« Les Economistes nous ont trahis. Ils ont poussé le pays dans l’antre du diable. Si les Ivoiriens ne sortent pas immédiatement de l’initiative PPTE, il n’y aura plus de Côte d’Ivoire dans 3 ans ».
La Révolution Permanente se fait le devoir de porter ce message aux Ivoiriens ce jour, mardi 3 juillet 2012. Ce message est la conclusion à laquelle les analystes de la Révolution Permanente sont parvenus lorsqu’ils ont été alertés par la position de certains pays d’Amérique latine qui ont rejeté systématiquement cette initiative.
Pour vous permettre de comprendre ce cri du cœur, je vous invite à découvrir ce que cache l’initiative PPTE lorsqu’après avoir atteint le point d’achèvement, un instrument du libéralisme usurier est chargé de sa mise en œuvre.
Le HIPC (Heavily Indebted Poor Countries) ou PPTE (Pays Pauvre Très Endetté), cette appellation qui devrait sonner comme une injure, cache un concept économique mis sur pied par le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale en 1996.
L’initiative HIPC ou PPTE a été empiriquement conçue pour être la Phase N°2 du PAS (Programme d’Ajustement Structurel). Il est donc bon de noter que l’initiative PPTE est le prolongement du PAS dont elle achève de réaliser les grands axes.
Officiellement, l’initiative PPTE est un système, je dirai, un engrainage économique, qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales « soutenables ».
Si elle était un système conçu de bonne foi, l’initiative PPTE devait être l’équivalent de la procédure judiciaire dite de Règlement préventif. Pour les entreprises qui cumulent des dettes exigibles que leur trésorerie disponible ou à recouvrer sur le court et moyen terme ne permettra pas d’apurer, alors qu’elles conservent encore des chances de s’en sortir financière, le déclenchement de la procédure de règlement préventif leur permet de geler la poursuite des créanciers, qui se regroupent pour créer un collectif et signer un concordat et qui s’entendent avec le juge pour planifier de façon supportable, le recouvrement de leurs créances, parfois, en accordant à l’entreprise débitrice des allègements ou des délais de carence. Ainsi, avec un peu de chance, l’entreprise essoufflée réalise des investissements productifs, rembourse à un rythme soutenable ses dettes et retrouve la santé financière.
En principe, c’est ainsi que devait être perçue l’initiative PPTE pour les Etats. C’est également la finalité recherchée par le déclenchement d’une procédure judiciaire de règlement préventif au profit des entreprises en difficulté, que l’initiative PPTE devait viser à atteindre.
Mais que non. L’initiative PPTE cache un lourd secret que très peu de personnes connaissent. C’est ce secret que je vais exposer maintenant.
De façon innocente, les Economistes nous expliquent que pour qu’un pays soit éligible à l’initiative PPTE et PPTE renforcée, il doit respecter quatre critères:
· n’être éligible qu’à une assistance concessionnelle de la part du FMI et de la Banque mondiale (« IDA-only ») ;
· faire face à un niveau d’endettement insoutenable ;
· avoir parfaitement mis en œuvre des réformes et de saines politiques économiques dans le cadre de programmes soutenus par le FMI et la Banque mondiale ;
· avoir formulé un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP). (Celui de la Côte d’Ivoire a été élaboré sous la Direction du Ministre d’Etat, feu Bohoun Bouabré. Sa version finale a été rendue publique en janvier 2009)
Mais tout ça, c’est compliqué. Je ne vais pas vous entrainer là-dedans.
Ce qu’il faut savoir de la face cachée de l’iceberg des conditions d’éligibilité d’un pays à l’initiative PPTE, se présente comme ci-après :
– pour qu’un pays fasse partie du programme, il faut qu’il soit listé parmi les pays les plus endettés au monde et incapables de payer ses dettes extérieures. Donc le pays doit être un Etat indigent, un Etat en situation de quasi-faillite ;
(Petite parenthèse sur ce point : est-ce que vous comprenez maintenant pourquoi pendant que Laurent GBAGBO se battait pour payer les dettes extérieures tout en évitant d’endetter la Côte d’Ivoire, il s’est trouvé des individus, anciennement chargé de mettre en œuvre le PAS, qui conjuguaient tous leurs efforts pour lancer des attaques armées, lutter contre l’exportation du café et du cacao, souiller l’image de l’Etat en commettant des meurtres, diviser le pays, saper son potentiel économique en pillant une partie des richesses ? Est-ce que vous comprenez maintenant pourquoi ?)
– les « saines politiques économiques » dont la mise en œuvre conditionne l’éligibilité du pays au programme, sont déterminées par le FMI et la Banque Mondiale, et sont les héritières – bien qu’elles ne s’appellent plus ainsi – des « Programmes d’ajustement structurel » des années 1980 et 1990 d’inspiration libre-échangiste : restriction des interventions de l’État dans l’économie, libéralisations, privatisations, politiques fiscales et monétaires restreintes… (source : Wikipédia)
(Petite parenthèse sur ce point : Est-ce que vous comprenez maintenant pourquoi au lendemain du 11 avril 2011, toute la Côte d’Ivoire a été mise en vente ? Est-ce que vous comprenez pourquoi les banques appartenant à l’Etat de Côte d’Ivoire que sont la BNI, la BHCI, Versus Bank, bref, tout ce qui appartient à l’Etat est mis à marché depuis le 11 avril 2011 afin que les groupes privés français les achètent ?)
Bien. Vous commencez à comprendre tout.
