Le changement de personnes dans la continuité du système
C’est uniquement à partir de ses racines qu’un peuple est maître de lui-même et se lance vers la conquête des cimes de la grandeur. Sans sa base culturelle d’où découlent les institutions nécessairement adaptables qui le gouvernent, un peuple est condamné à errer dans les bas-fonds de l’imitation la plus improductive, et ceci sur des décennies, des siècles ou des millénaires. En refusant de livrer ce combat premier, fondateur de la renaissance d’un peuple dominé et plongé sous l’éteignoir de la civilisation de leurs vainqueurs, les africains sabordent leurs capacités créatrices intrinsèques. Le mouvement vers l’avant ne peut, en pareil cas, qu’être un saut joyeux dans le vide et du brassage du vent accompli avec un air satisfait.
Les africains, privés d’imagination et désorganisés durablement (toutes choses contre lesquelles ils ne se battent que trop peu!), vont continuer de se contenter des aspects théâtral et superficiel de la démocratie occidentale transplantée en Afrique. Le changement pour le changement, le changement de personnes dans la continuité du système, le changement pour que rien ne change: telles sont les lois auxquelles les africains, refusant de reprendre leurs esprits à partir de la redécouverte de leurs cultures, sont soumis à une époque où, ils devraient être dans la gravité et dans une recherche permanente des voies originales et endogènes de gouvernance pour affronter les immenses problèmes actuels et futurs prévisibles. Ceux qui connaissent les lois de l’histoire, les forces qui gouvernent le monde d’hier à aujourd’hui, les instruments qui servent à capter les africains et à les détourner de leur voie naturelle de progrès, et ceux qui ont étudié la profondeur des défis et des problèmes de l’Afrique et de ses peuples morcelés, dispersés, acculturés, dominés, déprogrammés et reprogrammés pour être entraînés durablement dans les courants extérieurs, et qui n’ont ni peur de dire les choses telles qu’elles sont, sous peine d’être impopulaires et isolés, ni peur d’appeler au combat libérateur absolument incontournable qui attend sur le chemin de la renaissance africaine, ne peuvent pas se féliciter du « changement », de « l’alternance » au Nigeria. Ou Ailleurs.
1er avril 2015
KPOGLI Komla