Agbéyomé Kodjo désormais ennemi n° 1 d’une opposition méchante, incompétente et nullement inspirée pour ramasser le pouvoir qui traîne dans la rue. [Par Samari Tchadjobo]

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L’opposition togolaise passe pour être l’une des plus bizarres de la sous région ouest- africaine. Tantôt elle crie sur tous les toits, fait tous les tapages possibles pour dénoncer les abus d’une dictature cinquantenaire, tantôt elle devient prudente; préfèrerait le statu quo dès que le fauteuil présidentiel, qui incarne la terreur d’état, est presqu´à portée de main,  parce qu´elle n’est pas prête, par égoïsme, par méchanceté et par jalousie, à laisser n´importe qui, pourtant issu de la même opposition, devenir président. Certains diraient même que les leaders de l’opposition togolaise veulent une chose et son contraire. Au Togo ces leaders préfèrent s´afficher éternellement comme opposants sans résultats tangibles, comme si, être opposant était une fin en soi. Chacun d´entre eux préfère jouer au one-man-show dans son coin en se réduisant en une opposition des condamnations, des déclarations et des communiqués sans lendemain.

Beaucoup de leaders de notre fameuse opposition semblent ne pas savoir ce pour quoi ils se sont engagés en politique, et semblent surtout oublier la promesse faite à un peuple en souffrance: le libérer des méchantes griffes d´une dictature militaro-clanique. Quand l´occasion pour la libération se présente, on hésite, on tergiverse, on cherche le moindre cheveu dans la soupe, on pose des conditions, au lieu de se rassembler autour du mieux placé du moment pour donner le coup de grâce à un dictateur englué dans des crimes de sang et aux abois. Alors que tous ces soi-disant leaders ou chefs de partis savent qu´eux seuls sans les autres ne représentent absolument rien.

Février 2020 : une élection présidentielle organisée comme d’habitude dans l’opacité sans réelles réformes politiques. Malgré la triche habituelle opérée par le RPT-UNIR et malgré toutes les violences sur les délégués de l’opposition, surtout dans le septentrion, le candidat de la dynamique Monseigneur Philipe Fanoko Kpodzro, Dr Messan Agbéyomé Kodjo, à la suite d´une campagne intelligemment menée, créa la surprise en remportant haut la main une victoire éclatante. Le ou les partis qui croyaient faire le meilleur score au sein de l’opposition sont laminés dans les urnes. Comme d’habitude, le régime Gnassingbé, qui n´a aucun respect pour les Togolais, et qui ne s´imagine aucunement hors du pouvoir, malgré son incompétence sur tous les plans et son impopularité, comptant toujours sur la force militaire, se fait octroyer la victoire bien qu´il ait largement perdu dans les urnes. Nous avons encore en mémoire les scenari de 2005, 2010, et surtout 2015 où des hold-up électoraux furent commis et dont les protestations du  candidat lésé et de l´opposition n´ont pas empêché les prédateurs togolais d’être toujours au pouvoir.

Mais cette fois-ci, les éternels voleurs d´élections n´avaient pas compté avec l´intelligente et méthodique résistance de Messan Agbéyomé Kodjo et de Monseigneur Kpodzo. La dynamique Kpodzro résiste seule face à un régime qui ne connaît que le langage de la violence, pour récupérer un pouvoir qui profiterait à tout le peuple et à tous les autres leaders de l´opposition; parce que justement ils appartiennent à ce peuple. Mais curieusement tous les partis de l’opposition se désintéressent de la victoire de l´opposant placé premier que tente de voler, une fois encore Faure Gnassingbé. Des chefs de partis et d´association de la société civile qui haranguaient les foules pour dénoncer la dictature, ses innombrables abus, ses crimes de toutes sortes, et qui ne voyaient qu´une solution: le départ de Faure Gnassingbé et de tout son système du pouvoir, trouvent que Agbéyomé Kodjo n’est pas celui qui pourrait devenir président du Togo. En d´autres termes, ils préfèreraient le statu quo au lieu du candidat de la dynamique comme président. Une curiosité togolaise!

