Cette constitution relookée à la sauce Nguesso se décline en nombreux chapitres…
Sauf cataclysme ou autre chamboulement de dernière minute, c’est en principe ce dimanche, 25 octobre 2015, que les Congolais doivent se rendre aux urnes, non pas pour désigner leurs élus, mais plutôt pour se prononcer sur le projet de modification constitutionnelle souhaitée par celui qui, depuis maintenant 30 ans, préside aux destinées du pays, Denis Sassou-Nguesso.
Cette constitution relookée à la sauce Nguesso se décline en nombreux chapitres allant du renforcement de la décentralisation à la refonte des rapports entre le législatif et le gouvernement. Mais la modification qui fait le plus débat est celle qui concerne le mandat présidentiel, réduit de sept à cinq ans, mais renouvelable deux fois. Il en est de même de la limite d’âge, précédemment fixée à 70 ans et qui d’un coup de baguette magique disparaît. Le tout pour permettre au président, âgé de 72 ans, de briguer un troisième mandat en 2016. Pirouette cacahuète et le tour est joué.
Pas si sûr ! Quand on voit ce qu’a été ces derniers jours l’ampleur de la mobilisation des opposants au projet. A l’instar de la capitale, Brazzaville, secouée ces derniers jours par un vent de contestation, à l’extrême sud, le poumon économique du Congo n’a pas été épargné. C’est là que les premiers départs de feu se sont déclarés samedi dernier lorsque de jeunes ponténégrins ont violemment manifesté après avoir appris l’interdiction faite à leurs leaders de quitter la capitale économique pour se rendre à un meeting dans une localité voisine.
Le mouvement de colère s’est propagé à d’autres villes dont la capitale, Brazzaville elle-même, où mardi après les échauffourées, un bilan officiel déplorait au moins trois morts. Et si au lendemain des violences, il y avait encore çà et là des affrontements sporadiques entre opposants au scrutin et forces de l’ordre, un calme précaire semblait tout de même être retombé sur le pays.
Mais le vent de contestation porté par le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) est loin d’être à bout de souffle, malgré l’ardeur de la répression. C’est en effet, ce vendredi 23 avril, dernier jour de la campagne pour le « oui » au référendum, que les partisans du « non » souhaitent, une fois pour toutes, faire entendre leur voix et dénoncer une fois de plus le « coup d’Etat constitutionnel » que cache, selon eux, ce simulacre de consultation démocratique.
Un vendredi rouge, donc en perspective à Pointe Noire comme à Brazza, et dans le reste du pays, pour faire front contre le subterfuge imaginé par le président pour s’éterniser au pouvoir au nez et à la barbe des Congolais. «L’alternance est le meilleur héritage que la Conférence nationale souveraine de 1991 nous a légué. Mais quand un homme se croit indispensable, il n’est plus qu’un dictateur. C’est le cas du président Sassou», déplore Mathias Dzon, ancien ministre des Finances (1997-2002) passé dans l’opposition.
En effet, battu à la régulière et dès le premier tour lors de la toute première élection présidentielle après l’ouverture du Congo au multipartisme, Denis Sassou Nguesso, contraint et forcé par le verdict des urnes, avait passé le témoin à Pascal Lissouba en 1992. Mais, chassez le naturel, il revient au galop. Et on se souvient que cinq ans plus tard, c’est en chef militaire que l’ex-président était revenu au pouvoir au terme d’une sanglante guerre civile avant de se faire élire en 2002, puis en 2009. Jamais deux sans trois.
Marie Ouédraogo – l’observateur Paalga
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