Ils ne finiront donc jamais de nous couvrir de honte, pas plus qu’ils ne se lasseront de remplir nos cœurs de ressentiment, et de s’activer à prostituer notre continent. « Ils », ce sont les irresponsables qui mènent les destinées des pays d’Afrique de l’Ouest, formant le club privé le plus risible de la planète : la CEDEAO.
A les contempler, eux et leurs gesticulations, s’impose une exigence : que d’éminents spécialistes des pathologies musculaires, nerveuses et mentales se penchent sur ce mal d’origine inconnue, frappant invariablement tout président d’Afrique de l’Ouest.
Il serait utile qu’il nous soit expliqué, à l’aide d’un diagnostic précis, la raison pour laquelle ces hommes présentent, tous sans exception, une dégénérescence entrainant le blocage de leur bras droit à l’horizontale, main tendue et la paume dirigée vers le ciel, dans une posture d’éternel mendiant.
Quelle est l’origine de cette raideur articulaire, les saisissant en présence des représentants de l’ancienne métropole ou de la communauté internationale ?
Quelle raison les amène à arborer, toutes dents dehors, des sourires serviles lorsque venant quémander, qui une aide militaire, qui un allègement de sa dette, ils n’obtiennent qu’une dette plus importante doublée d’un abandon supplémentaire du peu de souveraineté dont ils disposent à leur corps défendant ?
Cette métaphore, si elle peut prêter à sourire, traduit notre dépit chaque jour croissant, face à l’incapacité avérée de cette horde de nécessiteux pathétiques, hypothéquant l’avenir de la sous-région et par extension celui du continent, à régler la crise malienne.
Très compétents pour la plupart, admirables mêmes, lorsqu’il s’agit de mater leurs propres concitoyens, habiles chefs de guerre quand il est question de massacrer femmes, enfants et hommes désarmés, les voilà démunis, nus comme tout bon roitelet nègre, face à quelques brigands barbus ayant l’objectif avoué d’instaurer l’Islam des Lumières Éteintes en Afrique Noire.
Que des hommes au front bas, au demeurant peu nombreux, interprétant le Coran à la hauteur de la barbarie et de l’arriération intellectuelle qui est la leur, puissent tenir tête à de si brillants stratèges ne manquant jamais l’occasion d’acheter des armes à qui leur en propose, est plus que désolant.
Est-ce à dire que l’ECOMOG, groupement honni des forces militaires de la CEDEAO, n’est bonne qu’à terroriser, violer et tuer ceux qu’elle est supposée protéger?
La débandade de l’armée malienne, qui toute honte bue, s’est attachée prioritairement à porter le coup de grâce à un gouvernement en état de mort cérébrale, n’est pas exempte de reproches.
La junte, se préoccupant d’accéder aux maigres prébendes de l’Etat Malien, et d’obtenir pour le compte du capitaine Sanogo, sorte de Thomas Sankara lobotomisé, les avantages réservés aux ex-chefs d’état, a achevé de discréditer cette bande dépenaillée et désorganisée qui n’avait d’armée nationale que le titre. S’en est suivie une pathétique pantalonnade, orchestrée par le brigand cravaté Alassane Ouattara ayant entrainé la Côte d’Ivoire dans la guerre civile, et opportunément nommé le 17 février à la présidence de ce corps débile qu’est la CEDEAO.
On allait voir ce qu’on allait voir, les mutins s’étant saisi du pouvoir seraient promptement remplacés par un pouvoir civil transitoire, chargé de restaurer la démocratie (cette chimère), les irrédentistes Touaregs secondés par les barbus d’Ansar Dine et d’AQMI (succursale d’Al Qaeda en Afrique), seraient pour les uns remis au pas, pour les autres renvoyés dans leurs pénates. Le Mali se verrait ainsi libéré, la légalité internationale restaurée.
