Réaction du Docteur James AMAGLO suite à sa mise en cause par Me AGBOYIBO dans son message aux responsables et militants du CAR à propos de la crise au sein du parti
Dans son message aux responsables et militants du CAR, Me AGBOYIBO, président d’honneur du parti, tente de me présenter comme le responsable de la grave crise que nous traversons en affirmant que je l’ai rencontré à plusieurs reprises pour le convaincre d’accepter de reprendre la direction du parti en lieu et place de Me APEVON, le Président actuel.
Je suis outré, choqué et triste d’assister à la déchéance de celui qui faisait hier notre fierté et qui est devenu aujourd’hui méconnaissable, abandonné par la sagesse et réduit à utiliser les méthodes les plus viles pour parvenir à ses fins.
Je tiens à proclamer très solennellement qu’à aucun moment je n’ai proposé à Me AGBOYIBO de reprendre la direction du CAR.
Par souci de ne pas envenimer une atmosphère déjà très invivable au sein du parti, je n’avais pas souhaité au départ répondre à ce que je continue de considérer comme une mauvaise plaisanterie, une mauvaise pièce de théâtre montée par Me AGBOYIBO en mal d’inspiration.
Je me suis finalement résolu à le faire en constatant avec dégoût et indignation que Me AGBOYIBO, loin de tirer leçon du tollé général suscité par son « œuvre », croit avoir réalisé un exploit, croit avoir mis sur le marché un best-seller et s’en glorifie en amplifiant la diffusion par ses canaux habituels de manipulation de l’opinion.
Mais il a oublié que les temps ont changé.
La réalité des faits
Plusieurs semaines avant que ne s’instaure le débat malsain et puant sur le retour de Me AGBOYIBO à la tête du CAR, le Présidium, organe d’orientation et de mise en œuvre des décisions du Parti, avait engagé des discussions sur la situation sociopolitique de notre pays caractérisée par l’impasse dans la mise à exécution des réformes.
Au cours de ces discussions, Me AGBOYIBO, après avoir longuement insisté sur l’échec des Partis Politiques dans leur mission de conduire à terme le processus de démocratisation de notre pays, a fait observer que compte tenu du délabrement actuel des rapports entre les Partis Politiques de l’opposition, ceux-ci doivent être mis en veilleuse pour l’émergence d’un Cadre Citoyen, seule alternative crédible pour relancer la lutte pour la réalisation des réformes préconisées par l’APG.
Ce raisonnement a convaincu plus d’un. La seule difficulté a été de trouver la stratégie pour la mise en place de ce cadre citoyen.
En ce moment-là, Me AGBOYIBO a donné à la plupart d’entre nous, et particulièrement à moi, l’impression d’être intéressé par le pilotage du mouvement citoyen.
D’ailleurs, il a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il souhaitait être déchargé de son titre de Président d’Honneur pour avoir les coudées franches pour d’autres activités.
Preuve patente, il a fait supprimer le titre de Président d’honneur dans le projet de statuts à adopter par le congrès en préparation, projet déjà examiné par le Présidium (instance de réflexion) et le Comité Directeur (instance de décision du parti).
Le 23 Novembre 2015, un point relatif au renouvellement des structures du Parti au cours du congrès a été inscrit à l’ordre du jour du Présidium.
Les premières personnes à prendre la parole ont affirmé de manière choquante et péremptoire que le CAR est en léthargie, qu’il est en pleine déconfiture et que par conséquent, il faut rappeler Me AGBOYIBO à la tête du Parti pour redresser la situation.
Ces affirmations gratuites faites avec une légèreté blâmable, ont amené d’autres intervenants, comme moi, à réagir spontanément pour s’insurger contre ces déclarations et démontrer qu’au contraire, c’est maintenant que le CAR revient dans le cœur des Togolais après avoir connu le purgatoire.
Ils ont par ailleurs précisé avec force qu’aucun membre du Présidium, y compris Me AGBOYIBO, ne peut se soustraire du bilan du bureau actuel puisque c’est au Présidium que toutes les stratégies ont été définies et mises en œuvre depuis 2008.
C’est en ce moment que, tenant compte du débat antérieur sur le mouvement citoyen, j’ai proposé qu’au cours du congrès en préparation, le président national du parti confie publiquement à Me AGBOYIBO, président d’honneur du CAR, la mission de prendre des contacts utiles pour relancer le débat sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Cette proposition a été vigoureusement combattue par les chantres du retour de Me AGBOYIBO qui ont argumenté que si on reconnaît que ce dernier peut encore jouer un rôle politique, pourquoi alors refuser qu’il prenne la Direction du Parti.
