Togo: Quand Jean-Pierre Fabre apprend aux populations sinistrées le double langage

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 Prenez tout ce qu’ils vont vous offrir. Prenez les fripes ! Prenez leur riz ! Prenez leur argent ! Prenez leur sucre ! Mais ne votez pas pour eux !

Ceux qui veulent diriger les hommes doivent les élever au lieu de flatter leurs plus bas instincts. Ils doivent leur inculquer les notions de la vertu au lieu de leur enseigner le vice. Ils doivent tenter de les former dans la droiture et l’honnêteté au lieu de leur apprendre la duplicité et le mensonge. Ils doivent les pousser à cultiver l’intégrité et le sens de l’histoire au lieu de leur apprendre à dire et à faire une chose le matin et commettre exactement leurs contraires, le soir.

Pourtant c’est ce que la quasi-totalité des opposants qui désirent tant s’emparer des miettes du pouvoir colonial au Togo n’a jamais fait. Régulièrement, ils sillonnent le territoire pour aller dire aux populations sinistrées de prendre les « dons » et autres « cadeaux » que leur présenteraient les hommes du régime Gnassingbé, mais de ne pas voter pour eux au moment des « élections ». Le postulat sur lequel les « opposants » fondent cette pauvre réflexion c’est que cet argent et celui qui a servi à acheter ces « cadeaux » appartiennent au « peuple » qui, du coup, doit avoir la conscience tranquille lorsqu’il les prend.

Reprenant cette vieille et basse tradition, Jean-Pierre Fabre, qui se dit actuellement en campagne électorale dans un pays où la voix des populations dans l’érection, la conservation et la perte du pouvoir n’a jamais compté, sermonne longuement, tel un curé de campagne, la gouvernance Gnassingbé et lance inlassablement au public venu l’écouter : « Prenez tout ce qu’ils vont vous offrir. Prenez les fripes ! Prenez leur riz ! Prenez leur argent ! Prenez leur sucre ! Mais ne votez pas pour eux ! ».

Jean-Pierre Fabre oublie qu’on ne consomme jamais impunément un cadeau, surtout un cadeau politique. On le paie toujours, d’une manière ou d’une autre.

On pourrait espérer que les oppositions africaines feraient mieux que les pouvoirs qu’ils prétendent combattre en commençant par inculquer aux Africains déchus des valeurs diamétralement opposées à celles ingurgitées et perfectionnées par les deux périodes fondamentales de l’esclavage et de la colonisation. Eh bien, non ! C’est raté. On encourage plutôt ces antivaleurs, on les reformule et on les élève au rang de la « stratégie » politique.

Gnassingbé 2 et sa bande, en truands expérimentés pour qui l’apparence des choses est d’abord ce qui est recherchée, savent que les images parlent plus que nos fameux opposants le croient. On peut leur faire dire aux images ce qu’elles ne disent pas en réalité. A un meeting du RPT, si l’on filme ou photographie une foule immense qui ne serait venue en réalité, suivant ainsi les bons conseils de Fabre et ses acolytes, que pour chercher de l’argent, des vêtements de seconde main, du lait et du riz après les beaux discours mensongers des ménétriers Rptistes, on peut présenter ces images comme la manifestation la plus évidente de l’adhésion des populations. Même si on peut contester cela, cette interprétation n’est pas objectivement fausse.

De par le passé, le RPT n’a-t-il pas déjà eu à justifier ses vols à main armée du suffrage populaire en alléguant la masse présente à ses meetings comme preuve de sa popularité ? Cela ne suffit-il pas à renseigner sur quoi indiqué aux populations comme attitude à adopter face au RPT aujourd’hui?

Cette communication qui incite le ventre des populations au lieu d’en appeler à leur intelligence, de les appeler à montrer clairement à Gnassingbé 2 et à sa bande qu’ils sont radicalement vomis et qu’ils feraient mieux de remballer leurs petits cadeaux, véritables colis piégés, qui visent à acheter leur présence à leurs fameux meetings politiques, relève d’une bassesse de vue et d’une mentalité perverse. Si les peuples d’Afrique souffrent tant dans ce monde, c’est, aussi et davantage, à cause de la perte de leurs valeurs détruites durant les razzias négrières arabo-musulmanes, les razzias négrières transatlantiques judéo-chrétiennes, et par la colonisation qui suit encore son cours en Afrique justement par le biais de la proclamation fallacieuse des indépendances.

