Quand les États-Unis recrutaient des nazis

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Après la Seconde Guerre mondiale, en échange d’une généreuse récompense et de perspectives de carrière, d’anciens nazis étaient recrutés par la CIA et le FBI pour combattre l’URSS. Avec le temps, ces liens avec les nazis ont commencé à peser sur les Américains.

Les États-Unis ont activement recruté d’anciens nazis pendant la Guerre froide, révèle le livre Des nazis près de chez vous: comment les États-Unis sont devenus un refuge sûr pour les hommes de Hitler (The Nazis Next Door: How America Became a Safe Haven for Hitler’s Men). Son auteur, Eric Lichtblau, se base sur des archives déclassifiées montrant que des milliers de militaires et de chercheurs ayant servi le Troisième Reich sont partis après la Seconde Guerre Mondiale de l’autre côté de l’océan à la recherche d’une vie paisible.

En échange d’une généreuse récompense et de perspectives de carrière, la CIA et le FBI exigeaient de leurs « subordonnés » des informations précieuses et une aide pour combattre leur « ennemi juré » – l’URSS.

Le recrutement d’anciens collaborateurs du Troisième Reich a commencé dans les années 1950, à l’aube de la Guerre Froide. Cette décision a été prise par les dirigeants des deux principales directions des renseignements américains – Edgar Hoover et Allen Dulles. Selon eux, les ex-nazis pouvaient fournir à Washington toutes les informations nécessaires sur les plans de l’Union Soviétique, explique le docteur en histoire Sergueï Bouranok:

« Premièrement, ils avaient de la valeur pour les renseignements qu’ils détenaient sur l’Union Soviétique – il était question d’officiers des services secrets – concernant les méthodes de guerre contemporaine. On faisait aussi activement appel aux Biélorusses qui avaient collaboré avec le régime allemand, aux Ukrainiens, aux habitants des pays baltes, aux Hongrois et aux Croates. Le travail avec les Croates était supervisé par Hoover. Il pensait que ces régions – les Balkans, l’Europe de l’est – étaient les mieux placées pour combattre l’Union Soviétique, que les informations d’anciens agents allemands aideraient à lutter contre les communistes, et il les recrutait activement. Deuxièmement, il s’agissait d’une extension du réseau d’agents à travers le monde. Parce qu’ils ne travaillaient pas seulement contre l’URSS, mais même contre leurs alliés au Royaume-Uni, ainsi qu’au Moyen-Orient et même en Israël. »

Les nazis, eux, n’avaient rien à perdre car la peine de mort les attendait en Europe, ou au mieux la prison. Alors que les Américains leur proposaient une bonne rémunération et des conditions de vie correctes, déclare le docteur en histoire Dmitri Sourjik:

« On promettait la vie aux Allemands. Celle de beaucoup d’entre eux – même des criminels de bureau qui élaboraient des missiles et des armes nucléaires – était pendue à un fil. Deuxièmement, on leur promettait de l’argent. En effet, en arrivant aux USA certains experts en fusées allemands ont intégré l’armée américaine mais signaient également des contrats avec de très grands monopoles. En d’autres termes, on leur promettait la vie, une situation financière et de nouveaux documents: un nouveau départ à partir d’une page blanche. »

Les volontaires étaient nombreux. Parmi les principaux informateurs des USA on compte ainsi Otto von Bolschwing, le bras droit d’Adolf Eichmann, responsable logistique de la « solution finale ». Grâce à son service dévoué pour Washington Bolschwing a plus tard reçu la citoyenneté américaine. Et les exemples ne manquent pas. Cette « amitié » était profitable aux deux camps car les renseignements des nazis ont considérablement aidé les Américains, souligne l’historien Dmitri Sourjik:

« Les liens avec d’anciens criminels de guerre ont été activement exploités et ont notamment aidé les Américains pour la construction des fusées. Bien que les USA y aient travaillé, la qualité de leurs appareils était alors inférieure à celle des Soviétiques. Les chercheurs nazis ont permis de faire significativement avancer le programme américain de fusées. Puis on établissait le contact avec la clandestinité nationaliste. Et toute une pléiade de nationalistes ukrainiens a été recrutée à titre de consultants dans divers services du département d’État.

Ils étaient chargés des contacts avec la clandestinité nationaliste dans le domaine du renseignement. Ces contacts recueillaient des informations – autrement dit ils avaient construit un réseau d’informateurs sur la situation en Union Soviétique. »

Avec le temps, ces liens avec les nazis ont commencé à peser sur les Américains. C’est pourquoi au début des années 1980 beaucoup d’entre eux ont été « priés » de quitter leur asile et de revenir en Europe. Bien évidemment moyennant rémunération. Et les ex-nazis ont évidemment accepté.

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