Stratégie de la terreur du RPT/UNIR mise en branle à Sokodé et à Bafilo [Par Samari Tchadjobo]

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« Si les Togolais ne font pas attention, le Togo risque de reculer de cent ans. »

Cette phrase menaçante, nous l´avons entendue une après-midi de Juin 1991 à l´aéroport de Lomé-Tokoin. En effet, au cours d´une interview improvisée à son retour d´Abuja, le défunt dictateur Gnassingbé Éyadéma répondait ainsi au feu Koffi Panou, directeur de la TVT.

L´atmosphère politique de l´époque alors était menaçante pour le pouvoir du vieux tyran qui ne pouvait pas comprendre que les Togolais pussent contester son autorité. De 1991 à sa mort en 2005 Éyadéma resta fidèle à sa menace en mettant brutalement fin à la transition démocratique. Ses tueurs furent lancés aux trousses des opposants au régime et les violations des droits de l´homme redoublèrent de plus belle. Plasticages de maisons, viols, disparition de citoyens soupçonnés de connivence avec les forces du changement, épuration ethnique au sein de l´armée, les injustices de toutes sortes et surtout le népotisme étaient désormais opérés au su et au vu de tout le monde.

Comme au début des années ´90, les populations du Nord du pays ont démontré qu´elles ne veulent et ne peuvent être en reste et sont prêtes à prendre le même train de la liberté, du changement et de la démocratie que leurs sœurs et frères des autres contrées du pays. La démocratie et la liberté ne sont-elles pas des valeurs universelles qui n´ont rien à voir avec la couleur de la peau, la religion ou l´ethnie? Être libre et vivre en démocratie à Kara ou à Paris est-il différent d´être libre à Kpalimé, Moscou ou Tchamba?

C´est ce que les Togolais, surtout ceux du septentrion ont compris et refusent désormais de se faire instrumentaliser par des politiciens véreux qui, en réalité ne pensent pas au bonheur du peuple.
C´est ce que depuis le 19 Août 2017 les villes de Mango, Kara, Bafilo et surtout Sokodé ont compris en décidant de prendre leur destin en main.

Après la terreur militaire de Mango, Bafilo et Sokodé il y a quelques semaines où il y eut mort d´homme après des tirs à balles réelles de la part de militaires, la tension n´a pas véritablement baissé. À Mango, après l´exode forcé de plus de 300 togolais vers le Ghana voisin suite aux rafles qui se sont opérées dans les rangs de l´opposition, règne aujourd´hui un calme de cimetière rythmé par de menaçantes patrouilles de militaires de jour et de nuit.

Bafilo et Sokodé constituent depuis lundi soir des villes sur lesquelles gendarmes, militaires et miliciens à la solde du pouvoir semblent avoir jeté leur dévolu. En effet, l´insurrection déclenchée dans la nuit de lundi à mardi à Sokodé, Bafilo, Lomé et Kpalimé après le surprenant kidnapping de l´Imam Hassan Mollah fut l´occasion pour le régime aux abois de verser des militaires et des miliciens dans les deux premières localités pour s´en prendre aux populations aux mains nues.
Il est vrai que Sokodé et Bafilo sont des fiefs de la communauté d´origine du leader du Parti National Panafricain, Mr Tikpi Atchadam. Il est ausi vrai que l´Imam kidnappé était le vecteur du caractère pacifique du comportement des jeunes vis-à-vis des forces de l´ordre au cours des manifestations surtout à Sokodé. Certes, Alfa Hassan n´était pas tendre avec les abus de la dictature et surtout avec les répressions disproportionnées de la part des militaires qu´il ne manquait pas de dénoncer dans ses prêches. Mais c´était également grâce à lui que des dérapages échappant à tout contrôle émanant des manifestants ont pu être évités jusqu´à ce jour.
Donc pour le kidnapper pour des raisons visiblement politiques le Ministre de la Sécurité avait dû recourir aux mensonges qui sont tout juste le contraire du caractère de l´Imam qu´on veut nous peindre.

Conseiller de Tikpi Atchadam, Alfa Hassan Mollah paie aujourd´hui pour ses accointances avec le leader de l´opposition dont le charisme fait peur au régime.

Les villes de Bafilo et Sokodé, lésées sur tous les plans par le régime, et connues pour leur caractère rebelle, sont aujourd´hui le théâtre de descentes musclées de militaires doublés de miliciens en civil et en partie cagoulés. Ces descentes n´ ont rien à voir avec l´encadrement des manifestations, car, la chasse à l´homme, les bastonnades de personnes de tous âges jusque dans les domiciles privés, la destruction et le vol de biens, des tirs à balles réelles, la mise à feu des maisons privées parlent un autre langage.

Il y a comme un air de guerre à Sokodé et Bafilo, même terrés chez eux, les habitants ne sont pas sûrs d´ être épargnés. Apeurés, ils regardent passer des miliciens armés de gourdins et de machettes accompagnés de militaires, tous assurés d´une impunité qui leur est garantie de quelque part.

Dans les deux villes beaucoup d´habitants ont déjà élu domicile en brousse, où, avec femmes et enfants, ils essaient de mimer un ménage de fortune en attendant un sauveur ou des lendemains meilleurs.

Pourquoi les deux localités doivent-elles subir ce martyr? Doivent-elles payer pour leur amour pour la liberté et la démocratie? Doivent-elles payer pour avoir généré un leader politique dont la clairvoyance risque de faire mouche pour le malheur de la minorité pilleuse?
La destruction délibérée de biens, l´incendie des maisons et des boutiques, les bastonnades sauvages, les tueries ciblées par balles ressemblent à des expéditions punitives et à la politique de la terre brûlée. Devant une population civile sans armes, ceci n´a pas de sens.
Nous sommes en droit de douter que ce sont les manifestants de la nuit de lundi qui sont à l´origine de l´incendie de la poste, des banques et d´autres immeubles officiels à Sokodé et de l´incendie des bureaux de la Préfecture à Bafilo. Car ce régime qui ne jure que par le pouvoir, a montré par le passé qu´ il est prêt à tout, même en causant du chaos pour rester en place.
Vu ce climat de peur et de terreur, nous sommes tentés de nous demander si le Togo est encore dirigé. Si les citoyens peuvent encore compter sur ceux qui prétendre les diriger pour leur sécurité?
Faure Gnassingbé serait-il dans la logique de l´exécution du testament de son père en considérant le pouvoir politique comme un héritage familial? Dans ce cas, devons-nous craindre que la menace proférée par son géniteur en Juin 1991 à l´aéroport de Lomé-Tokoin fasse encore partie de son agenda? Est-il prêt à faire exterminer des communautés hostiles à son pouvoir pour le pouvoir?
Au moment nous terminons cet article, nous apprenons que des militaires sont en train de faire usage de gaz lacrymogènes et de procéder à des tirs à balles réelles à Kaparatao, village natal du président du PNP.

Jusqu´où s´arrêtera l´armée familiale de Faure Gnassingbé dans la folie?

Samari Tchadjobo
Allemagne

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