Alpha Condé
Nous doutions alors de la pertinence de ce scénario, tenant plus du conte pour enfants que de la rationalité géopolitique. L’évolution de la situation a confirmé nos analyses. Les mois ont passé et nous voici, contemplant un Mali végétant dans le chaos, son président intérimaire réfugié en France, la fière Tombouctou profanée par de barbares barbus.
Nos chers leaders, venant à tour de rôle implorer publiquement, main tendue comme il est de rigueur en de pareilles circonstances, le soutien des responsables de cette crise, rampant à genoux comme les va-nu-pieds qu’ils sont, quémandant une aide censée pallier leur impuissance.
Voilà donc M. Condé, président guinéen en audience le 2 juillet à Paris, sébile bien en vue, suppliant une France, qui de par la politique de gribouille impulsée par Sarkozy, et son action impérialiste criminelle en Libye, peut être considérée comme l’instigatrice indirecte de l’entrée d’islamistes en terre malienne.
La realpolitik implique parfois qu’on agisse selon l’adage « La fin justifie les moyens », mais de là à manifester des signes de gratitude envers celui qui est la cause de vos malheurs, il y a un pas que nous ne pouvons franchir.
Si dans ces matières, rien n’est évidemment simple ou binaire, nous sommes forcés de constater qu’ayant oublié leur déclarations martiales du début de la crise, les membres de la CEDEAO ont repris le rôle véritable qui est le leur, celui d’enfants apeurés demandant de l’aide à leurs parents (ONU et France).
Ce faisant, ils continuent de jeter le discrédit sur le continent et hypothèquent durablement son avenir, puisque pour que nos « amis » occidentaux décident d’intervenir, il faudra bien plus que l’envie de défendre le patrimoine architectural de Tombouctou, ou le désir d’assurer la sécurité des populations du nord-Mali, depuis des mois laissées démunies face à la violence islamiste.
Il n’y a aucun doute à nourrir, l’intervention (si intervention il y a) ne se fera qu’au prix d’une contrepartie autrement plus couteuse pour les Africains que les courbettes ou les paroles doucereuses des chefs d’Etat de la sous-région adressées à une « communauté internationale » ayant généré le pandémonium libyen qui s’est par la suite délocalisé au Mali.
Fruit d’une conception bâclée, débouchant sur une gestion désastreuses des rapports internationaux, la CEDEAO, loin d’être le cadre dédié de résolution politique des heurts locaux, est devenu un accélérateur de particule à conflits sous régionaux, et plus grave, une PME florissante sous-traitant de façon désordonnée les politiques de l’ONU, du moins dans leur acception pro-occidentale.
Monstre d’impuissance, incapable de mener à bien les missions qui devraient être les siennes, elle n’est en définitive que le miroir de l’incompétence de ses membres, les Compaoré, Ouattara et consorts. Il serait à cette enseigne, plus qu’édifiant de vulgariser l’action de ces deux putschistes complaisamment présentés comme étant des démocrates, dans le lent pourrissement de la situation prévalant au Mali.
Ce n’est un secret pour personne, ces deux hommes n’ayant d’africain que l’apparence, véritables agents de l’étranger, coutumiers des jeux troubles en coulisses, ne sont jamais en reste de coups tordus et manœuvres déstabilisatrices.
L’histoire rendra à César ce qui lui appartient et déterminera les responsabilités de chacun dans la crise majeure et pourtant prévisible ayant durablement déstabilisé le Mali.
Si l’histoire a son rythme, les hommes en ont un autre, et une seule interrogation demeure cruciale et obsédante : comment résoudre cette crise à brefs délais?
Alassane Ouattara
Actuellement le Mali est sans tête, divisé et voit une partie de ses enfants, maintenus sous le joug de terroristes. Parallèlement, aucune confiance ne peut être accordée au plan de sortie de crise, élaboré ce week-end à Ouagadougou en l’absence du président intérimaire malien, Dioncounda Traoré et de son premier ministre Cheick Modibo Diarra, plan n’étant en définitive qu’un concentré de «Y’a qu’à, faut qu’on…».
