Le processus de fragilisation du Cameroun se joue sur plusieurs fronts. Le premier confié aux terroristes de Boko Haram dans l’extrême Nord. Le second cédé aux “sécessionnistes” du Southwest/Northwest. Le troisième conduit par Orange, la filiale Camerounaise de France Telecom.
Actionné depuis plusieurs années, Boko Haram a été repoussé par l’armée Camerounaise et “cantonné” au Nigeria. Incapable de défigurer ce pays à partir du Nord, les impérialistes suscitent en 2016 le réveil des velléités séparatistes dans le Northwest/Southwest. Cependant, les mouvements insurrectionnels mis à contribution sont stoppés par la machine du professionnalisme de la cuirassée Camerounaise. L’embrasement attendu en Octobre 2017 n’aura pas lieu malgré l’implication Orange.
Jeu trouble d’Orange-Cameroun
En effet, la ruse engagée par Orange-Cameroun consistait à asphyxier financièrement Camtel, l’opérateur de téléphonie nationale—L’une des entreprises publiques stratégiques du Cameroun. Orange déclenche ce processus en refusant de payer à l’opérateur Camerounais, une facture d’un an de service reçu. Cette affaire connaît un double pic en Octobre 2017. D’abord du 5 au 7 lorsque la Société de téléphonie Camerounaise déconnecte la filiale de France Telecom de ses réseaux de fibre optique.
Mais sur injonction de Philémon Zo’o Zame, Directeur de l’Agence de Régulation des Télécommunications(ART), David Nkotto Emane, Directeur Général de Camtel accorde une rallonge d’exécution à Orange. Cette dernière qui juge “l’attitude de Camtel illégale,” et allègue ne rien lui devoir, s’obstine à ne pas exécuter le redressement financier que lui exige son fournisseur Camerounais.
Face à cette déloyauté, il y a Nkotto Emane. Cet incorruptible qui veille de près au moindre centime qu’on doit à la Compagnie placée sous sa tutelle managériale. Déterminé, sans complexe, ininfluençable, Nkotto suspend une seconde fois, le 16 Octobre, l’indélicate Orange de son réseau.
Mauvais rôle de France Telecom
L’intransigeance de Nkotto paie. Orange paie sa note. Des questions cependant demeurent. Pourquoi “Orange[qui]estime que l’attitude de Camtel est illégale,” dénoue-t-elle le cordon de la bourse pour effacer son ardoise? Pourquoi tant d’agitation autour de cette minable somme par rapport aux milliards de FCFA annuels de bénéfice que cette multinationale engrange rien que dans ce pays avec un peu plus de 20.000.000 d’abonnés? Ces questions appellent une autre. Pourquoi les filiales des multinationales Françaises sont-elles les seules récalcitrantes parmi les partenaires économiques des Etats Africains?
L’affaire Camtel-Orange répond. Les raisons de cette arrogance des entreprises Françaises est moins le désir de la France d’exercer un droit de tutelle sur ces Etats. Mais de les séquestrer dans des conflits géostratégiques dont elle en tirera les prébendes. Si non, rien n’explique que seule la succursale de France Telecom pose problème à Camtel, partenaire-fournisseur de plusieurs filiales des multinationales étrangères.
Duplicité et media Français en renfort
Dans sa logique, la France utilise une de ses armes favorite. La duplicité. Sans se soucier de ses mauvais services exposés par la presse le 30 Octobre, elle multiplie les communiqués entre les deux suspensions. Tantôt, elle conteste ne pas devoir à Cameroun Télécommunications la modique somme de “1,6 milliard de FCFA TTC, portant sur des “capacités managées” en sécurisation” qui selon elle “ne fait l’objet d’aucun contrat, ni sur la nature du service, ni sur le montant, ni sur la durée.” Tantôt, elle claironne qu’elle a versé la moitié de la somme due—700 millions FCFA. Seulement, à la banque qui héberge les comptes des deux protagonistes, nulle trace d’un mouvement de compte en faveur de Camtel. Interpeller, Orange ment. Elle annonce que le dossier des transactions est en cours de traitement par ses services.
D’un communiqué contradictoire à l’autre, Orange ne convainc pas l’opinion Camerounaise qu’elle voulait dresser contre son fournisseur. Les media Français en renfort, RFI et France 24 en particulier, qui incitent à la haine, à la déstabilisation du pays et tentent à travers des propagandes parfois stupides, à mettre en péril les relations entre les Camerounais, n’influence ni la position du patron de Camtel, ni la détermination des Camerounais à soutenir ce patrimoine de souveraineté nationale.
Le “la” de Nkotto Emane
Pour un peuple qui “autrefois a vécu dans la barbarie et qui peu à peu est sorti de la sauvagerie,”—pour paraphraser un vieux extrait de son hymne national, produit de la colonisation—, l’opportunité lui avait été donné par Orange pour confirmer son statut de peuple Africain patriotique sur ses terres et ailleurs.
Nkotto Emane, le dicteur du “la” de cette mobilisation patriotique apparaît aux Camerounais comme un phare au milieu de la mer. Mais aussi comme un soldat au front avancé qu’on abat quand il recule face à l’ennemi. Son engagement pour la nation avait jeté le trouble même au sein des media au service des intérêts étrangers qui amortissent leurs charges en s’accrochant aux mamelles financières des prédateurs du continent.
