Jésus-Marie-Joseph ! Il n’y a donc pas qu’en Afrique que ces choses arrivent ! Les dictateurs tyranniques, il y en a finalement sous tous les cieux, et c’est Vincent Bolloré, dictateur sanguinaire du groupe éponyme qui saigne l’Afrique depuis des décennies, qui s’est chargé de le rappeler à la conscience collective, en chassant inélégamment deux hauts responsables de la chaine Canal+ qui ont commis le crime de « lèse-mon ami-président », en publiant un reportage tout ce qu’il y a de simplement véridique sur la dictature Eyadema sous laquelle ploie depuis 51 ans le peuple togolais.
« Lâche le trône » (titre du reportage de l’émission « l’Effet papillon » rendant compte du climat sociopolitique extrêmement tendu, aux confins de l’insurrection, qui prévaut au Togo, climat fait d’arrestations arbitraires, d’exécutions sommaires et extrajudiciaires d’opposants par les miliciens et forces loyales du régime du fils du défunt Etienne Gnassingbe Eyadema–bon sang, décidément, ne saurait mentir-), aura semblé si accablant pour Faure Gnassingbe que son ami Bolloré, n’a fait ni une, ni deux, pour se piquer de voler à son secours, esprit de vengeance en tête. Résultats des courses, la mise à la porte de François Deplanck, directeur des chaînes et contenus de Canal+ International, que le site d’informations Les Jours a fort opportunément surnommé le « renvoyé spécial de Bolloré ». Il est accompagné dans cette descente aux enfers par la chargée de programmation, par qui le scandale de la diffusion de ce reportage sur Canal Afrique – alors que Bolloré avait donné des instructions fermes pour que non seulement le reportage ne soit pas rediffusé, mais aussi qu’il soit retiré des plateformes de replay- est arrivé.
Vers un mouvement d’humeur à Canal+
Selon une responsable de « Libres », syndicat majoritaire de Canal+ « Instruction avait été donnée à Canal+ international de ne pas diffuser le reportage de l’émission en Afrique, après un voyage de Bolloré au Togo, mais un mois plus tard, ce reportage a été diffusé par erreur sur le territoire africain et la responsable de la programmation a fait l’objet d’une procédure de mise à pied. ».
Cette révélation qui scandalise le monde est corroborée par l’Ong de défense de la liberté de presse et des journalistes, Reporters sans Frontières qui remarque que le reportage « « Lâche le trône », consacré aux manifestations qui se multiplient depuis plusieurs mois au Togo contre le président, a été supprimé des plateformes de replay de Canal+, sans que soient fournies « d’explications officielles à ses salariés » qui s’inquiètent « d’un nouveau cas de censure » », noon sans souligner que la suppression du reportage sur les plateformes de replay de la chaine « a été d’autant plus remarquée que le Togo s’avère être l’un des partenaires économiques privilégiés de l’actionnaire principal » de la chaîne qu’est Vincent Bolloré.
En tout cas, RSF estime que « Le Comité d’Ethique de Canal+ aurait pu, voire aurait dû se saisir » de ce « cas de censure dénoncé par les salariés dès le 23 novembre ». Un souhait que semble vouloir traduire dans les faits des syndicalistes de la chaine, dont Jean-Marc Jeanneau, représentant de la CGT à Canal+, qui a annoncé que l’affaire « devrait figurer à l’ordre du jour du Comité d’Etique du 21 décembre. ».
S’il est difficile de prévoir exactement ce qui va en apparoir, le fait que les syndicats présents à Canal+ se rangent derrière l’idée d’inscrire l’affaire au menu des prochains travaux du Comité d’Ethique laisse présager un mouvement de révolte des journalistes, ce d’autant plus que les puissances d’argent qui contrôlent la chaine ont décidé, selon le site Les Jours, de mettre sur pied une nouvelle procédure de validation des sujets « qui verrait la direction approuver (ou pas) chacune des pistes de reportage sur lesquelles souhaite se lancer Capa, en tant que producteur de L’Effet papillon. »
Les affaires n’aiment pas les « bruits » des journalistes (?)
Il fallait un peu s’ attendre, à ce musellement des journalistes de Canal+ par le grand patron, car se souvient-on, après la première diffusion de ce reportage en octobre suivi par une visite de Vincent Bolloré à Lomé, le groupe Bolloré avait publié le 16 novembre un communiqué officiel, vantant la hausse de 115% de son chiffre d’affaires, porté à 5,18 milliards d’euro grâce à la suite de l’intégration dans ses comptes de Vivendi.
Le groupe Bolloré au Togo affirmait alors que son activité du troisième trimestre était « tirée par la « croissance de 10% de l’activité transport et logistique qui bénéficie de la hausse des taux de fret et des volumes, et des bonnes performances des terminaux portuaires » », et par « la progression de 10% de l’activité logistique pétrolière consécutive à l’augmentation des prix des produits pétroliers ».
De bonnes affaires qui expliquent qu’ à la première occasion l’on se pique de museler -même par personnes interposées- des journalistes qui osent jouer les mauvaises consciences en (re)mettant en cause un régime et son chef, qui, pour être sanguinaires pour leur peuple, n’en facilitent pas moins tant la tâche au magnat des affaires français, saigneur d’Afrique devant l’Eternel.
Ndam Njoya Nzoméné
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