Tenter de restaurer l’africain et ses valeurs : voilà ce vers quoi doit tendre celle ou celui qui aspire à le diriger.

Ceux qui apprennent la fourberie et le double langage aux populations ne sont dignes de confiance.
Nos ancêtres ne sont pas moins intelligents lorsqu’ils inventèrent l’idée selon laquelle quiconque refuse de manger la viande du porc ne doit pas la partager avec ses dents. Ils savaient ce que compromission veut dire et vivaient suivant ce principe simple réactualisé par feu Ahmadou Kourouma : « quand on refuse, on dit non ! ».

En effet, l’homme qui est un animal parmi les animaux ne se hisse au-dessus de ces derniers que s’il utilise son intelligence pour identifier l’injustice et s’en désolidariser radicalement. Ne pas manger pour compromettre l’avenir, tel doit être le message. Ne pas manger pour servir de faire-valoir au RPT. Car, l’homme n’est un animal supérieur qu’en tant qu’il a le sens de l’histoire. Et avoir le sens de l’histoire c’est concéder en toute conscience des sacrifices aujourd’hui pour un lendemain meilleur, c’est intégrer la possibilité de mourir pour une cause juste afin que ses enfants vivent mieux demain, c’est refuser le pain empoisonné gracieusement offert par les ennemis de notre peuple pour, s’il le faut, mourir dignement le ventre vide. Ça, il faut le dire, le redire, l’expliquer et le réexpliquer aux africains qui sont appelés à se relever de la décadence dans laquelle ils traînent depuis 3000 ans maintenant.

Au moment où le peuple africain du Togo désorganisé, désorienté, car pris en otage par une tyrannie héréditaire construite et soutenue de l’extérieur et pris dans les rets d’une opposition autoproclamée qui pourchasse farouchement le petit trône du président-gouverneur colonial au point de s’entretuer entre « opposants » et d’écarter tout esprit rebelle à ses postures électoralistes, se demande où il va, il faut lui donner les armes de la révolution politique qui passe forcément par une révolution morale. Seule une « haine raisonnée », pour emprunter les mots de Jean Ziegler, seule une détestation argumentée de ce régime cinquantenaire, avec en toile de fond, l’avenir de nos enfants est l’arme pour l’abattre. Les petits calculs privilégiant le ventre et ses subterfuges face à un processus électoral qui n’est qu’une feuille de route de confirmation de Gnassingbé 2 sur son trône ne donnent pas les moyens aux populations. Au contraire, ils les enfoncent davantage dans l’errance, la misère, la galère traînée à longueur de journée. Toute chose qui les pousse à monnayer davantage notre incapacité à nous lever collectivement contre cette tyrannie qui n’en finit pas de surfer sur les failles que nous lui offrons vaillamment.

Jeunes du Togo, vous qui lisez ce texte, vous qui l’avez lu, allez dire partout au peuple africain du territoire du Togo de rejeter les « cadeaux » piégés du RPT. Dites à notre peuple que s’il n’est pas encore en état de chasser le RPT et ses envoyés qui se moquent de lui en proclamant faire campagne, de partir au champ lorsque le RPT arrive dans ses villages, de rester chez lui lorsque le RPT vient dans ses villes, de laisser le RPT et ses adeptes transporter intacts leurs valises d’argent, leurs sacs de riz, leurs caisses de fripes et de T-shirts de village en village, de ville en ville jusqu’à ce qu’ils proclament la « victoire » de Gnassingbé 2. Dites à notre peuple comme Jean-Paul Marat en son temps « repoussez avec horreur toute voie de corruption, montrez-vous supérieurs aux largesses, dédaignez même de vous asseoir à des tables prostituées »

Le temps de l’épisode final du feuilleton RPT arrive et arrivera si vous, jeunesse du Togo, vous commencez par travailler en sa faveur. Une nouvelle génération tarde à naître, mais elle va naître, si vous, Jeunesse du Togo, vous commencez à présent par féconder les esprits qui entendent la porter.

KPOGLI Komla
 

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