Togo : Les Africains et le choix !

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Pourquoi les africains du territoire du Togo veulent que le régime franco-Gnassingbé qui a fait ses preuves depuis…

 

Dans la vie d’un groupe d’hommes, il arrive un moment où il faut décider de relever le défi de la vie ou se laisser entraîner vers la mort. Choisir entre la régénération qui suppose la dure lutte de libération ou les cimes de l’humiliation et le prolongement de la souffrance. Et quand arrive ce moment, il n’y a plus de place ni aux finesses de la haute philosophie, ni au aux subtilités du réformisme de la science politique. Ce groupe d’hommes passe à l’Action, l’action libératrice fermentée par les souffrances et autres brimades accumulées par la masse et surtout préparée de longue date par un petit noyau de personnes qui a pris le temps de théoriser sur le système, son fonctionnement, ses outils, son mode opératoire, ses alliances et surtout sur ce qu’il faut mettre en place après le renversement complet du système. Pour que le succès populaire puisse être au rendez-vous, il faut une organisation, une préparation, un travail de fond et de forme. Sans cela, à l’heure de la décision, ce groupe se perd en débats stériles, en faux-fuyants et accuse tous les coups que le système lui impose.

Face aux défis posés et sans cesse remportés par le pouvoir franco-Gnassingbé, nous faisons partie de ceux qui, depuis bientôt 15 ans et à des moments précis, proposent des réorientations tactiques tout en gardant l’objectif stratégique qui, seule, est immuable. Mais, à de nombreuses reprises, l’émotion opposante, la haine gratuite, la surdité dilatoire, la myopie démagogique, et le privilège du rêve qui veut se réaliser immédiatement et sans travail préalable ont vu dans tout ceci un sabotage de « La Lutte », une lutte qu’au fond, personne ne mène réellement. On nous a traités de tous les noms d’oiseaux, de tous les qualificatifs sans prendre la peine d’étudier les forces en présence et les actes de l’un ou l’autre camp. On a refusé l’évaluation, le bilan, l’autocritique et on a fait ce qu’on a toujours fait : le dilatoire, la démagogie, la boursouflure verbale, le Djihad virtuel de l’invective et des injures.
Quoi ??? « Vous voulez qu’on planifie ou qu’on redéfinisse la lutte alors que tout le monde réclame le départ de Faure Gnassingbé ? », « Il faut que Faure Gnassingbé quitte immédiatement le pouvoir », « Vous êtes une taupe du RPT », « Nous allons chercher des armes », « Par vos discours, vous retardez le départ de Faure Gnassingbé »…etc, etc.

Après le quatrième coup d’état de Gnassingbé 2, en 2010, nous avions proposé un changement de braquet, avec une « Opposition » qui, après analyse de ses propres forces et faiblesses, change de tactique en retournant principalement les armes psychologiques contre ceux qui les manient avec brio contre les populations du Togo, et en redéfinissant la lutte populaire. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu à la suite de cet appel ? Traitrise, volonté d’aller à la mangeoire, chute d’un militant, coup de fatigue d’un homme qui a été jusque là lucide…Voilà quelques mots qui nous furent adressés. Nous espérions alors que Gnassingbé 2 n’irait pas jusqu’en 2015, tellement les esprits étaient remontés. Erreur ! L’émotion, c’est attendu, est retombée, les « guerriers de Faure Gnassingbé doit partir ici et maintenant », sans aucun support pour matérialiser ce vœu mis à part la grandiloquence lexicale sur Internet, ont fini par disparaître, tout est redevenu plus ou moins normal et non seulement Gnassingbé 2 est resté et surtout veut et va, visiblement, en tout cas si rien n’est fait ici et maintenant pour le contrer, rester.

A force de ne rien construire sur la durée, à force de rêver d’un futur sans Gnassingbé 2 et ses amis sans jamais saisir le passé et le présent pour étudier, réparer et préparer, à force d’opposer de l’indifférence et du mépris aux idées rigoureuses et moins démagogiques, à force de minimiser ceux qui pensent froidement et sans faux-fuyants, à force de refuser d’investir dans l’édification d’un leadership nouveau porté par des jeunes lucides et courageux qu’on peut facilement identifier, à force de penser qu’on n’a pas besoin de préparer et d’organiser la riposte et que le pouvoir tombera tout seul par miracle, à force de se dire à chaque fois que peut-être cette fois-ci le pouvoir entendra volontairement raison, 2015 est là et on ne sait manifestement pas dans quelle direction aller.
Pris par l’incapacité de contenir la volonté de Gnassingbé 2 de continuer son entreprise de démolition, ne sachant pas quoi opposer à cette voracité qui exploite la moindre faille laissée par une population qui n’est pas encore un peuple, désorientés par le vide collectivement construit depuis des années sur la base philosophique du « Il faut que mon frère tombe pour que je prenne sa place » ou du « Si ce n’est pas moi, alors c’est personne », les plus actifs des togolais tentent d’inventer le fil à couper le beurre. Ils élaborent des pistes, des suggestions, des propositions, qui, toutes, vont dans le sens de Réformes qu’ils n’obtiendront pas.

