Après plus de quatre semaines d’impasse sur fond de tension politique, les membres de la CENI sont finalement parvenus à élire par consensus le président et le reste des membres du bureau. L’oiseau rare qui était au centre de toutes les controverses, des déclarations tapageuses, des incantations, des ballades à Ouaga, des marches de protestation à problème, cet oiseau rare qui a fait couler tant d’encre et de salive au point de créer la zizanie entre le CAR et l’UFC est finalement connu depuis ce 14 octobre 2009. Il a pour nom Issifou Taffa Tabiou, représentant d’une soi-disant société civile parrainée par le RPT.
A la publication du nom de Taffa élu par consensus par ses pairs, les populations se sont immédiatement demandé si l’opposition a fait tout ce boucan pour in fine faire le choix d’un membre du RPT déguisé en société civile à la tête de la CENI. Evidemment, pour ceux qui ne le savent pas, monsieur Taffa Tabiou n’a jamais été d’une quelconque société civile. Il est membre du comité central du RPT, conseiller jusqu’à ce jour au ministère de l’administration territoriale et homme de main de Pascal Bodjona comme l’indique son CV et sa participation à la CENI 2003 que nous publions en complément de cet article. A partir de ce constat il se pose un certain nombre de questions sur la véritable stratégie de l’opposition et particulièrement de l’UFC ? Au-delà des considérations partisanes et des réactions en boucle des militants de ce parti qui s’en prennent sans aucune analyse sérieuse à tous ceux qui font des critiques des actions de ce parti, il faut encore le marteler haut et fort, le choix de monsieur Tabiou à la tête de la CENI est à mettre à l’actif des incongruités de l’UFC.
D’abord lors de la première rencontre de Ouaga qui devait se pencher sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles, il a suffi que le RPT agite une concession sur la candidature du leader de l’UFC pour que l’opposition parlementaire fasse l’impasse sur les fondamentaux à savoir : la limitation du mandat présidentiel, le mode de scrutin, le découpage électoral, la question de la CENI, le fichier électoral etc. Gilchrist Olympio qui croyait avoir obtenu l’essentiel est rentré tout sourire à Paris où il a invité des amis pour sabler le champagne. Mais une fois de retour à Lomé le CAR et l’UFC allaient subir le premier coup du RPT à savoir l’élection rocambolesque du sieur Henri Kolani à la tête de la CENI. Levée de boucliers de toute la classe politique face à cette forfaiture. Condamnation tous azimuts, saisine du facilitateur, communiqués tapageuses, marche de protestation et enfin retour à Ouaga. Une fois dans la capitale du Faso sous l’égide du facilitateur, l’UFC et le CAR n’ont pu demander la recomposition de la CENI qui est défavorable à l’opposition ni le mode de prise de décision. Il a suffi que Blaise Compaoré obtienne le retour à la case départ c’est-à-dire le débarquement de Kolani Lardja pour que l’opposition revienne à Lomé avec le sentiment d’avoir remporté une victoire sur le RPT. Et pourtant le problème restait entier. Reprise des discussions dans un premier temps autour de Bodjona sans succès. Au troisième jour des discussions l’UFC sort une proposition assez étonnante et à la limite farfelue. La nomination de Mgr Barrigah Bénissan ‘actuel président de la commission VJR à la tête de la CENI. Or il est stipulé dans le règlement intérieur à la rédaction duquel l’UFC a activement participé que le président de la CENI est choisi par les membres de la structure. Et comme si cela ne suffisait pas, les responsables de ce parti sont allés jusqu’à proposer l’abandon d’un de leurs sièges à la CENI au profit du prélat. Réponse du RPT : « Non seulement cette proposition va modifier la composition de la CENI mais on se demande si le prélat est finalement un militant de l’UFC. » IL est tout de même incompréhensible que le parti de Gilchrist Olympio agite le nom du prélat comme un homme de consensus dans le pays alors que deux mois plutôt il avait dénoncé et tiré à boulets rouges sur la même personne au moment de son choix à la tête de la commission VJR. Les responsables de ce parti n’ont pas cru bon devoir répondre à l’invitation pour l’installation de cette commission présidée par Mgr Barrigah. Un responsable du parti qui au cours d’une réunion a souhaité une démarche vers l’évêque qui, a son avis, serait un homme de principe doté d’une grande rigueur s’était vu rappeler à l’ordre en ces termes « Si tant est qu’il est rigoureux comme tu le dis, pourquoi a-t-il accepté présider une commission au sein de laquelle se trouvent des militants du RPT ? Nous n’avons aucune envie de le rencontrer si c’est pour baiser son anneau de prélat ». Aujourd’hui c’est ce prélat qui est devenu subitement le messie du parti de Gilchrist Olympio comme quoi seuls les imbéciles ne changent pas.