Alors, venons en de façon plus concrète au cas de la Côte d’Ivoire. Et vous comprendrez pourquoi GBAGBO Laurent ne pouvait pas rester Président mais aussi les raisons profondes du repeuplement économique de l’Ouest ivoirien avec la main-d’œuvre voltaïque.
Déjà en 1998, l’éligibilité de la Côte-Ivoire au programme PPTE fut conditionnée par la libéralisation complète du secteur du café pour l’année de récolte 1998-1999. Bédié Konan entre deux verres, a retrouvé un brin de lucidité. Il a refusé cette libéralisation telle que le FMI la lui demandait. Aussitôt, l’affaire des 18 milliards « volés » est sortie sur fausse dénonciation de qui vous savez et, au soir du 24 décembre 1999, le premier coup d’Etat de l’histoire de la Côte d’Ivoire a été consommé.
Mais après la chute de Bédié, Laurent GBAGBO arrive au pouvoir à la faveur des élections de 2000. La première pression qu’il subira, sera la réforme du secteur café-cacao. Ils n’ont pas utilisé le mot privatisation. Mais la fermeture de la CAISTAB et le retrait de l’Etat conduisaient au même résultat.
Sauf que Laurent GBAGBO est un Patriote ivoirien. Il ne peut pas accepter de vendre l’âme de l’Economie ivoirienne aux prédateurs étrangers. Donc il engage la réforme et aboutit à une libéralisation qui transfèrera la gestion de la filière aux acteurs de la filière.
Cette forme de libéralisation n’est pas celle qui était attendue. Mais elle était un bon pas vers la libération entre les mains des multinationales américaines, anglaises et françaises (Cargill, ADM, Armajaro, etc.) au cas où un homme à tout faire du FMI et de la Banque Mondiale prendrait le pouvoir. Parce qu’à terme, il faudrait atteindre cet objectif.
Nous sommes en 2012. Depuis le 26 juin de l’année, la Côte d’Ivoire a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Mais dans quel contexte et avec quelles ambitions ?
Pour ce qui est du contexte, Alassane Ouattara, celui qui a mis en œuvre pour le compte d’Houphouët-Boigny, la Phase N°1 de la stratégie de contrôle des secteurs clés de l’Economie des pays non occidentaux, cette phase baptisée PAS (Programme d’Ajustement Structurel), est en Côte d’Ivoire et règne en maître des lieux incontestable.
Dès la conquête de la Côte d’Ivoire, Alassne Ouattara a enclenché un processus vertigineux de ré-endettement du pays. Il a aussitôt vendu tout ce qui appartenait à l’Etat et est en passe de boucler ses dernières ventes avec la privation des banques comme la BNI, la BFA, la BHCI, Versus Bank.
Plus révélateur que de raison, son avènement en Côte d’Ivoire a ouvert la voie à un repeuplement agricole systématique de l’Ouest ivoirien par des Burkinabè. A terme, nous vous le disons chaque jour, ces terres villageoises occupées avec les armes ainsi que les forêts classées contrôlées par les mêmes milices burkinabè pour y cultiver le café et le cacao, seront vendues aux multinationales américaines et françaises afin que les ouvriers burkinabè et les autochtones de l’ouest deviennent des salariés.
Sur ce point, les ambitions de l’initiative PPTE sont claires et doivent l’être pour chacun d’entre nous.
Ce programme n’enrichira personne. Il ne permettra pas à la Côte d’Ivoire de prendre une moindre ascension économique. Non. Ce programme vient parachever la nocivité économique du PAS pour les Etats qui ont commis l’erreur d’y entrer.
L’initiative PPTE ne fera entrer aucune somme d’argent liquide dans les caisses de l’Etat ivoirien. Le ré-endettement massif a porté la dette ivoirienne à son niveau initial. Les remboursements effectués par le Président GBAGBO ont été renouvelés systématiquement par de nouveaux emprunts sur papier. L’argent entre et ressort aussitôt. Ce n’est qu’un jeu d’écriture.
Mais la plus grosse menace dans tout ça, c’est que l’Etat perdra totalement ou presque, ses avoirs sur le café et le cacao avec la privatisation qui sera réalisée après la modification de la loi de 1998 sur le foncier rural pour permettre aux personnes physiques non ivoiriennes et aux entreprises privées de devenir propriétaires sur le domaine foncier rural. Une telle modification de la loi ouvrira la voie à l’achat de toutes les terres de l’Ouest ivoirien par les multinationales étrangères, d’abord en acquérant les terres occupées illégalement par les Burkinabè, ensuite en contraignant les allochtones baoulé et les autochtones Wè à leur vendre le reste des terres et les vieux vergers.
Une fois le caco sorti du girond de l’Etat, les droits et taxes d’exportation perçus sur le café et le cacao réduits à des portions congrues, les banques nationales privatisées pour respecter les engagements pris ou imposés avec l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, que restera-t-il encore de la Côte d’Ivoire ? Que restera-t-il de ce pays puisque l’eau, l’électricité, les grands hôtels, les autoroutes et ponts à péage, les richesses du sous-sol, ont déjà été cédés pour l’essentiel à 1 franc symbolique par Ouattara Alassane aux grands groupes français et américains ?
Si vous avez enfin compris, c’est que vous avez compris pourquoi le combat que la Révolution Permanente mène avec vous est un combat pour la survie du peuple de Côte d’Ivoire. Et l’histoire ne nous pardonnera pas d’avoir échoué.
Que Dieu sauve la Côte d’Ivoire des griffes acérées du diable !
A Très bientôt.
Hassane Magued