C’est l’adversaire ou l’ennemi qui détermine les armes avec lesquelles il doit être combattu. Ceux qui étudient ou mènent des luttes le savent. Il est grand temps de le savoir ici également.
On ne demande pas des élections « libres et justes » dans une tyrannie héréditaire dans un cadre étatique colonial. Si la volonté populaire comptait pour quelque chose, il n’y aurait ni tyrannie héréditaire, encore moins d’Etat colonial.
Dans notre situation, les questions suivantes qui sont autant leurs réponses se posent.

Qui a dit aux africains que l’Election est une Loi divinement sacrée et inviolable, de surcroît dans des Territoires sans Etat?

Qui a convaincu les africains de tous les territoires qu’ils doivent se résoudre chaque 5 ans à se demander: limitation de mandats ou pas? Candidature unique de « l’Opposition » face au régime en place ou pas? Election à 2 tours ou pas? Fichier électoral justement révisé ou pas? Le pouvoir va-t-il respecter le vote ou pas?…etc.

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu’on se débarrasse d’une tyrannie obscure installée à la place de l’Administration coloniale directe depuis 50 ans avec une Election?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu’on met fin à un système colonial par une Election?

Qui a convaincu les africains du territoire du Togo que l’Election est la voie unique, obligatoire, obligée et absolument incontournable par laquelle ils DOIVENT passer pour vaincre la dynastie Gnassingbé?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo de se limiter au choix entre Gnassingbé 2 et une Opposition obéissante qui se perd, au moment décisif, en conjectures, car sans vision stratégique, ni dispositif tactique?

Qui a planté dans la tête des africains du territoire du Togo qu’ils sont contraints de subir les manoeuvres d’un régime dont la stratégie de maintien se fonde sur les tactiques allant de la Ruse à la Violence et leurs diverses déclinaisons ou de supporter une « Opposition » dont la spécialité est de susciter, par un vocabulaire fleuri, des espoirs et des attentes qu’elle déçoit aussitôt par les querelles interpersonnelles de bas niveau, des compétitions pour des trophées inutiles, des incohérences à couper le souffle, des concessions inattendues par la foule…dès que l’appât de l’élection lui est tendu?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu’il ne leur est pas possible de se doter d’un leadership alternatif capable, à la fois d’analyser radicalement leurs problèmes et d’élaborer des solutions idoines, de porter une réelle Lutte de Libération?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo de jouer aux émotifs sourds et aveugles face à d’autres idées et propositions qui ne sont pas nécessairement émises par ceux qu’ils considèrent comme leurs Sauveurs nés?

Qui a borné les africains du territoire du Togo au bon vouloir réformiste ou conservateur de Gnassingbé 2? Pourquoi se soumettre aux caprices d’un prince qui vient de passer 10 ans à la tête du territoire sans aucune onction des « indigènes »?

Qui a dit aux africains du territoire du Togo qu’ils sont condamnés à quémander du régime franco-Gnassingbé l’organisation d’élections « libres, transparentes et équitables » et à attendre des quelques personnes se disant « Leaders de l’Opposition » l’accomplissement d’une oeuvre qui n’a aucunement été préparée collectivement?

Pourquoi les africains du territoire du Togo veulent que le régime franco-Gnassingbé qui a fait ses preuves depuis de si longues années fasse des « réformes » et organisent des « élections » justes?

Les africains du territoire du Togo sont-ils si incapables d’organiser la révolte légitime devant aboutir à la Révolution au point de se résoudre à explorer avec une haute philosophie et un génie propre à eux, les voies les plus fines et les plus astucieuses, sinon les plus farfelues, par lesquelles beaucoup espèrent voir réformer la colonisation, toute chose qui camoufle à peine la peur ou la démission collective, alors que tout confirme la décision de Gnassingbé 2 de tester une fois encore notre capacité collective à passer à l’action?

Après 38 ans du Père et 10 ans du Fils qui veut continuer, les africains du territoire du Togo n’ont-ils pas été suffisamment touchés pour montrer que trop c’est trop? Car, il y a des endurances qui ne sont pas signe de bravoure, mais de lâcheté collective et de cheminement vers le cimetière.

Quand un peuple veut vraiment se libérer, quand un peuple veut vraiment se réapproprier son espace et son pouvoir de décision confisqués depuis de si longs siècles, il ne demande pas des Elections. Il ne se limite pas à constater l’inflexibilité d’un pouvoir oppresseur ou à regretter l’incapacité d’un groupe d’hommes se disant Opposants. Non! Ce peuple manifeste, avec sa Jeunesse inventive, courageuse et agissante, sa DECISION de s’assumer.

Si tel n’est pas le cas, ce peuple n’a pas encore décidé de se libérer et alors il est l’acteur principal de sa propre servitude.

KPOGLI Komla
06 février 2015

 

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