NON. Et il faut éviter de susciter des faux débats sur le Panafricanisme
Ce matin, j’ai surpris une contribution de Calixthe Beyala dans le fil d’actualité Facebook. Dans cette contribution, elle félicite le Président du Gabon parce qu’il donnerait du travail à tous les Africains au Gabon. Pour elle, cela est le vrai panafricanisme sans la vaine rhétorique qui la caractérise chez d’autres. Elle a donc profité de la tribune qu’elle s’est offerte pour donner sa vision du Panafricanisme en ces termes :
« …. Pour la panafricaniste que je suis, un Tchadien pourrait diriger le Cameroun, un Sénégalais le Gabon ou un Ivoirien le Burkina…
… Bravo à tous les dirigeants Africains qui font travailler dans leur pays des noirs venus de partout ! Merde à tous ceux qui parlent d’Ivoirité, de Gabonité ou de Camerounité ! Ils ont déjà raté le train de l’avenir, celui du panafricaniste ! »
Je respecte cette opinion de notre sœur.
Mais ce débat intéresse tout combattant africain de la Liberté. Et au nom de la Liberté d’opinion, je m’autorise tout aussi, et cela est à titre personnel, à partager ma vision du Panafricanisme dont nous nous réclamons tous, presque tous, entant qu’Africains engagés dans un combat révolutionnaire.
Pour moi, le Panafricanisme adresse la cause africaine. Et la cause africaine, ce sont les défis transversaux que l’Afrique tout entière doit relever.
Le tout premier des défis transversaux, c’est le défi de l’Indépendance économique et politique de l’Afrique contre les prédateurs occidentaux et arabes. Ces deux civilisations ayant colonisé et exploité l’Africain comme animal de travail et marchandise de commerce, ne peuvent que garder comme réflexe, la perpétuation sous une forme ou une autre, de leur domination psychologique, culturelle, économique et politique d’autrefois sur l’Afrique actuelle. L’Afrique ne doit-elle pas son nom à Afriqya, le premier Arabe à soumettre les Africains du Nord comme esclaves ?
Le second défi et non des moindres, est le défi de la Solidarité africaine. Cette solidarité peut être sociale (permettre l’accès de tout Africain à l’emploi privé local ou au système éducatif national, avoir un élan de solidarité en cas de situation d’urgence humanitaire, etc.) ou politique (l’assistance en matière de résolution de conflits internes, l’assistance en cas d’agression extérieure, les motions de soutien dans les votes concernant les questions nationales posées dans les instances internationales, etc.)
Cela dit, le Panafricanisme, s’il faut le résumer en quelques mots, est un mouvement de solidarité, une alliance stratégique inspirée des valeurs ancestrales entre Africains afin de parler d’une même voix lorsqu’un fils de l’Afrique est aux prises avec des forces extérieures à l’Afrique ou bien afin de venir en aide à d’autres Africains lorsqu’ils ont besoin d’un bon système éducatif, d’un système économique qui donne plus d’opportunités ou d’un climat social qui favorise la cohésion sociale alors qu’ils ont du mal à s’entendre.
En aucun cas donc, le Panafricanisme ne peut être un mouvement visant à provoquer une fusion absorption de tous les Etats africains en un seul Etat ; ce qui permettrait à n’importe quel individu venu de l’autre bout du continent, de débarquer dans un environnement socioculturel et politique qu’il ignore et d’y tenter un business politique, une aventure chaotique comme c’est le cas actuellement en Côte d’Ivoire.
Le Panafricanisme ne peut et ne doit viser à un renoncement à nos identités propres afin de créer une identité africaine, quelque chose qui n’existe pas et qui doit être considérée de façon abstraite comme existant. Procéder ainsi, c’est vider l’Afrique de toute vision patriotique, réduire l’Africain à simple sujet économique, sans aucun passé en le fondant dans une masse dans laquelle il perdrait tous ses repères.
Aucune théorie politique, aucune opportunité sociale ou économique, acquises loin de ses terres natales ne peuvent couper un individu de la terre qui l’a vu naître, de la terre et la poussière qu’il porte en son âme. C’est plus que physique ou physiologique. C’est spirituel.
Et, cette Vérité, l’Attachement de Calixthe Beyala au Cameroun dans une France qui lui a enseigné toutes les théories occidentales et donné d’avoir des opportunités économiques et sociales que la Cameroun n’aurait pu lui donner, finit par nous convaincre qu’elle est universelle et infalsifiable.
C’est pourquoi il faut éviter de réduire le Panafricanisme à une idéologie occidentaliste qui veut que l’Afrique soit perçue comme un gros pays remplis de Nègres à l’intérieur duquel les notions de Souveraineté, d’Etats libres et Patries n’existent.
Non. Il ne faut pas réduire le Panafricanisme à une idéologie de désordre et à une opportunité d’imposture au profit d’aventuriers à la solde des prédateurs de l’Afrique.
NON. Et il faut éviter de susciter des faux débats sur le Panafricanisme. La solidarité, ça ne veut pas dire « laisser le voisin dormir dans ton lit avec ta femme pendant que toi et les enfants, vous dormirez à la terrasse ». Que celui qui se dit avoir les talents d’un meilleur Chef chez lui, fasse ses preuves chez lui. Pas chez les autres.
La Côte d’Ivoire n’a que trop souffert de ces théories de « Pays Pour TOUS et pour Personne ». C’est à la limite l’équivalent du « mariage pour tous », cette abomination contre laquelle le Panafricanisme africain doit se dresser. Aussi et surtout.
A Très Bientôt.
Hassane Magued.
La Révolution Permanent
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