La nouvelle banque du monde? C’est la Chine…

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La décision de la Chine de porter secours à la Russie, alors qu’elle vient également de le faire pour le Venezuela et l’Argentine, indique que le système de Bretton Woods est définitivement enterré, et elle marque la fin du rôle des Etats-Unis comme clé de voûte de ce système, affirme Wiliam Pesek de Bloomberg. Des institutions telles que le Fonds Monétaire International (FMI), ou la Banque asiatique de Développement (BAD), n’auront bientôt plus de raison d’être, au train où vont les choses, prophétise-t-il.

Cela fait des décennies que la Chine préparait son entrée comme prêteur de dernier ressort sur la scène internationale. Le FMI et la BAD sont des organismes pléthoriques, peu enclins à revoir leurs méthodes et leurs visions. Mais lorsque le FMI a octroyé un prêt d’urgence de 17 milliards de dollars à l’Ukraine cette année, il l’a fait pour porter secours à une économie d’une importance stratégique, et non pour exercer un chantage politique, affirme Pesek.

Mais la Chine a d’autres motivations : lorsqu’elle décide de prêter de l’argent à un pays en difficultés, elle ne se soucie pas des mesures qu’il compte prendre pour résoudre ses problèmes économiques, ni de l’efficacité de son système fiscal ou du niveau de ses réserves. Ce qui compte pour elle, c’est de s’en faire un allié loyal, en particulier sur la question de Taïwan, des conflits territoriaux dans lesquels elle est impliquée, ou de l’immixtion de l’Occident dans sa manière de respecter les droits de l’homme. Comme la Russie aujourd’hui, l’Argentine et le Venezuela étaient déjà brouillés avec les Etats-Unis et leurs alliés, lorsqu’ils ont bénéficié de l’aide chinoise, et il leur était facile de respecter cette condition.

En 2011 et 2012, l’Europe aussi avait tendu sa sébile à la Chine, lui proposant de racheter massivement des obligations souveraines. Compte tenu du contexte économique et géopolitique actuel, nous pourrions connaitre une redite de cet épisode en 2015, estime Pesek. Les dirigeants européens seraient alors invités à se montrer moins pressants à l’égard de l’Empire du Milieu sur le plan diplomatique.

De même, la décision de la Fed de réduire ses injections de liquidités pourrait avoir pour effet d’affaiblir les économies de pays asiatiques tels que l’Inde, l’Indonésie, le Cambodge, le Laos ou le Vietnam, par exemple. Contrairement aux institutions telles que le FMI, la Chine ne pose pas de contraintes pour l’octroi de ses prêts, ce qui rend son offre bien plus attractive que celles de ces organismes.

Mais lorsque la Chine a consenti à prêter 24 milliards de dollars à la Russie, elle a permis au président russe Vladimir Poutine de consolider son pouvoir, écartant ainsi la possibilité d’une diversification du pays, bien trop spécialisé sur ses ressources pétrolières, alors que celle-ci s’avère nécessaire.

On peut aussi s’inquiéter de l’effet de l’intervention de l’argent chinois sur des pays dotés de gouvernements voyous, comme le Soudan ou le Zimbabwe.

Mais le nouveau rôle de secouriste des pays en difficulté de la Chine pourrait avoir un effet bénéfique : il pourrait forcer le FMI, la Banque Mondiale et la BAD à revoir leurs méthodes d’intervention pour qu’elles soient mieux adaptées aux nouvelles réalités économiques. Mais plus vraisemblablement, il aura pour effet d’encourager de mauvaises pratiques politiques et d’entraver le développement économique au détriment du monde entier, conclut-il.

http://www.express.be

 

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