Trois jours de discussions chez Bodjona sans résultat. Constat d’échec établi par les trois partis. La patate chaude est renvoyée à la CENI cette fois-ci présidée par son bureau d’âge. Premier jour, l’UFC réitère sa proposition de prélat et déverse quelques jeunes dans la rue pour faire pression. Refus du RPT, dispersion des jeunes du parti par les forces de l’ordre. Deuxième jour de discussion, pour sortir de l’impasse le CAR réitère la candidature d’Extase Akpotsui de Initiative et développement, un parti extraparlementaire parrainé par l’UFC à la CENI au détriment de la CDPA. Le RPT était plus ou moins favorable mais l’UFC s’oppose et maintient sa proposition du prélat. La raison du refus de l’UFC de soutenir Akpotsui est simple ; ce dernier n’a pas participé à la marche de protestation boycottée à la dernière minute par le CAR. Ce geste inamical d’un allié est suffisant pour être assimilé à une trahison. Et à partir de ce moment le parti de Gilchrist ne pouvait donner son accord à l’élection d Akpotsui. Ce blocage de la CENI est devenu un casse tête chinois même dans les représentations diplomatiques. Après le deuxième jour d’échec les responsables du RPT et de l’UFC se sont rencontrés en clando pour trouver une solution mais les discussions secrètes devenues courantes entre les deux partis n’ont rien donné. Alors la CENI est sommée d’élire son bureau à la date butoir du 14 octobre. A la suite de cette réunion marathon c’est finalement le nom de Tabiou qu’on sort du chapeau par consensus à la présidence flanqué de Jean Claude Homawoo de l’UFC à la vice-présidence.
Au vu de ce qui précède, le parti de Gilchrist Olympio qui a tiré sur la corde jusqu’au bout peut-il se réjouir aujourd’hui d’avoir atteint son objectif ? Taffa Tabiou est-il mieux que Henri Lardja Kolani ? La question mérite tout son sens lorsqu’on sait que le premier est un militant chevronné du RPT déguisé en société civile et le second un militant du PDR qu’on assimile au RPT. Entre Kolani et Tabiou, Akpotsui qui doit sa présence à la CENI grâce à l’UFC n’était-il pas indiqué pour la présidence de cette structure ? De toute façon, si l’élection présidentielle se gagne par rapport au profil du président de la CENI, on peut conclure sans se tromper que le scrutin du 28 février prochain ne sera qu’une formalité pour légitimer Faure Gnassingbé puisque l’UFC a contribué par son incohérence à faire élire Tabiou à la présidence de la CENI. On ne cessera jamais de le dire, les responsables de l’UFC n’ont aucune stratégie en face du RPT à part les incantations sans lendemains et les communiqués de protestation, de dénonciation etc. On ne peut pas comprendre que les responsables de l’UFC qui se targuent d’être les plus intelligents de la scène politique togolaise, puissent se faire avoir comme des bambins par la bande à Bodjona et consorts. Plus grave, au lieu d’assumer leurs bévues à savoir la signature des accords boiteux au profit du RPT, ils jouent aux victimes et déversent leurs jeunes dans les rues. Comment vont-ils aujourd’hui présenter cette élection de Tabiou à leurs militants ? Une victoire ou un échec ? Pascal Bodjona ministre de l’administration territoiriale de la décentralisation et des collectivités négociateur en chef du RPT est déjà impliqué dans le processus électoral par le biais de son département, voilà son conseiller Tabiou propulsé à la tête de la CENI à cause des turpitudes des responsables d’un parti politique adepte de la politique de tout ou rien. « Le meneur d’hommes qui connaît son métier ne frappe que lorsque les conditions d’une victoire certaine se trouvent réunies. Ces conditions, c’est à lui qu’il incombe fondamentalement, de les créer » disait Sun Tsu dans l’art de la guerre. Les leaders de l’opposition sont-ils encore capables de relever ce défi ? En 20 ans de lutte pour l’instauration de la démocratie, il faut avoir le courage de reconnaître que ces leaders principalement Agboyibo et Gilchrist Olympio sont sclérosés, dépassés par les événements. Il faut chercher rapidement à renouveler cette classe politique par des hommes nouveaux avec des stratégies nouvelles afin de donner l’espoir d’un changement que les populations attendent depuis des décennies. L’homme qui évolue c’est celui qui accepte aussi les critiques. Finalement l’UFC a fait beaucoup de bruits pour rien et il faut avoir le courage de le relever même si cela ne fait pas l’affaire des talibans qui se déchainent souvent sur les sites à la moindre critique de Gilchrist ou de son parti.