Les adversaires de cette thèse ont fort logiquement fait observer qu’il n’est pas indispensable que Me AGBOYIBO soit à la tête du parti avant de contribuer à la résolution des problèmes du pays. Ils ont, par ailleurs, rappelé que le Président d’honneur a lui-même démontré auparavant que les partis politiques de l’opposition doivent être mis entre parenthèse pour la réussite du mouvement citoyen et qu’il est donc illogique de soutenir que c’est au moment de la mise en veilleuse de tous les partis de l’opposition qu’il prendra la commande du CAR.
La tension était vive et l’ambiance électrique. Le Président National qui, au départ, écoutait les uns et les autres sans broncher, avait, en un moment donné, rompu son silence pour fustiger ceux qui ont allégué que le Parti était dans le gouffre, argument fallacieux sur lequel ils s’appuient pour justifier leur position. Il a menacé de les dénoncer publiquement.
Chaque camp ayant maintenu sa position, les discussions ont été reportées à une prochaine séance du Présidium.
C’est donc du pur mensonge d’affirmer, comme Me AGBOYIBO l’a fait dans son message, qu’à la réunion du 23 novembre 2015, il y a eu consensus pour son retour à la présidence du CAR.
A la fin de la réunion, je suis resté pour faire prendre conscience à Me AGBOYIBO de la grave tension que la proposition de son retour à la direction du parti a créée dans le groupe, du risque d’implosion du parti si ce débat n’est pas arrêté immédiatement. Je l’ai alors supplié de renoncer à son projet de reprendre la direction du parti.
Il m’a donné l’impression d’avoir compris et m’a demandé d’approfondir pour la prochaine réunion du présidium ma proposition sur la mission à lui confier.
A la demande de Me AGBOYIBO, j’ai rencontré une deuxième fois ce dernier à son domicile. Tout au long de nos échanges qui se sont déroulés en présence de Monsieur BINAFAME qu’il a invité aussi, j’ai demandé avec insistance au Président d’honneur de mettre fin au débat sur son retour à la tête du CAR et d’accepter, qu’en symbiose avec le Président national, Me APEVON, une mission lui soit confiée dans l’intérêt du parti et du pays.
Une fois encore, il m’a donné l’air d’avoir compris.
Constatant avec effroi la détérioration de plus en plus poussée du climat au sein du parti avec pour illustration l’agressivité avec laquelle les membres s’adressent désormais les uns aux autres, j’ai rencontré, à ma demande, Me AGBOYIBO, toujours à son domicile, pour lui réitérer d’abandonner son projet.
Les autres réunions du présidium et des comités restreints auxquels j’ai participé ont tourné court et j’ai compris que ma proposition consistant à confier une mission spécifique à Me AGBOYIBO n’intéressait pas ce dernier qui n’est pas du tout disposé à renoncer à son projet de reprendre la direction du parti.
En son âme et conscience, Me AGBOYIBO sait que j’ai tout fait pour le persuader d’abandonner son projet de reprendre la direction du parti, parce qu’une telle initiative ne répond à aucune logique culturelle, éthique et morale de notre milieu. Ce sera même une régression par rapport à la leçon d’alternance à la tête du parti opérée en 2008.
Il sait très bien qu’à aucune de nos trois rencontres à son domicile, je ne lui ai demandé de revenir à la tête du parti.
Le plus surprenant, c’est qu’il considère ma prétendue démarche à son endroit comme l’élément qui a réveillé son appétit de s’emparer de la direction du parti et malgré l’hostilité que manifeste la grande majorité des militants à ce projet, il s’y accroche. Ce qui montre clairement que l’ambition de reprendre la présidence du CAR a été murie et arrêtée depuis longtemps par Me AGBOYIBO. Le reste n’est que de l’habillage.
Encore une fois, je le supplie à genoux de renoncer à l’idée d’évincer Me APEVON de la direction du parti, afin que la sérénité revienne en notre sein pour nous permettre d’affronter, dans l’union, les grands défis auxquels notre pays, le TOGO, est confronté.
Fait à Lomé, le 21 mars 2015;
Le Commissaire Chargé des questions politiques et institutionnelles
Docteur James AMAGLO;