Il est après Kpatcha Gnassingbé, le prisonnier le plus populaire du Togo. Son nom, Sama Essohamlon. Mais si le premier (Kpatcha) est député et bénéficie encore d’une immunité béton, le deuxième s’est mis à chercher les voies et moyens pour tordre le cou à la misère, à la fatalité. C’est un Sama qui pensait que les hommes ordinaires peuvent faire des choses extraordinaires qui se retrouve coincé dans quatre murs pour avoir osé innover. C’est dans cette quête qu’il va trouver les pires difficultés de sa vie. Jean Paul Satre n’avait t-il pas vu juste quand il s’écrie: « L’enfer, c’est les autres ? »
Enfermé depuis plus de cinq mois à la prison civile de Lomé, son cas a ameuté des organisations des droits de l’Homme, des juristes, des économistes et des avocats. Résultat : nul. La force brute dirigeante du Togo serait dans ses rôles. Depuis que le juge a décidé de libérer provisoirement le patron de ReDeMaRe, on dirait qu’il a signé in fine son arrêt de mort. Non libéré pour cause d’un appel du procureur de la République, tous ses avocats disent être ébahis de la manière dont on lit le droit au Togo. Un quadra d’avocats pour un résultat qui ne fait pas fier de défendre un faible au Togo. Au Togo, la chefferie traditionnelle serait plus probe que les délinquants en robe noire qui trompent les Togolais d’avoir étudié le droit. La profession est tellement gangrenée que lors de l’invitation à Bruxelles des avocats togolais par l’UE, un d’entre eux a laissé entendre que » la corruption seule pouvait les permettre d’arrondir la fin du mois ». Pour être sous payé, les Togolais doivent payer leur imbécilité. L’étudiant en droit au Togo est prié de penser deux fois sur la filière qu’il a choisie.
La scène surréaliste se passe à la prison de Lomé. Quand il vient, Sama ne sait pas qu’il n’y a pas de libération sous caution au Togo comme cela se fait dans tous les pays du monde entier. Mieux, si libération sous caution existait, elle est faite pour ceux qui ne font pas peur au pouvoir de Faure. Il est enfermé et trouve les conditions de ses codétenus inconfortables, révoltantes, et inhumaines. Les réformes de la justice togolaise financées par L’UE ont servi à bâtir des murs plus impénétrables. Kofi Folikpo qui est passé entre-temps dans les locaux a décrit avec exactitude ce que s’est qu’une prison au Togo. Boulettes de farine le matin. Farine de gari le soir. Sama aussi qui y est depuis locataire, comprend qu’il faut faire quelque chose. Il achète un lot de ventilateurs et les partage dans toutes les cellules. Un codétenu français s’est chargé de les fixer afin de permettre aux prisonniers de souffler, de respirer et d’avoir un peu d’oxygène. Mis au courant, les maîtres qui dirigent le Togo, ont demandé de démonter tous les ventilateurs fixés dans toutes les cellules. Un ordre venu d’en haut a ordonné de changer de cellule au DG de ReDeMaRe afin qu’il soit puni pour avoir fait un don. Une cellule plus petite et avec un nombre impressionnant de codétenus a été spécialement réservée pour le donateur. C’est le Togo ! Et dire que Abass Kaboua le patron du Mouvement des Rénovateurs Centristes (MRC) serait le directeur des prisons du Togo. Comment est-il arrivé à ce poste, lui qui criait au micro du Lynx très « Faure » sur la manière obsolète de diriger le Togo par Faure? Qui veut tuer Sama Essohmalon? Et pourquoi ils lui en veulent tant ? Aux derniers recoupements, le film Sama Essohmalon va s’écrire en plusieurs épisodes. Le Lynx vous promet chers Lynxionautes!
Camus Ali Lynx.info