Les politiciens togolais raisonnent encore en termes de clans et de factions
En dépit de ses divisions, l’opposition togolaise sera-t-elle capable dans un sursaut d’orgueil, de constituer un front commun lors de la future échéance électorale?
En avril prochain, les Togolais éliront leur prochain président de la République tandis que les partis de l’opposition n’ont pas réussi à s’entendre pour désigner un candidat unique.
Le sentiment national semble bien fragile chez l’homme politique togolais. Devant un président sans réel talent politique incapable de communiquer avec les Togolais, la classe politique par sa médiocrité et par son attitude inconséquente et inconciliante semble à nouveau démunie.
Une élection présidentielle est toujours un moment fort dans la vie démocratique d’un pays. Un moment qui favorise la réflexion des citoyens et qui à travers la désignation au suffrage universel de celui qui dirigera le pays pendant plusieurs années, permet d’enraciner à la fois l’idée de nation et le sentiment d’appartenance à un ensemble commun. Un moment fort qui donne l’occasion à ceux qui ont l’ambition de gouverner et d’incarner l’unité nationale, d’exprimer leurs convictions et de manifester leurs compétences qu’ils entendent mettre au service du grand nombre.
Au Togo ce moment ébranle au contraire l’unité nationale et représente un danger pour la démocratie parce qu’il exacerbe les passions, favorise les divisions et les clivages, donne le plus souvent le pas à l’anathème sur l’argument, à la passion sur la raison.
Aucun homme politique n’a su mettre en place une large coalition de groupe et d’intérêts. Or la politique c’est précisément cela : rassembler, trouver un consensus. Les politiciens togolais raisonnent encore en termes de clans et de factions.
Ce n’est donc pas sans surprise qu’ils sont encore une fois, en panne, divisés encore une fois, incapables de menacer sérieusement le président sortant Faure Gnassingbé qui doit s’amuser de l’état de délabrement dans lequel se sont mis eux-mêmes ses challengers, sans illusions sur leurs chances de remporter le prochain scrutin. Les scissions au sein de certains partis et coalitions, leurs rivalités, handicapent toutes chances de succès et affaiblissent gravement leur crédibilité. Cette crédibilité et leur avenir dépendent de leur capacité à se replacer dans le paysage politique national et à représenter aux yeux des électeurs togolais, une alternative concrète.
Le mal ne vient pas toujours de l’extérieur, il est aussi un ver déjà dans le fruit. L’homme est capable de s’infliger des dommages de son propre fait. L’opposition togolaise participe elle-même à cette dynamique négative mise en œuvre pour la réduire au néant.
Solution forcée…
Il faudrait alors aseptiser la vie politique du Togo, et combattre la sénilité qui la caractérise. Notre classe politique est vieille, elle montre des signes pathogènes et régressifs qui compromettent le progrès. En disant que la classe politique togolaise est vieille, je ne pense point à l’âge des hommes et des femmes qui la composent, mais à leurs idées, à leurs manières de faire de la politique. En effet, depuis près d’un demi- siècle, les mêmes hommes errent du pouvoir à l’opposition, traînant les mêmes idées désuètes, les mêmes méthodes obsolètes, et font tourner le Togo en rond. Ce constat appelle donc le rajeunissement de la classe politique togolaise : des hommes nouveaux et des femmes nouvelles, des hommes et des femmes capables d’abandonner les vieilles idées et les vielles méthodes pour adopter de nouvelles, des hommes et des femmes qui ne répondent pas à l’appel de l’argent, mais à celui de la patrie; des hommes et des femmes qui ont le courage de se reformer et de faire des réformes.
Le Togo condamne tous ces politiciens qui hier citoyens anonymes, tiraient le diable par la queue, peinaient pour joindre les deux bouts, la quotidienneté se posant à eux en termes de survie, baissant l’échine, s’accroupissant, rampant dans des couloirs tortueux, léchant au passage tout ce qui pouvait l’être. Le Togo abhorre ces citoyens qui réussissant à entrer en politique, sans vocation, sans idées, sans projets à proposer au peuple, trônent un jour comme ça, comme par magie, sur une fortune immense et subite. Alors qu’ils tiraient le diable par la queue, ils deviennent eux-mêmes le diable qui suce, boit le sang de son peuple et le trompe en toute impunité.
Le révérend Jesse Jackson déclarait que nous ne sommes pas responsables d’être à terre, mais il est de notre responsabilité de nous relever.
Hélène Kaziendé-Djondo