libération, 24.06.08)

« L’Afrique semble réclamer plus de France…Je porte le message d’une France attachée à la démocratie et à la transparence. Mais est-ce que cela doit être notre seule préoccupation ? Il ne faut pas faire de ces valeurs notre seule expression.» (Conférence de presse, 19.06.08)

« J’ai des convictions mais je veux aussi défendre notre pays et ses parts de marché. » (JDD.fr, 19.06.08)

 

Depuis 15 mois, c’est cette politique qu’Alain Joyandet applique avec zèle.

Le  message a été reçu 5/5 par Vincent Bolloré qui, fort de l’amitié et de l’appui de Nicolas Sarkozy, profite aujourd’hui pleinement du soutien public pour étendre son monopole privé en Afrique de l’Ouest, consolider ses positions dominantes en Afrique centrale et s’engager en Afrique de l’Est. La France officielle étant désormais au service de l’expansion de son groupe (protection politique, financements publics, pressions), il a pu, en conséquence, se séparer de Michel Roussin qui, pendant de très longues années, l’a fidèlement servi. Dans le cadre de la « nouvelle politique », l’approche africaine de l’ancien ministre devait lui paraître comme passée de mode… L’heure n’est plus aux connaisseurs de l’Afrique mais aux froids technos du chiffre d’affaires. Exit Michel Roussin et bonjour Lafont.

 

De ce soutien sans faille du président et du gouvernement français, Vincent Bolloré a, il est vrai, grand besoin. Les bénéfices réalisés en Afrique ne viennent-ils pas compenser les pertes européennes du groupe ? « En 2008, les activités transport et logistique en Afrique ont sauvé le résultat du groupe Bolloré avec 297 millions € de bénéfices (251 millions € en 2007), alors que la plupart des autres branches étaient déficitaires ou très légèrement bénéficiaires. C’est dire si toutes les acquisitions de Vincent Bolloré dans la publicité, les médias et la voiture électrique (Havas, Aegis, licences Wimax, Direct 8, Direct Soir, Matin Plus, Blue Car…) vivent des activités africaines… » (La Lettre du Continent, n° 566).

 

Merci, l’Afrique, pompe à…

 

 

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