Sur les réseaux sociaux il n´est pas rare que des militants ou responsables de partis politiques, pas des moindres, se réjouissent des tracasseries dont Agbéyomé Kodjo est victime de la part du RPT-UNIR, et du fait qu´il soit aujourd´hui entré dans le maquis, sa vie étant menacée, parce qu´il a refusé de se laisser corrompre. Il n´y a pas longtemps, notre ami Fulbert Attisso de la dynamique titrait l´une de ses réflexions comme suit: « Au Togo, l’opposition est devenue l´ennemie de l’opposition ». Non seulement l´opposition est contre l´opposition, mais ce qui est très grave, c´est qu´elle est devenue l’ennemie du peuple togolais auquel ces leaders promettaient le ciel et la terre pour sa liberté. Aujourd’hui nous avons quelqu´un qui est arrivé premier aux présidentielles de février 2020 et qui sait bien résister à l’usurpateur patenté Faure et sa bande. Et c’est à ce moment que des « opposants » dont certains avaient même reconnu que Agbéyomé Kodjo était le  mieux placé avant le dépouillement, se rétractent, doutent que le candidait de la dynamique ait pu réaliser le score dont il se réclame, demandent même l’annulation du scrutin, parce que d´après eux, les circonstances seraient tellement floues pour qu´on puisse parler de vainqueur. Parce que ce n´est pas moi qui suis arrivé premier, c´est un autre, donc que le statu quo avec Faure Gnassingbé demeure. Bizarre, surtout stupide et méchant pour une opposition qui court après l´alternance depuis presque quatre décennies.

Aujourd’hui Faure Gnassingbé ne dirige plus. Depuis sa soi-disant victoire aux présidentielles de février 2020, et sa supposée prestation de serment le 03 mai 2020, le Togo ressemble à un navire à la dérive. Les morts suspectes d´officiers supérieurs originaires, comme par hasard, du même groupe ethnique et du même village, les assassinats de paisibles citoyens par les corps habillés en l’espace de quelques mois, ne sont pas de nature à améliorer la sérénité du fils d’Éyadéma et dans son entourage immédiat. Invisible en public depuis le 03 mai 2020, celui qui rêvait d’un quatrième mandat, semble avoir compris que son pouvoir usurpé est en train de s’effriter. Les patates chaudes dans les mains de Faure Gnassingbé que Agbéyomé Kodjo avait vues avant tout le monde, semblent vraiment faire mal. Nous n´exagérons pas si nous affirmons que le pouvoir au Togo est désormais dans la rue. Une situation dont devrait profiter toute opposition responsable pour donner le coup de grâce au dictateur. L’opposition d´un pays comme le Mali, dont la situation politique moins le djihadisme n´est pas aussi mauvaise que celle de notre pays, mobilise les foules pour demander le départ de leur président.

Au Togo les leaders de l’opposition attendent tranquillement que Faure Gnassingbé reprenne du poil de la bête pour revenir en force, et passent le clair de leur temps à se réjouir silencieusement des déboires judiciaires et de la persécution dont sont victimes les membres la dynamique Kpodzro avec Agbéyomé Kodjo en tête. Les rares qui essaient de se réorganiser en promettant de mettre fin à la politique-spectacle ont amorcé un mauvais départ en ignorant la victoire de la dynamique, de son combat et de l’acharnement dont il fait l´objet de la part du régime de dictature. Pourquoi ne pas mettre de côté l´égoïsme, la jalousie, l’esprit partisan  pour revenir à la raison et savoir que seule une organisation autour de la dynamique pour revendiquer d´une seule voix la victoire de son candidat aurait plus de chance  pour faire partir Faure Gnassingbé que toute autre initiative d´une quelconque frange de l’opposition?

Samari Tchadjobo

13 juillet 2020

Allemagne

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