Sa gouvernance c’est le surplace qui immobilise toute une nation, qui anéantit tout espoir d’un avenir meilleur…
Pour se flatter d’un avenir, hélas, en pointillés, Faure Gnassingbé fait le crâneur et exhibe ses muscles. Dans son discours de fin d’année, d’un ton plutôt digne d’un chef de guerre, Faure Gnassingbé cherche à donner une haute idée de sa personne alors que tout le monde sait comment il est venu au pouvoir. Le hâbleur, dans son homélie, n’a trouvé aucune incommodité à superposer menaces et dilatoires, pour en venir, sans états d’âme, à mettre une croix sur ses promesses de réformes politiques. Ce qui l’intéresse, à l’écouter, ce ne sont plus les réformes elles-mêmes, mais une commission de réflexion dont l’objectif inavoué n’est autre que de les enterrer.
Le fils d’Eyadéma n’a pas trouvé mieux que cette idée étrange et ridicule contenue dans le chiffon qu’on lui a fait lire devant la nation. Dix années de déstructuration de la société togolaise, ce n’est pas assez pour le boucher de 2005, un président farceur qui, de plus en plus, a du mal à cacher son plan de faire du Togo l’Albanie d’Enver HOXHA. Trop puissant pour que quiconque le devie de son choix du pire. Libre au roi souverain qu’il veut être! Mais il aura aussi choisi d’être le prochain Gbagbo devant le TPI.
En lieu et place d’un bilan vigoureux, il est allé s’évader dans des broutilles qui n’intéressent pas grand monde, notamment son machin de campagne “FNFI baptisé Accès des pauvres aux services financiers” ou encore “l’organisation territoriale en régions militaires, de gendarmerie et de police nationales”. Notre président, tel un publicitaire qui ne connaît pas son cap, va ensuite épiloguer sur les élections présidentielles dont il se veut être le garant. Monsieur le Président, où sont les locales? Il n’en soufflera mot. Tout comme il ne citera pas une seule fois la diaspora dans son allocution alors même que les Togolais de l’étranger ont injecté, cette année, près de 350 million de dollars dans l’économie, soit le quart du budget national.. Mail il trouvera les mots de se faire menaçant et de réduire, sans honte, l’état à sa personne : “ l’Etat se montrera inflexible à tous les niveaux, face à toute tentative visant à remettre en cause la paix et la stabilité dont jouissent les Togolais”. En clair, j’y suis, j’y reste. A l’infini. Sans nul doute, Faure est, au Togo, ce que fut, dans la mythologie grecque, Sisyphe, le roi maudit qui gardait l’espoir de réussir, un jour, à déposer au sommet de la montagne un gros rocher qu’il était condamné à rouler indéfiniment. Peine perdue évidemment puisque la dégringolade était inscrite dans l’histoire. Mais Sisyphe, ignorant qu’il était, ne le savait pas.Et c’est ce qui explique l’espoir fou qui l’animait, sa hargne à atteindre la cime libératrice.
Faure est bien dans une descente aux enfers et correspond à l’absurdité qui caractérise cette légende de Sisyphe. A vouloir diriger le Togo à tout prix, contre vents et marées, sans jamais et à aucun moment affirmer l’intégrité de sa gouvernance et la sagesse de son coeur, il est promis à la dégringolade, au pitoyable destin de Sisyphe. Sa gouvernance c’est le surplace qui immobilise toute une nation, qui anéantit tout espoir d’un avenir meilleur pour la jeuness.Faure demande au peuple d’attendre. Attendre, encore et toujours. Sa devise? Ô temps suspends tes mouvements.
Sa meilleure philosophie? Ne décider de rien.
Le peuple, dans l’entendement de Faure, se limite à cette population de fainéants hideux qui courent derrière lui, à la recherche d’argent facile. Quant aux 85% de ses compatriotes qui veulent voir réaliser les réformes, ils n’ont pas droit au chapitre de l’état. Lui est-il par hasard arrivé de penser que nous avons oublié comment il a atterri là où il ne devait pas être? Faure doit s’amuser dans sa tête quand il fait l’annonce d’une commission de réflexion sur les réformes? La CVJR aura-t-elle finalement planché pour rien? Pourquoi le RPT, son parti, n’avait-il pas cru devoir créer une commission en 2005, ne serait-ce que pour faire semblant de consulter la nation, avant de l’installer sur le trône de l’infamie? Souvenons-nous que ce parti avait fait modifier, cette année-là, la constitution une seconde fois, par l’assemblée nationale, dans le but exclusive de ramener de 45 à 35 ans l’âge initialement requis pour briguer la magistrature suprême. Faure avait alors 39 ans. Aussitôt votée, la loi a été mise en application, lui permettant de devenir président de la république du jour au lendemain, sans aucune recherché de consensus ni de delai de réflexion. C’est justement cette constitution personnalisée que le peuple demande de normaliser, en remettant à l’endroit les articles unilatéralement supprimés de la loi et sans lesquels le Togo continuera, dans la sous-région, d’être cette pauvre démocratie qui traîne la honte d’un système où le président a les mains libres de se reconduire lui-même au point de trembler de peur dès qu’on parle de limitation de mandat ou d’élection à deux tours.
Les Togolais ont forcément compris qu’ils n’ont plus rien à attendre de ce président. Et quand un peuple en arrive à ce constat extrême, plus rien ne peut l’empêcher de prendre son destin en main. C’est sur les décombres de ses oppresseurs, qu’il fonde son avenir.Maintenant que Faure ne fait plus mystère de ses folles ambitions, l’opposition va-t-elle rester dans la dynamique de cette présidentielle prévue cette année ? Ne vaudra t-il pas mieux de prendre du recul et voir jusqu’où le Roi de la République togolaise, notre sacré Sisyphe, va continuer de rouler son rocher de l’absurde ! En attendant qu’il découvre, par lui-même, ces propres limites ou que celles-ci le découvrent, souhaitons-lui Bonne Chance et Bonne Année 2015.
Kodjo Epou
Washington DC
USA