Mais il vit très reclus, à cause de cet enfant qu’il a eu en 1998. Le petit vit avec sa mère et a moins de contacts avec son père
La rubrique »Dossier Choc » de Star Magazine avait consacré ses colonnes à la vie, hors église, des prêtres. Témoignages et révélations en rapport avec l’alcool, les femmes et business avaient été faites sur la vie de ces dirigeants de l’Église catholique. Huit mois après, votre tabloïd revient cette fois-ci sur les enfants des prêtres qui, peut-être avec surprise et étonnement pour certains, existent bel et bien. Petit dossier sur ces mômes de religieux.
»Il faut les laisser se marier «
Rumeurs, affront, honte, culpabilité… C’est dans ce cocktail de sentiments que la quasi-totalité des enfants, nés d’une relation interdite d’un prêtre avec une femme, vivent depuis qu’ils ont vu le jour. Comme s’ils étaient nés d’un viol ou qu’ils avaient été ramassés dans une poubelle, leur vie attirent des regards curieux, mais très souvent intrigués ou moqueur. Les enfants de prêtres existent à travers le monde. »À l’âge de 16 ans, Anne-Marie Mariani apprend par son oncle qu’elle est née des amours interdites entre un prêtre et une religieuse. Le choc. Elle ignorait tout de ce passé, ses parents ayant quitté l’Église catholique depuis très longtemps. Mais ce secret a pesé lourdement sur la vie familiale. Aujourd’hui, Anne-Marie Mariani souhaite, par son témoignage intime et rare, lever le voile sur les »enfants du secret » qui, affirme-t-elle, sont beaucoup plus nombreux qu’on pourrait l’imaginer.
Elle a d’ailleurs créé une association, »Les Enfants du silence », pour leur offrir un lieu d’écoute, et demande à l’Église catholique de laisser à ses prêtres »le choix d’aimer, de se marier, d’avoir des enfants ». C’est ce que rapporte »Le Monde des Religions », un journal français qui a tendu son micro à cette femme née de l’amour d’un prêtre avec une religieuse.
»Aux yeux des gens, ils avaient brisé un interdit. Mes parents ont eu à vivre avec une culpabilité énorme, un sentiment de honte », avance dans l’interview, Anne-Mariani, une sexagénaire aujourd’hui.
Une vie de clandestin
En Côte d’Ivoire, notre enquête nous a conduit sur certaines pistes. À Abobo, précisément au quartier Samaké, dans les années 90, la plupart des jeunes étaient abonnés au foot, au Maracana pour être plus précis. Tous les jeunes d’un quartier non loin du rond point, jouaient dans des »comités » (tournois de Maracana). Sauf l’un d’eux, qui avait déjà choisi sa voie, à 16, 17 ans. Sa voie, c’était celle de Dieu. Étant catholique, le séminaire semblait être la voie toute trouvée pour pouvoir faire l’oeuvre de Dieu.
20 ans après, ce dernier est devenu prêtre. Mais, de sa vie de séminariste à aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Celui qui est un exemple dans le monde religieux est aussi père d’un garçon, vivant, sans le vouloir, loin de son géniteur, et même loin des grands bruits. »Jérôme B. est quelqu’un qui a bien suivi son parcours au séminaire. S’il est devenu prêtre aujourd’hui, ça ne m’étonne pas. Il fait honneur à l’Église catholique. Mais il vit très reclus, à cause de cet enfant qu’il a eu en 1998. Le petit vit avec sa mère et a moins de contacts avec son père. Son père étant un grand dans l’Aumônerie d’Abidjan », explique sans plus de détails, un proche du prêtre, qui lui aussi a fait le séminaire, sans atteindre la vie sacerdotale.
Au sud d’Abidjan, un autre adolescent, Landry, subit une vie bien plus agaçante que celle du fils de Jérôme B. d’Abobo. En plus d’être le fruit d’une relation gérée dans le dos de l’église, Landry ne verra plus son père : celui-ci a tiré sa révérence, alors que son fils n’avait que 5 ans. »Le jeune Landry (nom d’emprunt, Ndlr) a au moins eu la chance de côtoyer son père. Les deux sortaient beaucoup ensemble pour aller à la plage et dans les autres endroits de détente. Il fallait ça pour que l’enfant ne sente pas la distance entre eux. Aujourd’hui, il va à l’école tranquillement. Il ne porte pas le nom de son papa, mais celui du frère de son père. Il vit chez sa mère ». Ces propos rapportés par une amie de la mère, traduisent le silence dans lequel cet enfant doit vivre, sans évoquer le père. »C’est un sujet tabou », nous dit Pierre-René, un père de famille.
Chose évidente. Ce qu’on ignore, Pierre a servi et fait, pendant longtemps l’œuvre de Dieu dans un pays voisin. Avec les enfants qu’il a eus il a promis à la mère de ces enfants-là, le mariage. Pour y arriver, Pierre-René a mis fin au sacerdoce. Rencontré dans un café, sur le Boulevard de Marseille, Pierre qui a dépassé le demi-siècle se confie : »J’ai quitté le ministère, comme beaucoup. Oui, effectivement beaucoup d’hommes de Dieu comme moi ont quitté le service. Chacun pour ses raisons. Mais, en Afrique, ce n’est pas un sujet comme la politique qu’on peut évoquer à tout bout de champ. Il faut être prudent », dit-il.
Sur ses enfants, notre interlocuteur refuse d’en dire plus, assurant toutefois qu’ils vont bien.
Comment s’en sortir ?
Anne-Mariani a créé sa structure avec l’aide d’une autre association »Plein Jour », qui apporte son soutien aux femmes de prêtres et bien sûr, aux enfants de prêtres à travers le monde. Elle espère faire réagir l’institution catholique sur la question du célibat des clercs.
L’organisation »Plein Jour », association de femmes, lutte pour l’abolition de la règle du célibat des prêtres. Sur le sujet, plusieurs théologiens, près de 140, tous des catholiques de plusieurs pays militent pour »une réforme de fond de l’Église de Rome ». Ils souhaitent la fin du célibat des prêtres, comme le dit le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Dans leur pétition intitulée « Église 2011 : un renouveau indispensable », ces religieux appellent également à l’ordination des femmes. …
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