Pour mémoire, nous reproduisons une déclaration de Ouattara, tenant plus de la méthode Coué que du volontarisme politique : «Nous ne pouvons tolérer la partition de ce pays frère qu’est le Mali; nous ne pouvons non plus accepter de voir se développer à nos portes un terrorisme destructeur, un important trafic de drogue et un extrémisme inhumain».
Rappelons au dictateur ivoirien que les islamistes d’Ansar Dine et d’AQMI n’ont que faire de ses imprécations qui ont vocation à demeurer paroles s’éparpillant dans l’Harmattan.
Le communiqué final de la réunion du groupe de contact sur le Mali ne laisse pas d’inquiéter, tant sa vacuité, son imprécision et son absence de mesures contraignantes se retrouvent dans le langue de bois employée : « Les « forces vives » [du Mali][sont invitées]à procéder à des consultations et à formuler au président de la République par intérim des propositions en vue de la formation avant le 31 juillet 2012 d’un gouvernement d’union national , chargé d’appliquer « une feuille de route de sortie de crise ».
La CEDEAO a été appelée à « appuyer » le gouvernement de Bamako pour « organiser le retour au Mali » du président Traoré et « assurer sa protection et son intégrité physique ».
Des mots, toujours des mots, rien que des mots…
Nous constatons sans surprise la persistance des symptômes décrits plus haut. En effet, le club des mendiants ne pouvait tenir session sans que mains ne soient tendues.
Le communiqué final exhorte Dioncounda Traoré « à adresser sans délai une requête à la CEDEAO et aux Nations unies en vue du déploiement d’une force de la CEDEAO pour soutenir l’armée malienne dans sa mission régalienne de défense du territoire national ».
Les déclarations de Laurent Fabius évoquant sottement un Sahélistan et saluant la résolution prise par le Conseil de Sécurité le jeudi 5 juillet à l’initiative de la France et qui « fixe le cadre d’une solution politique globale au Mali et témoigne de la mobilisation de la communauté internationale », communauté internationale devant « mettre tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme au Mali et au Sahel, qui menace de déstabiliser l’ensemble de la région », semblent justifier par avance une présence renforcée de forces militaires dont nous ne voulons plus sur notre continent.
Il est assez saisissant de remarquer l’emballement de la communauté internationale à l’annonce de la destruction du patrimoine culturel de Tombouctou. Mme Bensouda, nouvelle procureure de l’inutile et nocive CPI, évoquant à cette occasion des crimes de guerre, était apparue bien peu loquace lorsque que les violences étaient perpétrées contre les populations locales.
Les atermoiements et l’incompétence des mendiants de la CEDEAO, aura un coût que le peuple malien paiera. La menace d’une suspension des instances régionales, planant sur le Mali, si d’aventure un gouvernement d’union nationale n’est pas mis en place d’ici au 31 juillet, ressemble à s’y méprendre à un premier acompte.
Au-delà des agissements néfastes de la triplette Obama-Sarkozy-Cameron en Libye, l’absence de prospective, le manque de réactivité des membres de la CEDEAO est de nature à nous questionner. Leur incapacité les disqualifiant, le bien de nos pays commande à ce que nous les congédions au plus vite. Chaque jour qu’ils passent à la tête de leurs Etats respectifs est un mois qui s’ajoute au retard pris par notre continent. En plus de nous couvrir de honte en pleurnichant et rampant sur la scène internationale, ils ne font que céder les bribes de souveraineté limitée qui sont les nôtres depuis les pseudo-indépendances.
Mendiants-fossoyeurs par essence, ils s’activent avec détermination et méthode à creuser le trou dans lequel ils ont trouvé l’Afrique.
Il est de notre intérêt de sortir à brève échéance de cette fosse, pour les y laisser croupir et par la suite la sceller.
Séyivé Ahouansou