A l’heure où nous écrivons ces lignes, Gilbert Bawara, le ministre de la Fonction publique, aurait aimé être aux postes de ses confrères Ninsao Gnofam ou carrément du Premier ministre Komi Klassou. Là-bas, nous voulons dire dans ces ministères, on pille, on part, on revient piller, on se moque des journalistes qui écrivent sur ces braquages à ciel ouvert et on s’assied sur le judiciaire, c’est-à-dire les juges. Cette fois-ci, les dieux « losso » semblent avoir lâché Gilbert Bawara. Lors du partage du gâteau, c’est à dire des postes ministériels, la boule qui lui revenait semble être lourde a porté sinon, très lourde. Après avoir hérité d’un ministère dangereux au moment où les Togolais meurent de faim et tirent le diable par la queue, le drame de tout un peuple se repose désormais sur le chétif corps de celui qui aura aidé Faure Gnassingbé de toutes ses forces à briser l’opposition au point d’en faire de Gilchrist Olympio un lèche-cul de son patron. Et oui ! Au Togo, tout boue. Du nord au sud, de l’est à l’ouest. Tout part des revendications des enseignants. Le ministre croit être plus malin et initie tout azimut les rencontres entre les syndicalistes, histoire d’étouffer les cris d’orfraie des affamés. De l’autre côté, il prend soins de les diviser en trouvant certains syndicalistes plus conciliables que leurs confrères. Il se crée un méli-mélo. Les lecteurs de Germinal de l’immense Emile Zola savent ici de quoi nous parlons. A la fin, il bute sur le plus gros morceau. La CSET, le plus grand syndicat des enseignants dit n’avoir pas été invité lors de la dernière rencontre et ne se retrouve également pas dans les conclusions. Suivez nos regards ! Gilbert Bawara empêtré dans cette guerre entre nantis, c’est à dire la minorité qui s’est assise sur le Togo et pille à tout va la république et de pauvres enseignants n’a plus qu’ ultime force que ses gongs : « Après tout ce qui a été fait au sein du groupe de travail sur le secteur éducatif, il y a encore des enseignants qui font grève. J’ai du mal de la peine leurs motivations réelles », s’écrie le trotter maison de Faure Gnassingbé. Il sait que, d’une simple grève, le pouvoir de son patron est aussi « Faurtement » menacé et peut finir par une chasse à l’homme. L’exemple du petit tunisien, auteur du printemps arabe est encore dans toutes les mémoires. Dans une Afrique, où les dictateurs ne savent plus où commence l’étincelle et comment les flammes finissent par les consumer, il vaut mieux être prudent. D’où son étonnement au micro des confrères d’une radio : « Que cherchent vraiment les grévistes ? », peste-t-il. Parfois, il est très difficile de comprendre l’autre quand on a plus le même standard de vie que lui. L’éternel menace selon laquelle : « Le gouvernement n’est pas prêt à tolérer une telle situation au moment même où tous les efforts ont été déployés pour parvenir à des résultats qui donnent satisfaction au corps enseignant » est aussi connue voire désuet sinon sans objet.
Ici, il est question de traduire dans les faits et actes les fameuses 6% de croissance qu’on nous a bassiné avec le support sinon, avec le soutien et la complicité de quelques malfrats du FMI que, le pouvoir de Faure Gnassingbé aura dans un élan patriotique apporté au Togo. Qu’on partage alors les dividendes de cette croissance fictive avec tout le peuple togolais. Le reste n’est que menterie sur les avancées obtenues et de la réelle volonté de réformer en profondeur le système éducatif. Gilbert Bawara le sait et mieux que, quiconque !
Djima Matapari
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