Au regard des derniers rebondissements de l’actualité au Togo, à savoir, le vote à l’Assemblée Nationale des lois scélérates pour régir les prochaines élections, les marches de protestation au quotidien, le refus du gouvernement de mettre en application les rapports de la CNDH et de la CVJR, les diverses revendications des travailleurs et dernièrement le mouvement de grève des enseignants à la correction du BAC I, le doute n’est plus permis : malgré la dissolution du RPT le 14 avril dernier à Blitta, nous assistons au retour en force des méthodes décriées de ce parti qui, des décennies durant, a maintenu les Togolais dans les fers de la servitude. Ceux qui, par naïveté, ont cru à jamais révolues sur la Terre de Nos Aïeux, les méthodes de ce parti vomi commencent à se raviser. Plus que jamais, les réminiscences du RPT se vivent au quotidien.
Pour s’en convaincre, il suffit de considérer le cynisme avec lequel le régime RPT a rechigné à mettre en application, les rapports d’enquête de la CNDH sur les cas de tortures et des autres violations des droits de l’homme dont ont été victimes les personnes accusées dans le dossier Kpatcha Gnassingbé ayant séjourné à l’ANR d’une part, et d’autre part celui des travaux de la CVJR consistant à faire la lumière sur les cas de violation perpétrés dans ce pays de 1958 à 2005 et à faire des recommandations dans le sens de l’apaisement et de la cohésion nationale. Jusqu’à la dissolution du RPT, le pouvoir qu’il incarnait n’a jamais cru devoir enclencher un début d’application de ses rapports. Dans le même temps, le président Faure Gnassingbé continue d’appeler à la réconciliation des fils de ce pays profondément divisés pour la majeure partie justement, des agissements de ce régime. Mêmement, les co-accusés dans l’affaire Kpatcha Gnassingbé ayant vécu l’enfer à l’ANR et dans les autres centres de détention, attendent la mise en application du rapport de la CNDH.
Après la dissolution du RPT auquel les rénovateurs de ce parti ne cessent de charger tous les malheurs ayant frappé le Togo et ses populations, rien ne change positivement. Au contraire nous assistons au quotidien au renforcement des habitudes de la maison qui ont catapulté le pays dans l’effondrement.
Pour ce qui est des coups de force électoraux et constitutionnels, c’est juste si le RPT n’en faisait pas son sport matinal. Tellement ils sont légion. Lorsque l’Assemblée nationale use des coups de force pour commettre des forfaitures sur forfaitures, elle ne fait que lier la nouvelle corde au bout de l’ancienne et ceci pour le malheur du peuple togolais.
En effet, la hargne avec laquelle l’opposition réagit contre les derniers passages en force opérés par le régime pour faire voter les projets de code portant ce que d’aucuns appellent déjà fraudes électorales, ne fait aucun mystère de la détermination de cette famille politique à ne plus laisser les mauvaises choses se passer au Togo comme avant. Lorsque le Collectif Sauvons le Togo se fonde sur une disposition de la Loi Fondamentale pour manifester en vue d’empêcher la promulgation de ces lois scélérates par le Chef de l’Etat, on doit comprendre que le sentiment a trop duré comme on dit et que l’heure n’est plus à la tripatouillage des textes au Togo. Et comme on connaît la façon dont la soldatesque d’Eyadéma à la gâchette facile réagit face au moindre soulèvement populaire, on peut affirmer sans risque d’être démenti que malgré la dissolution du RPT, le Togo n’est malheureusement pas encore sorti de l’auberge.
L. C. La Dépêche