Rédaction Tultogo.com
C V Tabiou Taffa
1. PRESENTATION
Nom : TABIOU
Prénoms : Issifou Taffa
Sexe : Masculin
Age : 57 ans
Lieu de naissance : Bassar (Préfecture de Bassar)
Nationalité : Togolaise
Situation de famille : Marié, père de 5 enfants
Profession : Enseignant (à la retraite)
2. CURSUS SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE
1972 – 1975 : Université du Bénin – Lomé
– Département d’Histoire et Géographie
– Licence d’Histoire en juin 1975
– Certificat d’histoire musulmane
– Certificat de psycho-pédagogie
1965 – 1972 : Lycée de Sokodé
– BAC Série A4 en 1972
– BEPC en 1969
1959 – 1965 : Ecole Primaire Catholique de Bassar
– CEPE en 1965
3. STAGES PROFESSIONELS
1996 : Formation de Conseiller en gestion de ressources
Humaines dans la Fonction Publique au Centre de formation de l’OIT à Turin (Italie) avec stage pratique au Ministère de l’Equipement à Paris Défense.
1982 – 1983 : Stage en administration scolaire à Munich et Eischstätt (RFA)
4. PARCOURS PROFESSIONNEL
1996 – 2007 : Directeur de Cabinet du Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
1996 – 1998 : Coordinateur Adjoint du Projet Banque Mondiale pour la restructuration de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
1978 – 1996 : Proviseur des Lycées de Nassablé (Dapaong), Niamtougou Sokodé, Tsévié et Hédzranawoé (Lomé)
1977 – 1978 : Censeur des Lycées de Nassablé (Dapaong) et Bassar
1975 – 1977 : Professeur d’Histoire et Géographie au Lycée de Kara
5. AUTRES ACTIVITES
Depuis 2008 : Conseiller Technique auprès du Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales.
2006 – 2007 : Membre de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour la mise en place de la nouvelle Assemblée Nationale ; responsable de la sous-commission des opérations électorales
2006 : Secrétaire du dialogue national sanctionné par l’Accord Politique Global (APG) du 20 août 2006.
2005 – 2006 : Secrétaire de la Commission pour la réhabilitation de l’histoire du Togo
2005 : Membre de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
1999 – 2002 : Secrétaire du Comité Paritaire de Suivi (CPS) de l’Accord Cadre de Lomé
6. VIE ASSOCIATIVE
Depuis 2007 – Fondateur et Président de l’Association pour l’Education et le Progrès (AEP)
– Membre de l’ONG Amitié et Actions pour le Développement (2AD)
– Membre et ancien Président de l’Association des Anciens Boursiers de la Fondation Hanns Seidel.
7. DISTINCTION HONORIFIQUE
• Chevalier de l’Ordre du Mono (1986)
8. LOISIRS
• Marche à pied, lecture, collection d’objets d’art.
La composition de l’ancienne CENI en 2003
M. Abalo PETCHELEBIA (magistrature),
M. Akrima KOGOOE (RPT),
M. Méwonawovo Folly TEKO (RPT),
M. Raphaël Pakamdame SAMBIANI (RPT),
M. Koleka BOUTORA-TAKPA (RPT),
M. Issifou Taffa TABIOU (RPT),
M. Henri Lardja KOLANI (PDR),
M. Arthème Séléagodji AHOOMEY-ZUNU (CPP),
Mme Kissem TCHANGAÏ-WALLA (REFAMP-Togo),
Mme Célestine Akouavi AÏDAM (GF2D), M. James AMAGLO (CAR),
M. Sébabi BOUTCHOU (CDPA),
M. André KOUEVI (UFC).