Media sans conviction nationaliste
l’“obstination” productive de Nkotto Emane permet d’observer une fracture dans la grille de lecture médiatique Camerounaise. Les camps qui s’étaient signalés lors des revendications sécessionnistes de Septembre, suivies de leur tentative insurrectionnelle de la première semaine d’Octobre, se confirment. Ceux qui légitimaient la sécession, donc la guerre, par leurs récits se rangent aux côtés du système colonialiste représenté par Orange-Cameroun.
A leur Une, on peut lire, “La mise au point d’Orange-Cameroun.” Ou “Orange sort de sa réserve.” Ou encore, “Camtel défie l’ART.” Puis, commentent. “Malgré les injonctions et la médiation du régulateur, l’opérateur historique du secteur des télécoms, n’est pas disposé à rétablir les liaisons à fibre optique de l’opérateur Orange-Cameroun, coupées à cause d’une facture présumée impayée de 1,6 milliards de FCFA.” Des titres qui faisaient croire qu’Orange était la victime. Une technique de communication des impérialistes et de leurs agents locaux qui font passer le bourreau pour la victime.
Lorsque France Telecom coincée au fond d’une voie sans issue paie enfin la somme due à Camtel, les mots pour couvrir la honte de cette multinationale pilleuse ne manquent pas. Certains pions à l’intérieur écrivent, “Orange cède aux menaces de Camtel.” Plusieurs mots et fractions de phrase trahissent leur collusion. “Facture présumée impayée.” “Menaces.” Et d’autres. Des mots au premier degré sans importance. Mais qui pèsent sur l’interprétation du déroulement et du dénouement de cette fichue escroquerie Gauloise. Néanmoins, des personnes réfléchies s’étaient interrogées quant à l’unité de valeur de ces mots et d’autres consignés dans le même registre. Une multinationale de la taille de France Telecom dans ses droits peut-elle “céder aux menaces” d’une petite “boîte” comme Camtel?
D’autres publications optent pour un autre ton. Elles jouent la symphonie des mots qui ne plaisent pas aux oreilles des rapaces. “Orange évite de justesse le K.O.” Ecrit un journal qui analyse. “Apres avoir résisté pendant plusieurs jour, Orange-Cameroun a finalement réglé la facture que lui réclamait Camtel. Epilogue d’un feuilleton qui a duré près de deux semaines.” Un autre organe de presse indique à sa Une “le troublant comportement d’Orange Cameroun.” Ensuite, développe sans complaisance. “Dans le différend l’opposant à Camtel, l’opérateur Français a affiché sa cupidité et sa vénalité.” Une autre affiche à sa Une, “L’étau se resserre sur Orange.” Il commente. “Camtel entend apporter ce jour, lors d’une conférence de presse, la preuve de la mauvaise foi de la filiale Camerounaise de France Telecom.”
Le décryptage de ce monde médiatique donne l’occasion de saisir les enjeux sous-jacents de l’analyse de ces journalistes par rapport à la défense de l’intérêt national. Puis révèle de profondes divergences de cette corporation sur son patriotisme Camerounais.
Valets locaux avertis
Il n’y a pas qu’une certaine caste de journalistes, valets de France Telecom. Elisabeth Medou Badang, Directrice Générale de Orange et Philémon Zo’o Zame, sont de ceux-là. il est reproché à ce dernier de n’avoir pas respecté le Décret présidentiel qui l’a nommé au sommet de l’ART pour servir les intérêts Camerounais. Mais d’avoir été aussi laxiste dans le règlement de ce litige. Mis dans un même panier, Medou Badang et Zo’o Zame sont soupçonnés de corruption par la multinationale Française. Mais ne pouvant faire plier Nkotto, le journaliste et activateur politique François Bikoro, déclare, “personne ne doit plus prendre les sacs d’argent de qui que ce soit pour prétendre ne pas respecter la règlementation d’un pays Africain et principalement du Cameroun.”
Sur ce, les chefs d’entreprises Camerounaises ont été invités à “bosser véritablement pour l’Etat. A se mettre au service de celui-ci au lieu d’être à la manœuvre pour des intérêts occultes, des intérêts étrangers, ou des intérêts égoïstes…et à mettre à profit le décret qui les nomment pour la nation.” D’autres comme Simo Ndé, ont conseillé leurs compatriotes à boycotter les puces de communication Orange pour s’abonner à l’opérateur national. Comprendront-ils l’enjeu d’un tel appel?
Emplois préservés, familles sauvés
En attendant, Nkotto Emane a placé Camtel sur les rails de la conquête de la souveraineté économique du Cameroun. La bataille doit cependant être rude. Car le bloc des corrompus-corrupteurs n’ont pas encore digéré la massue nationaliste de Nkotto. D’ailleurs, “Orange en concubinage avec quelques Camerounais qui croyaient que ce qui se faisaient hier, pouvait encore se faire aujourd’hui” comme l’a dit Bikoro, sont dans tous les états et peaufinent le plan de déchéance de Emane.
Le coup de canif du Directeur de Camtel sur l’escarcelle de France Telecom a eu deux résultats positifs. D’abord, il a freiné l’occident dans son incitation à la privatisation de ce secteur clef de l’économie mais surtout de la sécurité du Cameroun. Ensuite, il a évité à cette Compagnie dont le budget est de 155 millions de dollars, gérant 47 Centraux téléphoniques, 76 Concentrateurs, 75 Stations relais, 3 Centres de télécommunications par satellite—Douala, Yaoundé, Garoua—la mise au chômage de 3400 chefs de famille—dont 1000 ingénieurs. Et garanti ainsi la survie d’au moins 17, 000 dépendants.
Dr Feumba Samen
{fcomment}